Bernard Marty obtient un nouveau financement de l’European Research Council

 
Publié le 12/05/2016
Portrait de Bernard Marty.

Alors que le projet NOGAT de l'European Research Council (ERC)  touche à sa fin, Bernard Marty, professeur à l'Ecole Nationale Supérieure de Géologie et chercheur au Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques (UMR Université de Lorraine et CNRS) est de nouveau distingué par l'ERC, en ayant obtenu un nouvel Advanced Grant. A la clé, des moyens pour explorer les origines de notre atmosphère et la formation du système solaire.

L’ERC représente 17% du financement de la recherche en Europe. Ce dispositif présente la particularité de s’attacher exclusivement à l’excellence scientifique, sans privilégier les applications industrielles ou la constitution de réseaux. « Au niveau senior, le CV du candidat est l'un des deux principaux critères pour que le projet soit retenu pour une évaluation approfondie, l'autre étant l'originalité du projet. En effet, l'ERC privilégie les projets qui ne sont pas "main stream" et qui présentent un fort rapport risque/gain, qui ne pourraient être financés par d'autres sources » souligne Bernard Marty. Les financements sont nominatifs, un projet sur dix est retenu en moyenne. Principal Investigator, le récipiendaire s’appuie sur les forces vives de son laboratoire et de ses partenaires pour mener à bien le projet. Le financement permet de recruter des doctorants et post-doctorants, d’acquérir des équipements et de couvrir les différents frais occasionnés par les recherches.

Après cinq ans, le projet précédent NOGAT, également financé par l'ERC, a débouché sur de belles découvertes quant à l’origine des composés volatils de l’écorce terrestre et à l’évolution de l’atmosphère. Une partie des résultats de ce projet a fait l’objet de plusieurs publications dans des journaux à fort impact, dont une récente dans la revue Nature. A partir de l’étude des isotopes du Xénon, les chercheurs ont établi que les gaz contenus dans le manteau terrestre diffèrent de ceux de notre atmosphère. « Le projet NOGAT a été l’occasion de trouver des échantillons de l’atmosphère terrestre datant de plusieurs milliards d’années, telles que de petites bulles d’eau piégées dans la roche » ajoute Bernard Marty, « c’est le chaînon manquant entre l’atmosphère à l’origine du système solaire et notre atmosphère actuelle ». Les chercheurs ont ainsi pu confirmer que les gaz présents dans  l’atmosphère terrestre n’ont pas pour seule origine des astéroïdes, mais sans doute aussi des comètes. La chronologie de ces apports extérieurs est désormais mieux connue.

Pourtant, « certaines variations isotopiques ne s’expliquent pas », constate Bernard Marty. Le nouveau programme financé par l’ERC doit permettre d’explorer une autre hypothèse : l’influence des processus de ionisation par les rayonnements du Soleil jeune et d'étoiles qui étaient proches lorsque le système solaire s'est formé. Ce type d’irradiation provoque des réactions chimiques non conventionnelles et pourrait être à l’origine des variations inexpliquées. « La vérification de ce postulat, qui relève de calculs complexes impliquant la mécanique quantique et des paramètres mal contraints, ne pourra se faire qu'en ayant recours à des expériences ad hoc » explique Bernard Marty. Des manipulations sont déjà en cours au CRPG pour expérimenter l’irradiation par des électrons. L’ionisation photonique nécessite quant à elle un équipement lourd : le synchrotron SOLEIL. Enfin, l’expérimentation à très basses températures doit permettre d’approcher les conditions du système solaire lointain afin de comprendre la formation  du système solaire dans son ensemble.