« Nous accompagnons les enseignants pour dépasser le modèle du cours transmissif »

 
Publié le 5/09/2014 - Mis à jour le 11/02/2015
Nathalie Issenmann

En une demi-douzaine d'années, un quart des universités françaises s'est doté d'un "service universitaire de pédagogie". Pour Nathalie Issenmann, responsable du Service Universitaire d'Ingénierie et d'Innovation pédagogique (SU2IP) de l'Université de Lorraine, c'est une nécessité :

Le temps où l'Université formait une population homogène est révolu. La diversité des publics, l’usage des technologies,  l’accessibilité et le rapport aux savoirs font que l'enseignement transmissif ne répond plus aux attentes des étudiants et en laisse trop sur la touche.

Les leviers sont connus, nous rappelle Nathalie Issenmann :

On sait qu’un apprentissage en profondeur se fait mieux lorsqu'on partage, que l’on confronte son point de vue et que l'on donne du sens à ce que l'on apprend. Nous devons rendre l’étudiant acteur de sa formation en diversifiant les approches et les activités pédagogiques.

Il ne s’agit pas de supprimer le cours magistral mais de rendre l’étudiant plus actif et responsable de sa formation :

le principe de la classe inversée, l’apprentissage par projet sont deux exemples parmi d’autres ! Les enseignants sont conscients de ces changements et des efforts sont faits de leur part pour s’adapter à ces évolutions mais la tâche est complexe. Nos services sont là pour les aider à amorcer un changement culturel significatif de l’enseignement, afin de mieux accompagner les jeunes citoyens dans leurs études et leur entrée dans la vie active.

Le rapport « Soutenir la transformation pédagogique dans l’enseignement supérieur » paru en mars 2014 plaide en ce sens :

notre système d’enseignement supérieur utilise encore trop souvent des modèles de plus en plus inadaptés non seulement aux nouveaux enjeux de formation, mais aussi à la nature de la population étudiante ; il apparaît nécessaire de favoriser de nouvelles formes d’apprentissage et de nouveaux modes d’enseignement.

Un « kit de survie » de l'enseignant

Les nouveaux personnels de l'Université de Lorraine ont pu rencontrer le SU2IP lors des ateliers organisés pour leur journée d’accueil.. Des formations à destination des néo-entrants en charge d’enseignement seront déployées prochainement autour de la pédagogie, de ses innovations, du métier d’enseignant,… Des ateliers de partage des pratiques prolongeront cette formation.

En ensuite ? « A terme, pour démultiplier et renforcer l’action des conseillers pédagogiques auprès des enseignants, il faudra envisager la professionnalisation des conseillers pédagogiques issus des composantes » estime Nathalie Issenmann, consciente que les conseillers du SU2IP ne pourront intervenir partout.

La transformation pédagogique ne repose pas seulement sur un service

La tâche est grande. Reconnaître l’investissement pédagogique dans un monde où la carrière des enseignants chercheurs repose essentiellement sur la qualité de leurs travaux de recherche est le défi à relever dans les prochaines années..

« Les étudiants aussi portent parfois des représentations erronées sur les études universitaires » souligne Nathalie Issenmann. Elle aimerait pouvoir s’appuyer sur les laboratoires de recherche dont les travaux visent à mieux comprendre les pratiques pédagogiques et les publics de l'Université de Lorraine, afin de mieux les préparer. « La transformation pédagogique ne pourra pas seulement reposer sur un service. Elle doit être portée par tous nos collègues » conclut Nathalie Issenmann. Le SU2IP travaille d'ailleurs déjà en étroite collaboration avec la sous-direction aux usages du numérique.