[Prix littéraire Léonora Miano] Portraits croisés de Tilla, membre du jury et Kheira, membre du comité de sélection

 
Publié le 12/05/2021 - Mis à jour le 26/05/2021

Chaque semaine deux nouveaux portraits à découvrir en lien avec le prix littéraire Frontières Léonora Miano ! Cette semaine, faisons connaissance avec Tilla Fuchs, journaliste sur la chaîne allemande ARD, SR2 Kulturradio et Kheira Oudina, Manager du projet Interreg "UniGR-Center for Border Studies".

Factuel : Pourquoi avoir accepté de participer à cette 1ère édition du Prix littéraire-Frontières Léonora Miano ?

Tilla Fuchs : "L’annonce du prix Léonora Miano en 2020 coïncidait avec ma découverte (tardive) de son œuvre. Son roman « Saison de l’ombre » ainsi que des essais venaient d’être annoncés aux éditions w_orten und meer en Allemagne. Des premières lectures qui m’ont tout de suite envoutée. Léonora Miano cerne la notion de la frontière à plusieurs niveaux et sous des formes multiples dans ses romans et essais : Le défi du jury consistait pour moi dans le fait de devoir discerner dans d’autres œuvres littéraires des concepts peut-être similaires ou des façons tout autres de décliner la frontière que l’on retrouve dans les œuvres proposées sous forme géopolitique ou  temporelle, entre humains ou classes sociales, entre les langues, entre la réalité et le rêve. La ‘contrainte’ de la frontière posée au jurés ouvrait un vaste horizon." 
 
Kheira Oudina : "Je suis Manager du projet INTERREG VA UniGr-Center for Border Studies à l’Université de Lorraine. Dans ce cadre, nous étions à la recherche de nouvelles actions qui rendraient la thématique des frontières plus accessible au grand public notamment à travers la littérature. C’est ainsi que j’ai participé à la création du prix avec Grégory Hamez et Carole Bisenius-Penin. Par ailleurs, je suis passionnée de littérature (je tiens un blog et une page Instagram) et j’ai participé à plusieurs jurys de prix littéraires. C’est donc dans ce cadre que j’ai accepté de participer au comité de sélection."
 

Factuel : Qu'évoque pour vous la thématique de la frontière dans votre quotidien ?

 
Tilla Fuchs : "Ayant grandi en Sarre avec une frontière qui s’effaçait au fil des années grâce à Schengen, mon quotidien est aujourd’hui franco-allemand. Après l’école, fréquentée par des élèves issus des deux pays, on se retrouvait à Forbach comme à Sarrebruck ou à Spicheren. Personne ne devait ‘traverser une frontière’, ni politique, ni de langues. Longtemps, la frontière entre la France et l’Allemagne avait été une non-frontière. Mes études et mes débuts en tant que journaliste se déroulaient entre Bordeaux, Strasbourg et Berlin. La première fois que je me suis heurtée à la frontière franco-allemande, que je l’ai vécu comme telle, fut en printemps 2020, lorsqu’elle était fermée à cause du Covid." 
 
Kheira Oudina : "La thématique des frontières occupe une place importante dans ma vie professionnelle et personnelle. Avant la crise du Covid-19, j’avais pour habitude de me déplacer dans les Universités de la Grande Région qui sont toutes partenaires du projet UniGr-Center for Border Studies. Je suis actuellement attentive à l’évolution de la règlementation (fermeture, contrôle) qui impacte mes déplacements."
 

Factuel : Quel livre a marqué votre vie et pourquoi ?

 
Tilla Fuchs : "Impossible de n’en citer qu’un, car évidemment c’étaient un livre français, « L’étranger » d’Albert Camus et un livre allemand « Tonio Kröger » de Thomas Mann. Des œuvres qui m’ont marquées au même titre que leurs auteurs, tous les deux lauréats du prix Nobel, journalistes quand il le fallait – pendant la guerre, en résistance, dans l’exil – et auteurs engagés à leur façon. Elucidant les frontières entre l’art et la vie, le journalisme et la littérature, tous les deux témoins du passé tragique de notre continent, ils m’ont tout appris sur un autre futur." 
 
Kheira Oudina : "Le livre qui a marqué ma vie est Anna Karénine de Léon Tolstoï. C’est un roman qui décrit les sentiments et les questions existentielles des personnages avec une grande finesse. Si le roman se déroule dans la Russie du XIXe siècle, les thèmes traités sont universels (famille, amour, liberté). Ce roman est pour moi la preuve de la force de la littérature à interroger et décrire le monde avec justesse."
 
 

Les livres sélectionnés pour le prix 

RV le samedi 19 juin au Festival "Littérature et Journalisme" de Metz pour la remise du prix aux lauréats ! 

 

 

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