À l'heure de la promotion de l'activité physique et sportive comme élément déterminant de la santé et du bien-être, à l'échelle nationale, la Région Grand Est développe divers projets autour du sport et de la performance. Quoi de plus logique, pour mener à bien ces projets, que de se tourner alors vers des professionnels de la recherche dans les domaines du sport et de la performance ? À Nancy, un laboratoire de recherche, aussi appelé LabSport, a été coconstruit par l'Université de Lorraine, le CREPS, la Région et le Comité Olympique Départemental de Meurthe et Moselle. Il a pour vocation d'accompagner les sportifs de haut niveau dans l'amélioration de leurs performances, tout en préservant leur santé. Gérome Gauchard, professeur des universités à la Faculté des Sciences du Sport de Nancy, s'est exprimé sur les recherches scientifiques en ergonomie et performance du sport sur le plateau de Vivre en Grand Est, une émission diffusée sur viàMirabelle le 9 novembre 2019.
Vivre en Grand Est est une émission coproduite par les diverses chaines locales et régionales de la région Grand Est.
L'édition du 9 novembre dernier était dédiée à l'innovation et le sport ou "comment sciences et technologies peuvent améliorer la performance des sportifs ?".
À cette occasion, Jean-Paul Omeyer, Vice-Président de la Région Grand Est, délégué au Sport et vice-président de l’Agence Nationale du Sport (ANS) et Gérome Gauchard, Professeur des Universités à la Faculté des Sciences du Sport de Nancy, en biomécanique, c'est à dire, l'étude du sport en mouvement, sont intervenus pour faire valoir les projets de la Région, les activités et les recherches effectuées en STAPS et dans le Grand Est.
La région étant très vivante en termes de sport et de recherche, la mission régionale relative au sport et à l’accompagnement des sportifs dans leurs performances est l’une des plus développées actuellement.
En comparant avec d'autres pays, le constat semble clair : en s'appuyant sur la recherche et l'innovation, les sportifs parviennent à améliorer leurs performances et à gagner plus de médailles lors des rencontres internationales.
Un laboratoire dédié à l’accompagnement de la performance et des sportifs
Gérome Gauchard présente le Laboratoire CARE (LabSport), Centre d'Accompagnement, de Ressources et d'Expertise, co-construit par l'UL, le CREPS de Nancy, la Région et le Comité Olympique Départemental, qui a pour vocation d'accompagner les sportifs de haut niveau dans l'amélioration de leurs performances, tout en préservant la santé. L’accompagnement scientifique se concentre à la fois sur la méthodologie et sur la technologie.
Il précise qu'en tant que chercheur, il est important de faire partie intégrante du staff pour évaluer et optimiser les performances et les signatures techniques mais aussi pour prévenir les risques musculo- squelettiques qui existent lors de la pratique sportive.
Nouvelle aventure et nouvelle conception du sport, quel geste est le plus économique et le plus rentable pour la performance ?
Le club d'aviron de Nancy s’est, par exemple, récemment équipé de nouvelles technologies pour obtenir un retour objectif chiffré qui permet d'ajuster l'effort en temps réel et d'individualiser les performances.
En effet, si certaines choses sont visibles à l'œil nu, d’autres, aussi avisé soit l'œil de l'entraineur, requièrent plus de précision. Ainsi, les données, obtenues grâce aux technologies mises en place, offrent un accompagnement essentiel pour les rameurs qui visent les Jeux Olympiques.
La collaboration entre le laboratoire scientifique, la Faculté des Sciences du Sport de Nancy et le pôle d’aviron de Nancy s’est renforcée depuis 2015, suite à l'intégration d'un étudiant de master ingénierie, au sein du centre. Ce dernier a notamment créé une barre de pieds individualisée présente sur les bateaux. Cette innovation permettant de chiffrer les données et les performances en temps réel était présente aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 et les échanges entre la recherche et la performance sportive se sont renforcés depuis.
Tous les pôles du CREPS de Nancy, comme les pôles de Kayak, Boxe et Marche Athlétique, sont aujourd’hui investis et concernés par la mise au point de nouveaux matériaux et d’outils d'évaluation biomécanique.
Un lien de cause à effet entre la recherche scientifique et les résultats des sportifs
Au niveau national, la création d'une base de données pour analyser comment atteindre les performances est en cours.
Elle permet par exemple de comprendre et analyser les succès à répétition d’une équipe comme l'équipe de France masculine de handball qui a tout gagné pendant des années. En d’autres termes on étudie les conditions qui ont été mises en place pour réussir et si ces dispositions sont transposables dans d’autres disciplines sportives.
L’ANS, créée au printemps 2019, se projette ainsi dans l'avenir avec tous les acteurs du sport, pour assurer la performance certes, mais aussi l'aspect « sport-santé » puisque ces études auront des retombées au-delà du sport de haut niveau.
Pour ce faire, 90 millions d’euros sont mis à disposition de la très haute performance et du projet relatif au développement du sport sur tous les territoires et pour tous les citoyens.
Comment se crée la synergie entre acteurs de la recherche, du sport et de l’économie ?
Ces projets exigent une certaine synergie entre différents acteurs de la recherche, du sport et de l’économie. La région Grand Est soutient, de ce fait, des start-ups innovantes dans le domaine de la performance sportive et des nouvelles technologies.
Gérôme Gauchard explique qu’il existe une réelle dynamique des start-ups qui savent faire preuve de réactivité et permettent la transférabilité des données scientifiques vers le terrain. Ainsi ces entreprises développent des outils relatifs à l’intelligence artificielle, au traitement du signal et à la réalité virtuelle notamment.
Les autres projets régionaux et nationaux
Le développement du sport amateur est sans nul doute un volet fondamental pour la région et des projets sont mis en place pour valoriser les territoires par le biais du sport.
Le handisport ou sport adapté est également au cœur des préoccupations de l’ANS et les spécificités que comportent les études scientifiques en ergonomie permettent de mieux appréhender les particularités matérielles et liées à la performance qui caractérisent la pratique du sport en situation de handicap.
Ainsi les études portent notamment sur l’adaptabilité du matériel des sportifs handisports et sur l’amélioration de leurs performances.
Du côté de la région, Jean-Paul Omeyer évoque l’aide apportée à ces sportifs notamment sur l’acquisition du matériel, particulièrement pointu et couteux.
L’objectif de l’ANS, dans le cadre des conférences régionales du sport, est de doter chaque région d’un correspondant handisport afin que chaque projet entrepris puisse être adapté aux sportifs valides et en situation de handicap.
Enfin, concernant les athlètes de haut niveau qui pourraient manquer de moyens financiers pour pratiquer leur sport et se préparer au mieux aux grands évènements à venir, l’ANS a, d’ores et déjà annoncé, qu’elle prendrait en charge les athlètes « médaillables » en 2024 et la région Grand Est développe actuellement des dispositifs pour accompagner les sportifs de haut niveau dans leurs projets de vie, qu’ils soient sportifs ou professionnels.
Avec de tels projets scientifiques, économiques et sportifs, la Région Grand Est a un bel avenir sportif devant elle.