ECONICK, l’extraction de métaux des sols par les plantes : du laboratoire à l’application industrielle

 
Publié le 18/10/2016 - Mis à jour le 10/11/2016

Depuis les années 1990, le Laboratoire sols et environnement (LSE, une UMR INRA/UL) développe une expertise autour des plantes hyperaccumulatrices. « Ces plantes extraient les métaux contenus dans le sol et les stockent dans leurs tiges ou dans leurs feuilles » explique Marie-Odile Simonnot. Professeure au Laboratoire réactions et génie des procédés (LRGP, une UMR CNRS/UL) et à l'école européenne d'ingénieurs en génie des matériaux (EEIGM) elle s’est demandée ce qu’il était possible de faire de la biomasse (tiges, feuilles). C’est au sein du Groupement d'intérêt scientifique sur les friches industrielles  (GISFI) que la collaboration a pu débuter en 2005 : « le GISFI regroupe une dizaine de laboratoires et permet de surmonter le cloisonnement disciplinaire » souligne Marie-Odile Simonnot.

La naissance de la startup ECONICK le 23 août 2016 est une étape décisive dans la démarche de valorisation des métaux extraits par des plantes hyperaccumulatrices.

Changer d’échelle

Le montage d’un tel projet est complexe, « il y a un changement d’échelle important entre le traitement de quelques grammes en laboratoire et celui de plusieurs tonnes en entreprise » témoigne Marie-Odile Simonnot.

Jusqu’en 2010, une thèse en co-tutelle avec le Centre eau, terre et environnement de Québec a permis d’explorer la possibilité de récupérer le nickel contenu dans la biomasse des plantes et de breveter un procédé. Une première étude de marché a fait état d’un intérêt économique. C’est ainsi que les chercheurs se sont engagés dans l’aventure de la création d’entreprise à partir de 2012, avec l’accompagnement de l’Incubateur Lorrain.

« Si nous ne le faisions pas, personne d’autre que nous ne pourrait le faire »

Primé à plusieurs reprises (i-LAB, Inovana), le projet s’est appuyé sur deux post-doctorats afin de monter un pilote et d’élaborer le business plan. Au fil des années les partenaires se sont multipliés (Ministère, BPI France, ICEEL, Institut Carnot, CEA Tech) et une étude de marché approfondie a pu être conduite ainsi qu’une étude des impacts environnementaux, de quoi balayer enfin les doutes qui habitaient les chercheurs jusqu’en 2016.

Ils sont sept inventeurs, tous issus du monde académique. Chacun a payé de son argent, de son temps et de sa personne pour que le projet voie le jour. « C’est enthousiasmant de créer quelque chose qui n’existe pas » souligne Marie-Odile Simonnot, « nous avons tous envie de voir nos recherches aboutir. Si nous ne le faisions pas, personne d’autre que nous pourrait le faire ». L’enjeu : tordre le cou aux idées reçues - « les chercheurs qui trouvent, on en … trouve » - et faire sa part dans la reconversion économique d’une région en quête d’innovation.

Plus de détails sur l’agromine

Sur The Conversation France :

L’agromine ou comment produire du métal à partir des plantes

Certaines plantes peuvent extraire les métaux du sol de manière beaucoup moins perturbatrice pour l’environnement que les procédés miniers classiques.

Présentation de Marie-Odile Simonnot en juillet 2014 :

Phytomine du nickel

Sur le site web de l'INRA Nancy-Lorraine :

Les plantes : des « micro-mines » pour l’extraction des métaux