B4B : le programme interdisciplinaire LUE pour réinventer la bioéconomie

 
Publié le 23/09/2024

Factuel est allé à la rencontre de Kira Weissman, Professeure à l'Université de Lorraine – Chercheuse au sein du laboratoire IMoPA (UL - CNRS) et Stéphane Desobry, Professeur à l'Université de Lorraine – Chercheur au sein du laboratoire LIBio (UL) pour qu’ils nous présentent « B4B » : Biomolecules for the Bioeconomy.

Pouvez-vous nous présenter votre programme et préciser quel grand défi il vise à relever ?

Kira Weissman / Stéphane Desobry :Biomolecules for the Bioeconomy (B4B) est un programme de recherche ambitieux et multidisciplinaire porté par Lorraine Université d'Excellence, conçu pour accélérer l'innovation dans la découverte, la production et la formulation de biomolécules destinées aux secteurs clés de l’agroalimentaire, de la nutrition-santé et de la cosmétique. Il s'attaque à un défi majeur : concilier le développement de ces biomolécules avec une gestion durable des ressources naturelles et la préservation de l'environnement. Ce programme répond à un impératif socio-économique crucial en soutenant des solutions plus respectueuses de l'écosystème tout en répondant aux besoins des consommateurs.

B4B réunit 150 chercheurs issus de 23 laboratoires affiliés à des institutions prestigieuses telles que l'Université de Lorraine, le CNRS, l'INRAE, l'INSERM et l'INRIA. Ensemble, ils bénéficient d'un accès privilégié à des infrastructures de pointe, incluant des bioréacteurs, des plateformes omiques avancées, des équipements de biologie structurale, des installations pour la culture cellulaire et végétale, ainsi que des dispositifs de fonctionnalisation et de vectorisation de biomolécules. L'utilisation d'outils informatiques et d'analyses de données sophistiquées renforce encore davantage l'efficacité et l'impact des recherches menées.

En somme, B4B vise à relever le défi de la durabilité tout en accélérant les progrès dans les secteurs de la bioéconomie, en s'appuyant sur des ressources scientifiques et technologiques exceptionnelles."

Pouvez-vous expliquer en quoi votre programme se distingue par son approche interdisciplinaire et comment vous envisagez la coordination entre les différents acteurs pour garantir une dynamique de recherche agile et efficace ?

Kira Weissman / Stéphane Desobry : " Le programme se distingue par son approche véritablement interdisciplinaire, réunissant une diversité d'acteurs issus de secteurs variés : scientifiques, décideurs politiques, industriels, étudiants, associations, pôles de compétitivité, ainsi que des professionnels des secteurs agricole et forestier. Cette pluralité d'intervenants a non seulement contribué à la co-construction du programme de recherche, mais aussi à l'élaboration d'un mode de gouvernance collaboratif, garantissant que chaque partie prenante ait un rôle actif et une voix dans la direction des projets.

L'approche interdisciplinaire repose sur la complémentarité des expertises, permettant de combiner des perspectives variées pour aborder les problématiques complexes sous différents angles. Par exemple, les chercheurs académiques apportent leurs connaissances scientifiques de pointe, tandis que les industriels fournissent une vision pragmatique orientée vers la mise en application concrète des résultats. Les associations, de leur côté, s'assurent que les intérêts des citoyens et des consommateurs sont pris en compte, tandis que les acteurs politiques et agricoles veillent à l'adéquation avec les politiques publiques et les défis territoriaux.

Pour garantir une coordination fluide entre ces divers acteurs, nous avons mis en place un dispositif de gouvernance flexible, mais structuré, qui favorise une dynamique de recherche agile. Cette structure inclut des comités de pilotage regroupant des représentants de chaque catégorie d’acteurs, des réunions régulières pour ajuster les stratégies en fonction des avancées du projet, ainsi que des outils collaboratifs pour fluidifier les échanges d'informations et faciliter la prise de décisions.

En outre, un travail spécifique d’optimisation des interrelations entre ces acteurs débutera en octobre afin d’identifier et de renforcer les synergies. L'objectif est d'assurer une communication constante et efficace, tout en adaptant les processus de décision en temps réel pour mieux répondre aux défis qui émergent au cours du programme. Cette coordination dynamique, associée à une gestion participative, permettra de garantir que chaque acteur contribue pleinement à la réussite du programme et que les objectifs interdisciplinaires soient atteints dans les délais impartis.

En somme, la force de ce programme réside dans sa capacité à tirer parti de la diversité des savoirs et des perspectives, tout en créant un environnement de collaboration fluide et réactif, essentiel pour relever des défis aussi complexes que ceux auxquels nous sommes confrontés."

Quelles sont les prochaines actions prévues pour votre programme dans les mois ou années à venir ?

Kira Weissman / Stéphane Desobry : " Dans les mois et années à venir, plusieurs actions clés sont prévues pour garantir la réussite du programme et maximiser son impact. Tout d'abord, à partir d'octobre, un processus d'optimisation des interrelations entre les différents acteurs du programme sera lancé. Cette phase sera cruciale pour affiner la gouvernance du programme et s'assurer que les objectifs interdisciplinaires sont atteints.

Ensuite, nous allons intensifier les activités de recherche, avec un accent particulier sur l'accélération des découvertes et de la production de biomolécules dans les secteurs de la cosmétique, de la nutrition-santé et de l’agro-alimentaire. Cela inclura l’utilisation des infrastructures de pointe dont dispose le programme. Nous prévoyons également de renforcer les collaborations avec des partenaires industriels au sein de la chaire B4B pour favoriser la mise en œuvre rapide des résultats de recherche dans des applications concrètes.

L'une des priorités stratégiques sera également de redynamiser nos partenariats européens. Nous allons regrouper nos partenaires autour de thématiques spécifiques en créant des groupes de travail dédiés. Cette démarche aura pour but de faciliter la mise en place de projets européens ambitieux, en nous inscrivant dans une démarche collaborative à l'échelle européenne. Ces initiatives permettront de bénéficier des financements et des réseaux européens tout en renforçant l'impact et la visibilité de nos recherches.

À moyen terme, nous mettrons en place une série de nouveaux projets pilotes pour tester les innovations en conditions réelles, notamment dans les secteurs agro-alimentaire et cosmétique. Ces projets auront pour objectif de valider les solutions développées en matière de biomolécules et de gestion durable des ressources naturelles, tout en mesurant leur impact environnemental et socio-économique (brevets).

Enfin, une des priorités du programme sera d'amplifier la diffusion des résultats scientifiques et technologiques auprès des communautés concernées, mais aussi du grand public. Cela passera par l’organisation de conférences, la publication d’articles et le développement de formations pour les jeunes chercheurs et les professionnels, afin de partager les connaissances acquises et d'inspirer de nouvelles générations d'experts dans les domaines de la bioéconomie.

Ces actions s'inscrivent dans une stratégie globale visant à pérenniser les avancées du programme tout en assurant une réponse agile et adaptée aux défis émergents, tant sur le plan scientifique que socio-économique et environnemental."