[8 mars] Portrait d'Ariane Boudier, chercheuse et directrice de CITHEFOR

 
Publié le 25/03/2020 - Mis à jour le 5/05/2023

À l’occasion du 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, l’Université de Lorraine vous propose de découvrir une sélection de celles qui travaillent au quotidien pour la recherche. Zoom sur Ariane Boudier, professeur à la Faculté de Pharmacie et directrice du laboratoire CITHEFOR*.

Quel a été votre parcours ? 

Ariane Boudier : "Je suis Professeur des Universités à la Faculté de Pharmacie et directrice de l’Equipe d’Accueil 3452 CITHEFOR (Cibles Thérapeutiques, Formulation et Expertise Pré-Clinique du Médicament). 
Après un baccalauréat scientifique, je me suis orientée vers les études de Pharmacie. J’ai toujours voulu faire de la chimie appliquée à la biologie. Les compétences que j’ai acquises lors de mon cursus sont tout à fait en adéquation avec cela. Lors de mes études, j’ai été nommée interne en Pharmacie Industrielle et BioMédicale. Pendant ces 4 années, j’ai réalisé mes travaux de recherche en plus de mes charges hospitalières qui m’ont conduit à obtenir mon Doctorat d’Université en plus de mon Diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie. J’ai exercé des fonctions de chercheur contractuel pendant une année puis j’ai été nommée Maître de de Conférences et l’an dernier Professeur des Universités."
 

Sur quelle thématique travaillez-vous et quelles en sont les applications ?

Ariane Boudier : "Je travaille depuis une dizaine d’années sur les nanoparticules inorganiques. Ce sont des sphères constituées d’or, par exemple. Leur diamètre est très petit, de l’ordre du nanomètre soit 1000 fois plus petit qu’un cheveu. Ces particules sont dotées de « super pouvoirs ». Par exemple, l’interaction avec la lumière est particulière et rend les nanoparticules d’or synthétisées au laboratoire rouges plutôt que jaunes. Elles sont très antioxydantes et permettent de lutter contre certaines agressions de l’environnement (radicaux libres par exemple). On peut aussi fixer sur leur surface des molécules de médicaments avec des rendements très importants (7500 médicaments sur une seule particule). Ces dernières années, nous accrochons ces nanoparticules sur différentes surfaces (plastique, métal, …). Nous avons créé ainsi différents objets de la vie courante couverts de nanoparticules : des compresses, des lentilles de contact, des faux-ongles, … Certains de ces objets ont déjà trouvé une fonction : les flacons en verre recouverts de nanoparticules d’or servent à mieux conserver des substances fragiles (lutte contre l’oxydation des huiles, des vitamines, …) pour éviter d’ajouter des conservateurs actuellement source de débat quant à leur éventuelle toxicité. Un autre projet qui m’occupe beaucoup depuis ces dernières années porte sur les dispositifs médicaux sur lequel sont accrochées ces nanoparticules. Nous travaillons sur des endoprothèses vasculaires (des stents) : cela ressemble à des ressorts que l’on déploie dans les vaisseaux à la suite d’un accident vasculaire (infarctus par exemple) pour qu’il retrouve son diamètre initial. Ces particules hautement chargées en médicament et accrochées à cette prothèse permettent de donner spécifiquement ce médicament sur site, là où le vaisseau est lésé afin, en particulier, d’aider à sa cicatrisation. Ces projets sont tous réalisés à l’aide de différents collègues de mon équipe et également en collaboration avec des laboratoires nationaux et internationaux."
 

Quel conseil donneriez-vous à des jeunes filles qui souhaiteraient s'engager vers la recherche ?

Ariane Boudier : "La recherche est un domaine excitant où l’on remet en cause son savoir, où l’on génère de nouvelles connaissances. Cela signifie qu’il faut une certaine liberté d’esprit pour arriver à imaginer de nouveaux phénomènes, de nouvelles expériences. Il est nécessaire d’avoir également une rigueur pour mener des travaux correctement (définition des conditions opératoires, des contrôles…) et un esprit d’équipe comme je l’expliquai ci-dessus. Les métiers de la recherche sont des métiers de passion. Ils nécessitent de faire des études assez longues mais il ne faut pas se décourager et il faut croire en soi."
 

* CITHERFOR : Cibles Thérapeutiques, Formulation et Expertise Pré-Clinique du Médicament.