Journalistes, scientifiques : apaiser la méfiance

 
Publié le 16/10/2014 - Mis à jour le 13/11/2014

La vulgarisation scientifique est-elle synonyme de trahison ? Comment journalistes et scientifiques travaillent-ils ensemble... ou pas ? Tels seront les enjeux de la table ronde organisée par l'Université de Lorraine durant les Assises du journalisme à Metz.

Dans le cadre des Assises du journalisme 2014 à Metz, l'Université de Lorraine organise, conjointement avec l'Association des Journalistes Scientifiques de la Presse d'Information (AJSPI), la table ronde « Vulgariser l'information scientifique : quelles règles, quelles précautions ? », samedi matin à partir de 9h30 à la salle Saint-Pierre aux Nonnains.

Introduit par Arnaud Mercier, professeur à l'Université de Lorraine, et animé par Nathalie Milion, animatrice à France Bleu, cet atelier réunit :

  • Gilles Dowek, directeur de recherche et coordinateur du MoobLab d'INRIA,
  • Jean-Marc Galan, chercheur en biologie cellulaire et spécialiste de la vulgarisation à l'Université Paris-Diderot,
  • Celya Gruson-Daniel, cofondatrice de l'association HackYourPHD et ingénieur de recherche,
  • Pierre-Sofiane Kadri, journaliste à MyScienceWork,
  • Joëlle Le Marec, responsable du master journalisme scientifique à l'Université Paris-Diderot,
  • Cécile Michaut, journaliste scientifique et formatrice en vulgarisation,
  • François Pacaud, chargé de valorisation éditoriale pour Open Edition, fondateur de coprésident de l'association Shark Peers,
  • Aline Richard, directrice de rédaction de la Recherche.

Ces huit scientifiques et journalistes tenteront de cerner les enjeux et les perspectives des rapports entre deux univers séparés par une méfiance mutuelle : « Les journalistes et les scientifiques ne travaillent pas bien ensemble en raison de la diversité des pratiques. Ils n'ont pas les mêmes rapports au temps, les mêmes contraintes... », explique Jean-Marc Galan. « Le journaliste a besoin du scientifique pour bien comprendre, appuie Cécile Michaut. Mais il n'est pas un porte-parole du chercheur et il doit garder son esprit critique. Le scientifique, lui, a besoin du journaliste pour parler des recherches. »

Une interaction bidirectionnelle

Si l'accès aux contenus scientifiques s'est facilité depuis quelques années, il convient d'aider le public à s'y retrouver. Dès lors, vulgariser l'information scientifique revient-il à trahir la science ? « Surtout pas, tranche Cécile Michaut. C'est clarifier plus que simplifier. Il faut savoir à qui on s'adresse, en fonction du niveau, des attentes. On n'explique pas la science de la même façon à un enfant, à un adulte, à un grand public ou à des amateurs. » « Vulgariser n'est pas un terme très adapté, poursuit Jean-Marc Galan. On entend parler de plus en plus de médiation, qui montre plus l'aspect bidirectionnel de l'interaction. C'est une erreur de considérer cet échange comme un processus vertical de ceux qui savent vers ceux qui ne savent pas. » Pour ce spécialiste, le piège consisterait à croire que la vulgarisation est uniquement pédagogique.

Si la collaboration entre journalistes et scientifiques n'est pas optimale, Jean-Marc Galan estime que des initiatives sont réalisées pour améliorer cette situation. « Il existe des échanges entre chercheurs et journalistes pour comprendre le métier de chacun et avoir une meilleur connaissance des contraintes respectives. » C'est notamment dans cette optique que l'Université de Lorraine organise la première édition de Science & You du 1er au 6 juin 2015, un événement scientifique et culturel international.

Science&You 2015 : la fête de la science

La table ronde « Vulgariser l'information scientifique : quelles règles, quelles précautions ? » des Assises du journalisme fait écho à Science&You 2015, un événement international autour des sciences et de la culture que propose l'Université de Lorraine à Nancy du 1er au 6 juin 2015. Six journées tournées vers la médiation des sciences pour les chercheurs, doctorants, médiateurs, responsables d'entreprise, journalistes ou encore le grand public. Quatre volets déclineront cette fête de la science :

  • un colloque pour professionnels avec les Journées Hubert Curien, où 700 personnes sont attendues pour suivre les ateliers et conférences programmés.
  • un Forum sciences et cultures, au Palais des Congrès de Nancy, espace de partage et d’expériences pour montrer la culture scientifique d’aujourd’hui et penser ensemble celle de demain.
  • une formation internationale pour sensibiliser les futurs chercheurs à la médiation des sciences et à ses enjeux.
  • des événements culturels sur les sciences, pour le grand public lorrain, à travers des ateliers, du spectacle vivant, des démonstrations, des visites.

Auteur : Angelo Salemi
Cet article est publié en partenariat avec Webullition, le web'zine du master de webjournalisme

Enregistrement vidéo de la table ronde

Soumis par un étudiant