À l’occasion du 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, l’Université de Lorraine vous propose de découvrir deux portraits par jour pendant 8 jours de celles qui travaillent au quotidien pour la recherche. Zoom sur Hala Khassiba, chercheuse au laboratoire Archives Henri Poincaré et enseignante à la Faculté des Sciences et Technologies (FST).
Quel a été votre parcours ?
Hala Khassiba : "Je m’appelle Hala Khassiba, j’ai 29 ans, je suis en deuxième année de thèse spécialité épistémologie et histoire des sciences aux Archives Henri Poincaré. Après un BAC informatique obtenu en 2011 en Tunisie, j’ai opté pour une formation préparatoire en physique-chimie à l’Institut préparatoire pour les écoles d’ingénieurs à Bizerte, ma ville natale. Puis, j’ai enchaîné avec une licence professionnelle en réseaux informatiques et télécommunications à la Faculté des Sciences de Bizerte où j’ai obtenu mon diplôme en 2016. Par la suite, j’ai poursuivi mes études à Bordeaux où j’ai obtenu mon Master épistémologie, histoire des sciences et des techniques en 2020."
Sur quelle thématique travaillez-vous et quelles en sont les applications ?
Hala Khassiba : "Mes travaux de recherche portent sur l’histoire de l’informatique universitaire de Nancy (1950-1980). Depuis 1956, avec l’obtention du premier ordinateur IBM 604, Nancy est devenue l’une des premières villes françaises, après Grenoble et Toulouse, où se sont développés l’enseignement et la recherche en informatique. Mon travail de thèse consiste essentiellement à consulter des archives locales et nationales, afin d’identifier les différents acteurs fondateurs de cette discipline. Je travaille aussi sur les différentes formations en informatique et les populations (cours, professeurs, étudiants etc.), et étudie leur évolution dans le cadre de l’enseignement supérieur nancéien. En d’autres termes, je m’intéresse aux acteurs et aux événements importants constituant l’histoire de la recherche et de l’enseignement de l’informatique à l’Université de Nancy.
Un des objectifs de cette thèse est de contribuer à l’édifice de l’histoire de l’informatique de Nancy et notamment la publication d’un livre de vulgarisation sur l’histoire de l’informatique universitaire en province après la Seconde Guerre Mondiale. Cela permet de mieux comprendre la place particulière occupée par l’informatique à Nancy encore aujourd’hui."
Pourriez-vous partager avec nous ce qui vous a poussée à faire ce métier ?
Hala Khassiba : "J’ai une double réponse à cette question : la première serait, la curiosité et l’envie de comprendre ce pan d’histoire. Quand on fait une licence professionnelle ou un master appliqué, on a moins de temps pour se poser des questions autour de l’histoire de notre discipline. Or, pour moi c’était essentiel de comprendre l’origine et le développement de cette science et non juste l’appliquer.
La deuxième réponse est moins scientifique mais plutôt personnelle : lorsque j’ai fait mon Master à Bordeaux, j’ai ressenti une certaine frustration lors des séances d’histoire des sciences où l’on enseignait principalement l’histoire de la biologie (ce qui est intéressant en soi, mais rencontrait peu ma spécialité d’origine) et je me suis demandé à plusieurs reprises : pourquoi est-ce qu’on n’enseigne pas l’histoire de l’informatique, quand on voit la place qu’elle prend dans notre quotidien ?
C’est à ce moment-là, que j’ai décidé de faire de la recherche et j’espère qu’un jour j’arriverai, même à petite échelle, à enrichir l’histoire de l’informatique française.
Sinon, ce que je pourrais dire aux jeunes-femmes qui souhaitent faire de la recherche : Si vous ressentez une curiosité par rapport à une thématique de recherche, lancez-vous !
Libérez-vous, rêvez grand et concrétisez, la recherche est aussi un domaine pour nous."