[3 questions à] Martine Waniowski, pour le spectacle Hors piste

 
Publié le 15/02/2022 - Mis à jour le 4/05/2023

Spectacle forum créé en 1999 en partenariat avec le service en amont du CMSEA de Metz, Hors piste est un spectacle de prévention sur le thème des addictions en direction de la jeunesse. Il sera joué le vendredi 4 mars à l’IUT de Sarreguemines et le jeudi 31 mars à l’IUT de Thionville Yutz, dans le cadre du mois de la Santé et en lien également avec l’exposition Drogues, d’Escales des sciences, également proposée dans chacun des lieux.

Martine Waniowski est comédienne dans ce spectacle qui s’inscrit dans le travail qu’elle mène en tant que directrice artistique de la compagnie messine de théâtre Les Bestioles. Ancienne étudiante en Arts du spectacle de l’université de Metz, elle nous raconte sa trajectoire et ce spectacle.

 

Comment est né ce spectacle ?

Ce spectacle est une commande du service en amont du Comité Mosellan de Sauvegarde de l'Enfance, de l'Adolescence et des Adultes (CMSEA)*. Une forme préexistait et, avec la création de la compagnie des Bestioles en 1998, nous avons pu reprendre ce spectacle, que nous jouons toujours. Il nous a permis de nous professionnaliser. Ce fut un outil extrêmement formateur pour nous, jeune compagnie de théâtre, dont les membres étaient essentiellement issus de la filière Arts du spectacle (ADS) de Metz.

J’ai une maitrise en ADS (équivalent M1) et ai suivi la formation de l’école Jacques Lecoq à Paris. Ce spectacle m’a permis de découvrir une autre manière de faire du théâtre, avec le public véritablement au cœur du dispositif. Il a influé sur les productions de la compagnie que nous avons pu produire depuis.

 

Que vit le public alors ?

Le spectacle est basé sur les réflexions d’Augusto Boal et du théâtre de l’opprimé.

Il s’agit d’un théâtre forum : à partir d’une question (la prise de drogue en l’occurrence, la troupe interprète une scène. Puis le public, interrogé par le « Joker », est invité à réfléchir sur comment affronter les conflits joués. Devenu spectActeur, entrant en scène, se confrontant avec les autres personnages, il met en action ses idées, ses alternatives, sa volonté de changer la situation. Il s’agit d’affronter et de construire ensemble, acteurs et public, des alternatives possibles aux situations  mises en scène.

Il y a donc deux temps, du théâtre « classique » (avec jeu, lumière, musique, … environ 35 minutes) pendant lequel la problématique est exposée. Puis la séquence est rejouée et le spectateur est invité à réagir et à exposer ses points de vue. Le spectacle prend une forme caricaturale pour faire réagir le public tout en jouant sur l’identification. Pendant la discussion, il n’y a pas de jugement. Tout est fait pour faire prendre conscience de la réalité et s’affranchir du contexte des émotions. 

Toutes les informations sont vérifiées scientifiquement et amenées par le « Joker » médiateur.

 

Plus de vingt après, comment a évolué le spectacle ?

Il a déjà évolué car il y a régulièrement des mises à niveau de l’actualité et de la culture jeune. Le téléphone était avec fil et fixe à l’époque, il est devenu « portable ». Les stars référentes ont également changé, d’une culture plutôt rock, nous sommes passés au rap, qui est le genre le plus écouté à l’heure actuelle.

Mais les grandes thématiques n’ont pas changé. Il est toutefois à noter qu’initialement prévu pour le public lycéen et jeune majeur, il est maintenant de plus en plus souvent joué dès la quatrième. Il est nécessaire d’avertir bien plus tôt la jeunesse des problèmes liés à l’addiction. Il est question de santé mais aussi de relations sociales, d’exclusion (d’un groupe, de la famille, …).

C’est un vrai spectacle citoyen fait pour créer des citoyens, des personnes informées capable d’argumentation, d’avoir un avis et d’être responsable de ses actes dans la vie collective.

Il existe plusieurs formes de théâtre forum avec des thématiques comme la drogue, l’alcool, la sexualité (et le SIDA et autres maladies et infections sexuellement transmissibles), la violence à l’école et le dernier en date, la parentalité.

Il faudrait recompter mais nous en sommes à plus de mille représentations dans des lycées, collèges, MJC, … Signe des temps, ces spectacles intéressent de plus en plus le réseau de diffusion des théâtres et salles de spectacles, la relation au public étant une des problématiques contemporaines.

Pendant longtemps, nous avons été programmés par le service santé social de l’université au Théâtre du Saulcy pour les étudiants du Saulcy.

La distribution a également beaucoup bougé ou en tout cas fait appel à de nombreu.ses comédien.nes de la région, chacun ayant de multiples activités. Pour les représentations à Sarreguemines et Thionville, il devrait y avoir 3 anciens étudiants de l’université.

 

Plus d’informations sur le site de la compagnie Les Bestioles. 

 

*Créé en 1950, le Comité Mosellan de Sauvegarde de l'Enfance, de l'Adolescence et des Adultes (CMSEA) est une association sans but lucratif, indépendante de toutes structures confessionnelles ou idéologiques. Reconnu d'utilité publique depuis 1996, le CMSEA s'appuie sur son expérience pour proposer et expérimenter des formes innovantes de prises en charge. Son but est de sauvegarder et promouvoir les possibilités d'accès à l'autonomie, à la dignité et à la solidarité pour les personnes en situation de vulnérabilité.