Les projets Européens, incontournables pour le financement de la recherche

 
Publié le 23/04/2015 - Mis à jour le 17/06/2015
Jacques Pironon.

Cette année, les laboratoires du Pôle de recherches OTELo ont décroché des financements européens pour cinq projets. Nous avons demandé à Jacques Pironon, directeur du laboratoire GeoRessources, de nous expliquer les enjeux de cette stratégie de réponse aux appels à projets européens. Bien que la concurrence sur les appels européens soit moins rude que sur les appels de l’agence nationale pour la recherche (ANR), le financement n’est pas la seule motivation des chercheurs qui décident d’y répondre.

Les appels à projets sont surtout tournés vers des applications industrielles

« Le message que nous adresse le gouvernement français est clair : l’Europe centralisera de plus en plus le financement de la recherche ». Pour Jacques Pironon, « c’est une vraie révolution ». Les dirigeants européens  veulent disposer d’un réseau cohérent pour peser face aux blocs asiatique et nord-américain.

En matière de géosciences, l’Europe est préoccupée par sa dépendance en ressources minérales. D’autant que « faute d’industrie forte, terrain local d’expérimentation, la recherche comme la formation risquent de perdre pied ». C’est pourquoi les appels à projets sont surtout tournés vers des applications industrielles, « c’est compliqué car en France, traditionnellement, la recherche intervient beaucoup plus en amont » souligne Jacques Pironon.

De par leur histoire, les géosciences lorraines sont familières du monde industriel : « elles sont nées pour répondre aux besoins de l’industrie minière ». Pour la Lorraine, un des premiers centres européens en matière de formations aux géosciences (du BTS au doctorat), maintenir un lien fort avec l’industrie malgré la désindustrialisation de la région est une priorité. Dans ce contexte, les projets européens sont « un moyen pour disposer de points de chute pour nos étudiants ». Les collaborations avec l’industrie poussent également à perfectionner outils et méthodes afin de rester compétitifs. Pour Jacques Pironon, « avec les drones, l’imagerie numérique ou encore la miniaturisation des capteurs, nous sommes entrés dans le XXIème siècle : le géologue a bien d’autres outils que le marteau et la boussole ».

Un facteur d’enrichissement culturel et intellectuel 

« Les chercheurs sont à l’initiative des réponses aux appels à projets » insiste Jacques Pironon : « c’est important pour la reconnaissance de leurs travaux mais aussi pour la constitution de leur réseau à l’international ». Les réseaux de recherche européens constitués pour répondre aux appels à projets permettent l’échange de personnels entre laboratoires et l’accès à un vivier de post-doctorants. C’est aussi un facteur d’enrichissement culturel et intellectuel : « les chercheurs travaillent avec des collaborateurs d’autres pays et d’autres disciplines, ils se confrontent à d’autres points de vue autour de la préoccupation commune de la transition énergétique ».

Les projets doivent souvent prendre en considération des dimensions économiques et sociétales qui nécessitent l’intervention de chercheurs issus de disciplines variées. « Le travail accompli à l’Université de Lorraine a permis la collaboration entre des disciplines très différentes, très peu d’universités y parviennent » constate Jacques Pironon qui y voit une des raisons de la réussite du laboratoire dans ses candidatures aux appels européens. Pour l’avenir, le directeur de GeoRessources plaide pour le recrutement et une montée en compétence des personnels administratifs intégrés aux laboratoires : « piloter un ou deux projets européens est une mission plus gratifiante que suivre des dizaines de petits projets ».

Servir de levier pour de futurs projets

S’inscrire dans un projet européen, c’est non seulement accéder à des collaborations au sein de l’Union Européenne, mais aussi s’ouvrir les portes de l’international. « Nous travaillons avec la Russie, la Chine, l’Australie, le Canada, les USA, le Brésil… » égrène Jacques Pironon, « mais aussi de plus en plus avec les pays d’Afrique où l’on intervient en appui au développement scientifique ». En devenant incontournable à l’international, les chercheurs s’assurent de futurs succès dans leurs futures candidatures aux appels européens.