Mission Curiosity sur Mars : où en est-on de l’exploration martienne ?

 
Publié le 17/10/2014 - Mis à jour le 31/10/2014

Géologia  (premier salon français dans le domaine des géosciences)  s’ouvrira le 21 octobre 2014 avec la conférence Mars, une planète à croquer ! C’est le thème choisi par les étudiants de deuxième année de l’école nationale supérieure de géologie (ENSG). L’occasion pour le public d’échanger avec deux des chercheuses françaises impliquées dans la mission Curiosity.

Cécile Fabre est enseignante-chercheuse au laboratoire GeoRessources et directrice du master Géosciences Planètes Ressources Environnement (GPRE). Violaine Sautter est géologue au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) et directrice de recherche au CNRS. Toutes deux sont co-investigatrices de l’instrument ChemCam, embarqué sur la sonde rover qui évolue actuellement sur le sol martien. Chaque jour le laser de ChemCam collecte des données sur les roches martiennes. Chaque jour ces données sont envoyées sur Terre pour être analysées par les ingénieurs de la NASA et les co-investigateurs français.

Tout a commencé il y a un peu plus de 10 ans

Curiosity a touché le sol martien il y a deux ans en Aout 2012. Après 7km de périple, le rover vient de parvenir au pied du mont Sharp. Il a commencé à forer dans les strates les plus prometteuses pour comprendre l’histoire minéralogique de Mars. Pour Cécile Fabre, c’est l’aboutissement de plus de 10 ans de travail : elle a participé à l’élaboration de ChemCam lorsque le laboratoire Géoressources a été contacté par l’IRAP de Toulouse.

J’étais spécialiste de la spectroscopie sur plasma induit par laser (LIBS), j’avais consacré ma thèse à cette technique. C’était la première fois qu’on envoyait un laser sur Mars. Parmi les instruments embarqués sur Curiosity, ChemCam est celui qui recueille le plus d’informations, car il est sollicité tous les jours.

On n’a pas vu de roches qui n’existent pas

Cécile Fabre risque de décevoir les amateurs de science-fiction : « ce qu’on trouve sur Mars correspond à des choses classiques que l’on rencontre aussi sur Terre : même si la composition diffère, cela s’approche de ce que l’on connaît. » Et bien sûr, nulle trace de petits hommes verts. En revanche, les sols au pied du mont Sharp sont constitués d’un empilement de couches riches en argiles dont l’étude pourrait permettre de déterminer si Mars a connu des conditions favorables à la vie.

A grande échelle, les données de cette mission sont croisées avec les données des précédentes études et elles sont confrontées aux hypothèses élaborées à partir des données recueillies par satellite. Cela nous aide à comprendre l’évolution géologique de Mars et à comprendre pourquoi la planète ne présente plus d’atmosphère.

Curiosity n’épuisera pas les questions en suspens autour de la planète rouge. L’équipe lorraine est déjà engagée dans l’élaboration d’un instrument qui a été sélectionné pour la  prochaine mission de la NASA prévue en 2020. Le prochain laser (SuperCam) sera  en mesure de procéder à une analyse supplémentaire par spectroscopie RAMAN, afin de mieux caractériser la composition chimique des matériaux géologiques martiens.

Lire aussi l’article de la Délégation Grand-Est du CNRS Dernières nouvelles de Mars : un laboratoire lorrain impliqué du 27 septembre 2013