Héloïse Prévost, témoin du mouvement agro-écologique au Brésil [SCIENCES EN LUMIÈRE]

 
Publié le 28/11/2018 - Mis à jour le 10/05/2023

Doctorante en sociologie à l’Université de Toulouse, Héloïse Prévost est coproductrice et coréalisatrice de Femmes rurales en mouvement, avec le MMTRNE, un mouvement de femmes rurales brésiliennes. Elle remportait en juin 2018, le Coup de cœur jury citoyen de la Métropole du Grand Nancy à l'occasion de l'édition 2018 du festival Sciences en Lumière. Nous avons eu la chance de discuter de son travail quelques minutes après l'annonce du palmarès...

Qu’avez-vous exploré dans votre film ?

Héloïse Prévost  : C’est un film participatif, on l’a co-construit, co-pensé avec trente femmes rurales. Notre objectif était de montrer le quotidien, le travail productif, reproductif que font les femmes rurales, en lien avec l’agroécologie, mais aussi la lutte et les résistances politiques qu’elles portent au sein du féminisme et autour d’un modèle social qui articule agroécologie et féminisme. Au Brésil ça vient vraiment en rupture avec le modèle au pouvoir, celui de l’agro-business, qui est aussi en lien avec le coup d’état. Elles inscrivent donc leur résistance contre ce modèle et parfois au prix de leur vie, c’est un modèle social qui garantit leur survie dans la société.

Quelles étaient vos attentes sur votre participation à ce festival ?

HP : C’est vraiment de  visibiliser, dans des espaces de valorisation de la recherche, un travail participatif ; et de visibiliser des résistances et des émancipations dans la mesure où, pour moi, et c’est aussi ce que défendent certains sociologues, les sciences sociales ont un rôle dans la documentation des alternatives et des émancipations. Il s’agit de montrer qu’il existe des alternatives possibles et qu’on peut les démultiplier. C’est en ça que les sciences sociales ont un rôle fondamental dans l’émancipation. C’était mon but en venant ici de visibiliser ça et de continuer à documenter ce type de résistances. 

Et vos impressions sur l’édition de ce festival en général ?

HP : C’est la première fois que je suis dans un espace comme celui, c’est assez nouveau, et c’est aussi la première fois que je suis face à un public qui n’est pas celui des sciences humaines, ça me fait découvrir un champ vraiment différent de ce que je connais. Ça m’a intéressée de voir comment, dans des sciences dites dures, on construit et valorise la recherche.  Mais je pense qu’il y a aussi un enjeu : que les sciences humaines arrivent à investir ces espaces-là. Elles sont souvent dénigrées, on les menace aussi avec les projets de loi et les critères de financement. Donc je trouve ça  assez fondamental que les sciences humaines aient aussi une place dans des espaces comme celui-ci.

Mention particulière (coup de cœur jury citoyen de la Métropole du Grand Nancy)

Pour le film « Femmes rurales en mouvement  », réalisé par Héloïse Prévost et Véronica Santana, d’après une recherche d’Héloïse Prévost, laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires (Université Jean Jaurès, CNRS, EHESS, Ecole nationale supérieure de formation de l’enseignement agricole).