À l’occasion du 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, l’Université de Lorraine vous propose de découvrir deux portraits par jour pendant 8 jours de celles qui travaillent au quotidien pour la recherche. Zoom sur Marie-Camille Caumon, ingénieure de recherche au laboratoire GeoRessources.
Quel a été votre parcours ?
Marie-Camille Caumon : "Depuis que je suis lycéenne, je suis attirée par la chimie. Faire des expériences, comprendre la nature de la matière, comprendre le fonctionnement des choses, c’est ce qui m’a toujours intéressée. Je me suis donc naturellement orientée vers des études de sciences et c’est en faisant un stage dans l’industrie que j’ai compris ce qui me motivait vraiment. Je ne pouvais pas me contenter d’expérimenter le fonctionnement par des tests ; j’avais besoin d’aller au fond des choses. Et je savais que ce seraient les métiers de la recherche qui seuls, me donneraient des réponses. J’ai donc réalisé une thèse dans un laboratoire de Chimie Physique et Microbiologie pour les Matériaux et l’Environnement, pour étudier le comportement d’un minéral en fonction du milieu dans lequel il se trouve. Devenue Docteure, j’ai intégré le laboratoire de recherche GeoRessources en tant qu’ingénieure de recherche. Depuis 2010, j’y développe des méthodes d’analyses chimiques en spectroscopie pour la géologie."
Sur quelle thématique travaillez-vous et quelles en sont les applications ?
Marie-Camille Caumon : "La chimie permet de travailler sur des thématiques très différentes et au laboratoire GeoRessources, les applications en géologie sont très nombreuses. Par exemple je collabore avec mes collègues géologues pour analyser la composition chimique des petites poches de liquide et de gaz piégées dans les minéraux. C’est pour moi toujours magique d’obtenir des résultats qui aident à comprendre l’histoire de la formation de la planète Terre, l’histoire géologique de la roche et de son environnement. Pour cela j’ai pris la responsabilité d’une plateforme d’analyse, précisément de la spectroscopie Raman, une méthode qui permet d’analyser la matière avec un laser.
Nous travaillons aussi beaucoup sur la question de la transition énergétique et notamment sur le stockage géologique de CO2 et, grâce à la technique que je maîtrise, il est possible de prévoir comment le gaz va se comporter dans le sous-sol."
Pourriez-vous partager avec nous ce qui vous a poussée à faire ce métier ?
Marie-Camille Caumon : "J’exerce ce métier pour comprendre les phénomènes que j’observe. Le travail en laboratoire en chimie correspond bien à mes attentes : c’est très manuel tout en nécessitant beaucoup de réflexion avant de faire une expérience. C’est un métier qui demande de travailler sur un temps long car on peut étudier un même sujet pendant plusieurs dizaines d’années. Et puis surtout c’est un travail d’équipe : je collabore avec des chercheurs de l’Université de Lorraine, mais aussi avec des scientifiques du monde entier. Ces échanges m’ont permis de beaucoup voyager et j’ai même pu partir quelques mois travailler aux Etats-Unis, en famille, en emmenant nos deux filles. C’était une expérience très enrichissante !
Etre chercheuse en chimie au service de la géologie demande de la concentration, de l’imagination, de l’habileté manuelle, de la curiosité, des capacités de synthèse et d’argumentation : des qualités qui sont partagées par les hommes et les femmes. Enfin c’est un métier qui permet de comprendre le monde et qui me donne le sentiment d’être utile. J’encourage donc toutes les jeunes filles à s’engager dans cette voie !"