Trésors des BU : Les livres de prix pour des élèves d’exception

 
Publié le 18/03/2021 - Mis à jour le 5/05/2023
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Les bibliothèques universitaires de Lorraine conservent des trésors patrimoniaux. Ce mois-ci, découvrons les livres de prix d’Henri Victor Regnault (1810-1878)

Sur le premier étage de la Tour Eiffel, plusieurs noms de savants qui ont honoré la France entre 1789 et 1889 sont gravés en lettres d’or. Sur le côté sud, face à l’Ecole Militaire, le nom d’Henri Victor Regnault apparaît parmi d’autres. Né à Aix-la-Chapelle, en 1810, et mort à Paris, en 1878, Regnault fut chimiste et physicien.

On lui doit, entre autres, le perfectionnement de connaissances pour le progrès technologique, comme la fabrication du PVC ou les recherches sur les propriétés thermiques des gaz. En 1852, il est nommé directeur de la célèbre manufacture céramique de Sèvres. Il fut aussi un photographe passionné et, en 1854, il devint membre fondateur de la Société Française de Photographie. Son intérêt pour l’art n’est pas sans lien avec la voie choisie par son fils, le peintre Henri Regnault.

La vie de ce savant n’a rien d’ordinaire. Orphelin à 8 ans, Victor Regnault est élevé avec sa sœur par un compagnon d’armes de son père. Jusqu’à dix-huit ans, il fut employé dans un magasin, mais ses qualités et son ambition lui permirent de se destiner à un autre chemin : il décida de s’inscrire à l’Ecole polytechnique.

Ce passage d’une condition très modeste à une vie d’étudiant se fit, selon ses biographes, « sans transition, par un effort inouï de volonté ». Pour passer le concours d’entrée, le jeune Regnault intégra une institution préparatoire, l’Institut Michelot à Paris, où il put exprimer tout son talent et songer à l’avenir. Ses biographes survolent cette étape pourtant cruciale de son parcours.

Deux livres qui lui ont appartenu et qui se rapportent à cette période sont conservés à l’Université de Lorraine et témoignent de l’ambition et de l’intelligence de l’étudiant.

Il s’agit de deux livres de prix, offerts à Henri Victor Regnault en récompense de ses mérites dans la classe de Mathématiques [fig.1]. Les deux volumes présentent une couverture en cuir ornée et, sur le plat supérieur, le nom de l’Institution Michelot cintré par deux branches de chêne. A l’intérieur, sur le contreplat, le nom de l’élève apparaît sur une étiquette collée qui indique la data d’obtention, 1829, et la matière pour laquelle le prix a été décerné [fig.2]. Sur les deux pages de titre, est apposée sa signature : « V. Regnault ».

Le prix était attribué aux élèves qui s’étaient illustrés dans une matière, comme récompense pour les résultats obtenus, selon un modèle pédagogique basé sur la valeur de l’émulation. La journée de la remise des prix était, jusqu’à une époque récente, un des moments festifs qui clôturait l’année scolaire. Le livre offert, souvent un traité scientifique ou un classique de la littérature, se distingue par la reliure, parfois somptueuse, qui est réalisée pour l’occasion. Le nom de l’école ou les armoiries de donateurs sont gravés sur le plat supérieur ou sur le dos.

Trophées précieux dans la bibliothèque personnelle d’un jeune étudiant d’autrefois, aujourd’hui plusieurs exemplaires de ces livres qui passent souvent inaperçus sont conservés dans les fonds patrimoniaux. Dans les collections des BU de l’Université de Lorraine, on peut en découvrir un certain nombre [fig. 3-4]. Ils transmettent le souvenir d’élèves d’exception.

Plat supérieur du livre de prix avec le nom de l’Institution Michelot
Etiquette collée sur le contreplat
Etiquette collée sur le contreplat d'un livre de prix provenant du Collège Royal de Metz, 1836
Livre de prix provenant de la Faculté de Nancy, XIXe s.