Aider l’Afrique à se doter d’équipements scientifiques en cristallographie

 
Publié le 18/11/2015 - Mis à jour le 14/04/2023

Claude Lecomte, a dirigé le Laboratoire de Cristallographie, Résonance Magnétique et Modélisations CRM2) durant 18 ans. Au fil des ans, il a travaillé avec nombre de brillants étudiants africains. Cette expérience l’a convaincu de sa responsabilité : « si nous formons des gens, il faut leur donner les moyens de travailler chez eux ». Voilà pourquoi Claude Lecomte, désormais professeur émérite, consacre ses efforts bénévoles à l’Initiative Afrique de l’Union internationale de la cristallographie (IUCr) : « plus que de l’aide aux pays en voie de développement, nous aidons les pays qui s’en donnent les moyens à créer leurs propres laboratoires de cristallographie ». Le premier né de ce programme se trouve à Dschang, au Cameroun.

« Avant toute chose, il faut former des enseignants en cristallographie fondamentale » explique Claude Lecomte. En 2012 il a effectué un séjour d’une semaine, consacrée à délivrer des cours à des enseignants-chercheurs et des doctorants venus des quatre coins de l’Afrique (Gabon, Mali, Côte d’Ivoire, Tchad). Une bourse d’études a permis à Patrice Kenfack - l’un des doctorants camerounais - d’effectuer sa thèse en cotutelle avec l’Université de Lorraine. « La cristallographie est une discipline située au carrefour de la physique, de la chimie, de la géologie, des sciences des matériaux et des sciences de la vie » souligne Claude Lecomte : une belle opportunité pour la vie scientifique d’un établissement universitaire.

L’exercice de la cristallographie s’appuie sur des équipements particuliers : des diffractomètres. D’ordinaire trop coûteux pour une université africaine (400 k€), le programme de l’IUCr a permis à l’université de Dschang d’en acquérir un à moindre frais. « La société Brucker nous offre des diffractomètres de seconde main entièrement rénovés » explique Claude Lecomte, avant de préciser « avec eux nous pouvons travailler en toute indépendance ». L’IUCr subvient aux frais de transport de l’appareillage et aux missions des enseignants qui forment les futurs utilisateurs. Pour l’acquisition de fournitures et l’installation du matériel, l’établissement bénéficiaire doit engager une somme identique à celle assumée par l’IUCr (à partir de 10k€).  « C’est beaucoup pour une université africaine, mais peu par rapport au prix d’un diffractomètre » constate Claude Lecomte qui y voit la garantie que l’équipement offert sera réellement utilisé.

Le premier diffractomètre a été livré à Dschang en 2013, juste avant l’année internationale de la cristallographie. Claude Lecomte a effectué un nouveau séjour pour la tenue d’une école - plus pratique - autour de l’utilisation de l’appareil. Enfin, l’université de Dschang a ouvert un poste d’enseignant-chercheur en cristallographie, qui vient d’être confié à Patrice Kenfack. « Les choses se sont bien passées avec le recteur au Cameroun, l’opération est déjà en cours pour l’acquisition d’un second appareil » conclut Claude Lecomte.

La création et l’équipement de ce laboratoire permet de fédérer les chercheurs en sciences structurale de l’Afrique. « L’objectif consiste à créer une association africaine de cristallographie, affiliée à l’IUCr et supportée par l’international council of scientific unions (ICSU) » explique Claude Lecomte. Une des expressions de ce projet sera la tenue du premier congrès panafricain de cristallographie à Dschang en octobre 2016.

Travelling lab à l’université de Ziguinchor au Sénégal en octobre dernier