[8 mars] Portrait de Céline Cakir-Kiefer, chercheuse à l'URAFPA

 
Publié le 25/03/2020 - Mis à jour le 14/04/2023

À l’occasion du 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, l’Université de Lorraine vous propose de découvrir une sélection de celles qui travaillent au quotidien pour la recherche. Rencontre avec Céline Cakir-Kiefer, chercheuse à l'URAFPA.

Quel a été votre parcours ?

Céline Cakir-Kiefer : "Actuellement, je suis enseignante-chercheuse au sein de l’URAFPA (Unité de Recherche Animal et Fonctionnalités des Produits Animaux), co-responsable du master mention Nutrition et Sciences des Aliments et responsable du M1 à la Faculté des Sciences et Technologies. Il est le fruit d’une motivation sans faille et de longues années d’études. Issue de l’immigration, je n’ai pas grandi dans des contextes sociaux et économiques favorables. Les études étaient ma seule porte de sortie. Sans référence et sans environnement propice, je ne savais pas quoi faire après mon Bac scientifique. J’ai intégré la première année de Biochimie à l’Université de Metz puis à l’Université de Nancy jusqu’à une Maîtrise (M1) de Biochimie à la FST. C’est durant un stage volontaire d’été, que j’ai effectué au laboratoire du professeur Netter, que mon goût pour la recherche est né. J’ai donc continué en DEA (M2) de Pharmacologie. Le stage de recherche que j’ai effectué au Centre du Médicament à Nancy et au laboratoire de Biochimie à Metz m’a définitivement convaincue. J’ai commencé une thèse CIFRE à la Faculté de Pharmacie de l’Université de Strasbourg. Mon travail portait sur l’enzymologie moléculaire et cellulaire. Je suis ensuite partie en post-doctorat dans l’industrie pharmaceutique, notamment chez Pfizer et Sanofi. Après quelques semaines d’inactivité, j’ai accepté un poste de technico-commercial qui ne m’a pas plus. J’ai occupé un demi poste d’ATER à l’Université de Strasbourg afin de revenir dans le milieu de l’enseignement et de la recherche et ainsi appuyer mes candidatures pour des postes de Maître de Conférences. Cette démarche a été fructueuse car elle m’a permis d’obtenir mon poste actuel. Aujourd’hui, j’évolue dans un milieu tellement enrichissant que ma vie professionnelle enrichie ma vie privée. Mes activités d’enseignement me confrontent à la réalité, à cette vie extérieure portée par les étudiants qui se traduit entre autres par une utilité directe, immédiate qui touche à leur insertion professionnelle. Alors que la recherche, c’est aussi se sentir utile, mais se sentir utile à une plus grande échéance."

 

Sur quelle thématique travaillez-vous et quelles en sont les applications ?

Céline Cakir-Kiefer : "Actuellement, j’étudie les protéines du lait en interaction avec les minéraux et les métaux. Le lait et les produits laitiers font partie de notre quotidien à tous les stades de la vie. Le lait est un aliment complet qui apporte, entre autres, aussi bien des protéines à l’organisme qui le consomme que des minéraux. Celui que tout le monde connaît est le calcium ! Les protéines du lait possèdent des propriétés particulières intéressantes, entre autres la propriété de chélater des minéraux, c’est-à-dire la capacité à former une liaison chimique avec eux. Ce projet consiste à mieux définir quelles protéines du lait (et quelles séquences peptidiques qui en découlent) peuvent être des vecteurs in vivo de minéraux et de certains métaux et à mieux comprendre leur spécificité d’interaction ainsi que leur biodisponibilité. Ce travail aura de nombreuses retombées, aussi bien en nutrition/santé (digestibilité et biofonctionnalité des protéines), qu’en chimie (relation structure-fonction) et en agro-alimentaire (techno-fonctionnalité fromagère)."
 

Quel conseil donneriez-vous à des jeunes filles qui souhaiteraient s’engager vers la recherche ?

Céline Cakir-Kiefer : "Je leur conseille surtout d’être persévérante et de rester motivées. Il faut exercer ce métier avec passion et sans compter ses heures, même si préserver une vie privée est essentiel. La recherche dépasse bien souvent le cadre de ses heures de travail. Un chercheur pense et réfléchit constamment à ses travaux de recherche. Si l’on décide seulement de faire ses heures au laboratoire et puis d’y laisser son cerveau en rentrant chez soi, ça ne marchera pas bien. Il faut choisir ce métier avec passion et non par défaut ! C’est un domaine multifacette très enrichissant, aussi bien professionnellement que personnellement, mais cela demande du travail et surtout de l’optimisme. Il ne faut surtout pas considérer une expérience « négative » comme un échec. Il faut toujours rebondir, apprendre de son vécu et ne pas rester sur ses acquis. Le sentiment d’échec est absolument à bannir car chaque expérience vous apportera forcément quelque chose de positif pour la suivante !"