Un laboratoire de l'Université de Lorraine apporte des solutions aux éleveurs antillais touchés par la crise chlordécone

 
Publié le 18/12/2021 - Mis à jour le 7/01/2022

Dans le cadre du Plan National d'Action Chlordécone IV, l'équipe Micropolluants et Résidus dans la Chaîne Alimentaire (UR-AFPA) développe une stratégie opérationnelle dédiée à l'élevage antillais avec le soutien de la Direction Générale de l’Alimentation. En effet suite à l'utilisation de la chlordécone (pesticide organochloré) pour lutter contre le charançon du bananier entre 1972 et 1993 une part importante des sols antillais sont contaminés à des niveaux ne permettant pas de produire des aliments sains pour le consommateur. L'enjeu est néanmoins de maintenir l'élevage local qui contribue à la fourniture de services écosystémiques comme l'entretien du paysage, le maintien de surfaces en herbe protectrices de zones de captage, la conservation d'une diversité génétique originale (races créoles) et d'un patrimoine culturel (courses de char à boeufs)...

Afin de protéger le consommateur une limite maximale de résidus de chlordécone a été établie par l'état qui permet de contrôler la conformité des carcasses à l'abattoir. Les éleveurs sont démunis pour s'assurer que leurs animaux respectent bien cette norme, puisque cette dernière ne peut pas être vérifiée du vivant de l'animal. C'est pour résoudre cette difficulté que l'UR-AFPA s'est engagée et a développé un outil prédictif basé sur une modélisation de type PBPK (Physiologically Based Pharmacokinetic Model). Ce modèle développé au laboratoire suite au projet ANR INSSICCA permet à partir d'une simple prise de sang d'évaluer la quantité de chlordécone présente dans l'animal et la concentration dans les tissus comestibles. Il donne aussi le temps nécessaire pour que l'animal une fois retiré de la zone contaminée, puisse excréter la molécule jusqu'à devenir conforme à la consommation. C'est pour valider in situ cet outil qu'une collaboration multi-partenariale a été engagée sur les deux îles. Débutée mai 2021, en Martinique, en partenariat avec la Direction de l'Alimentation de l'Agriculture et de la Forêt (DAAF) de Martinique et le Groupement de Défense Sanitaire de Martinique (GDSM) elle a été élargie à la Guadeloupe en juillet 2021, en collaboration avec la DAAF de Guadeloupe et Sanigwa (équivalent du GDS). Elle doit se terminer à l'été 2022 avec l'objectif d'inclure cent animaux.

Plus d'une trentaine d'éleveurs participe à cette expérimentation de terrain, avec à l'heure actuelle une soixantaine d'animaux engagés et des résultats qui répondent aux attentes de la profession et de l'administration. Cette réalisation montre le savoir-faire de l'équipe de recherche emmenée par Agnès Fournier, Cyril Feidt et Guido Rychen, mêlant excellence scientifique et implication sociétale.

Présentation du projet sur la page Facebook de la préfecture de Martinique :

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Présentation du projet sur la page Facebook de la préfecture de Guadeloupe :

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