[8 mars] Portrait d'Elodie Tailleur, chercheuse au laboratoire CRM2

 
Publié le 3/03/2022 - Mis à jour le 19/04/2023
Elodie Tailleur

À l’occasion du 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, l’Université de Lorraine vous propose de découvrir deux portraits par jour pendant 8 jours de celles qui travaillent au quotidien pour la recherche. Zoom sur Elodie Tailleur, maître de conférences au laboratoire CRM2 et enseignante à la Faculté des Sciences et Technologies (FST).

Quel a été votre parcours ?

Elodie Tailleur : "Après une classe préparatoire en Physique-Chimie, j’ai poursuivi par une école d’ingénieur en Chimie-Physique à Bordeaux, l’ENSCBP, avec comme spécialité la conception et la sélection des matériaux. Au cours de ma 2ème année, j’ai travaillé sur un projet portant sur les matériaux à transition de spin étudiés notamment pour leurs propriétés magnétiques commutables. Ces matériaux m’ont fasciné et ce projet a révélé mon goût pour la recherche plutôt que pour le métier d’ingénieur. C’est pourquoi, en parallèle de ma dernière année d’école, j’ai suivi un M2 recherche en Chimie et Physico-Chimie des matériaux à l’Université de Bordeaux. Avec ce master, j’ai eu l’occasion de faire un stage de recherche de 6 mois à l’Université de Montréal durant lequel j’ai étudié les propriétés de luminescence de matériaux à base de Platine, Palladium et Nickel.

Alors certaine de vouloir continuer dans la recherche, je suis revenue à Bordeaux pour réaliser mon doctorat en Physico-Chimie de la matière condensée à l’ICMCB. Cela a été pour moi l’occasion de revenir aux matériaux à transition de spin. Durant ces trois années je me suis appliquée à étudier par diffraction des rayons X, les propriétés structurales de ces matériaux, c’est-à-dire l’arrangement des atomes des uns par rapport aux autres, afin de comprendre l’origine de leurs propriétés physiques. Après avoir soutenu ma thèse en 2018, j’ai effectué un postdoctorat à l’Université Paris-Saclay, au LLB, où j’ai commencé à étudier les matériaux multiferroïques. Ces matériaux combinent plusieurs propriétés ferroïques comme le (anti)ferromagnétisme et la (anti)ferroélectricité. Toujours poussée par cette envie d’élucider l’origine de ces propriétés, j’ai caractérisé, par diffraction des neutrons cette fois-ci, la structure magnétique de ces matériaux, c’est-à-dire l’arrangement des spins, ces petites boussoles portées par certains atomes.

Enfin, en 2020, un poste de Maître de Conférences à l’UL dont le profil recherche était en accord avec le projet de recherche que je souhaitais développer a été ouvert au concours. J’ai finalement eu la chance d’être recrutée en septembre 2020. Ce poste est pour moi la concrétisation de mon projet professionnel avec une partie de mon temps dédiée à la recherche ayant pour objectif de repousser les limites du savoir et une autre partie dédiée à l’enseignement où le but est de transmettre ce savoir."

Sur quelle thématique travaillez-vous et quelles en sont les applications ?

Elodie Tailleur : "Je suis rattachée au laboratoire CRM² et ma recherche porte sur l’étude des matériaux multiferroïques. Ces matériaux sont particulièrement intéressants pour la conception d’une toute nouvelle génération de dispositifs de stockage de l’information pouvant aider à réduire la pollution due au numérique. En fonction du couplage ou non des propriétés (anti)ferromagnétiques et (anti)ferroélectriques, deux dispositifs différents pourraient être élaborés. Si les propriétés sont indépendantes l’une de l’autre, l’information serait stockée, non plus de manière binaire comme dans les disques durs actuels, mais sous forme quaternaire, augmentant ainsi considérablement la densité de stockage. Dans le cas où les propriétés sont couplées, c’est-à-dire lorsque l’une induit l’autre, il serait possible de concevoir des disques durs beaucoup plus rapides et beaucoup moins énergivores. L’existence (ou non) d’un tel couplage ainsi que les mécanismes impliqués sont étroitement liés à l’arrangement des atomes et des spins magnétiques, à l’échelle nanométrique. Pour déterminer et appréhender ces arrangements, j’utilise la diffraction des rayons X et des neutrons, dans des conditions standards mais aussi dans des conditions non routinières. Plus particulièrement, je développe la diffraction des rayons X sous champ électrique. "

Pourriez-vous partager avec nous ce qui vous a poussée à faire ce métier ?

Elodie Tailleur : "Pour autant que je me souvienne, j’ai toujours été attirée par les sciences. Encore maintenant, je suis souvent émerveillée par des phénomènes, naturels ou non, que l’on rencontre dans la vie de tous les jours. D’un autre côté, j’ai toujours aimé enseigner.  Au départ je voulais même devenir professeur des écoles. Finalement, le métier d’enseignant-chercheur me permet de combiner ces deux aspects. Pour arriver à faire ce métier, il faut bien évidemment beaucoup de travail, et surtout garder l’esprit ouvert. Le chemin que l’on suit est loin d’être tout tracé et il faut savoir changer de direction, faire des compromis. Les personnes que l’on croise sur notre route nous influencent et nous amènent parfois à faire des choses différentes de celles prévues initialement. Mais le plus important dans tout ça reste de faire ce que l’on aime. "