Le 6 février 2020, nous avons été accueillis par Enedis, à Villers-lès-Nancy, pour un Brunch consacré aux enjeux de maintenance et de sécurité pour les réseaux de fluides. La table ronde, animée par Anne-Gaëlle Figureau, du pôle de compétitivité Hydreos, rassemblait Alexandre Fresse, responsable des trois bureaux d’exploitation des réseaux rattachés à la direction régionale lorraine d’Enedis, Éric Levrat, professeur au département d’ingénierie des systèmes éco-techniques du Centre de recherche en automatique de Nancy (CRAN), et Guillaume Roger, chargé d’affaires et business manager chez SBS Interactive.
Dans un premier temps, chacun s’est appliqué à illustrer de quels enjeux il était question, et en quoi les réseaux de fluides constituent, de ce point de vue, un terrain d’analyse intéressant. Eric Levrat a rappelé qu’un tel réseau, constitué d’un ensemble de composants, est initialement conçu pour acheminer un fluide – eau, électricité, gaz, données numériques, chaleur… – d’un site principal vers des utilisateurs. Ces réseaux peuvent être aériens (antennes relai, pylônes électriques, pipe-line...) ou enterrés. Dans tous les cas, les principales questions soulevées sont celles de l’accès, notamment pour les conduites souterraines, de la sécurité et de l’optimisation des trajectoires possibles. En effet, pour ce dernier point, tous les réseaux offrent à chaque instant une série de parcours possibles pour aller d’un point A à un point B, et tout l’art du gestionnaire de réseau est de trouver le trajet le plus efficient.
En termes de sécurité, on pense naturellement aux fuites, aux défaillances. Mais, même si c’est un petit peu moins intuitif, il faut également envisager la question sous l’angle de la malveillance. Et, là aussi, d’un réseau à un autre, les problématiques peuvent varier. Le vol peut naturellement être un aspect de la question, mais, notamment pour les réseaux d’eau, il s’avère également que certains peuvent être tentés de rejeter des eaux usées dans les canalisations...
Illustration de ces enjeux, Alexandre Fresse a rappelé que le réseau d’ENEDIS, s’étend sur 40 000 kilomètres. Un réseau d’une telle longueur pose naturellement des difficultés dès lors qu’un aléa se produit. La surveillance visuelle, pour le seul réseau aérien, nécessite de mobiliser d’importants moyens – l’ensemble du réseau est périodiquement contrôlé à l’aide d’hélicoptères qui parcourent l’ensemble du réseau. Et la complexité est encore accrue depuis que le réseau, qui longtemps n’avait vocation à fonctionner que dans un sens – d’ENEDIS vers les consommateurs – est appelé à récupérer de l’énergie produite par les clients. Dans ce contexte, du point de vue de l’exploitant, le compteur Linky est un outil précieux qui permet de piloter de façon beaucoup plus fine le réseau.
Guillaume Roger, pour sa part, insiste sur le fait que les nouvelles technologies permettent notamment de visualiser les données. En construisant un « jumeau numérique » d’une installation, il est possible de faciliter son suivi, sa surveillance, la maintenance des installations, mais également de former et d’accompagner les équipes lors de leurs interventions. Alexandre Fresse le confirme, en évoquant les expérimentations en cours chez ENEDIS, comme la possibilité de découvrir ce qu’est un transformateur de haute en basse tension en réalité virtuelle.
Naturellement, l’instrumentation des réseaux soulève également diverses questions, d’abord sur la fiabilité des mesures, mais également sur l’exploitation des données recueillies. Que peut-on faire en traitant ces données ? Qu’est-ce que cela permet de déterminer ? Comment améliorer le positionnement des capteurs, en fonction de ce que l’on souhaite obtenir comme information ? Et, au final, quelle sera la perception des usagers de ces évolutions, avec la préoccupation croissante d’acceptabilité de la technologie ?
Dès la table ronde, puis autour du café gourmand, les échanges se sont poursuivis, permettant à chacun d’apporter son expérience, sa vision, ses idées.