L’agromine, une filière métallurgique innovante, écologique et lorraine !

 
Publié le 11/12/2019 - Mis à jour le 23/01/2020

Lundi 9 décembre 2019, dans les locaux de l’Ecole Nationale Supérieure des Industries Chimiques - Ensic l’Université de Lorraine a présenté devant les élus locaux et ses partenaires les atouts de sa filière métallurgique innovante et écologique : l’agromine*. Porté par l’Université de Lorraine pour un budget total de 2 771 543 €, le projet européen Life-Agromine a donné naissance à de nouveaux métiers incarnés par les Start-Up Econick et Microhumus. Ce duo, issu du Laboratoire Sols et Environnement - LSE (UL / Inra) et du Laboratoire Réactions et Génie des Procédés - LRGP (UL / CNRS) coordonne avec efficacité et ambition le Centre mondial de ressources pour l’Agromine.

*L’agromine est la mise en œuvre de l’extraction (phytoextraction) et de la récupération de métaux contenus dans une gamme large de ressources secondaires (sols, effluents, sédiments, sous-produits industriels).

L’agromine, une réponse à la création de valeur et à la mise en sécurité des sites et sols pollués

Life-Agromine (https://life-agromine.com) a pour objectif de mettre en évidence, à partir de parcelles de démonstrations (Albanie, Autriche, Espagne, France, Grèce), l’utilité de l’Agromine pour dépolluer les sols, produire du nickel ou de l’énergie à partir de la biomasse, être source de revenus pour les agriculteurs des régions dont les sols sont peu fertiles en les réhabilitant et de démontrer sa viabilité économique. Ce projet s’inscrit dans le concept d’économie circulaire et a permis de créer une nouvelle filière commerciale visant à récupérer des métaux bio-sourcés comme le nickel grâce à des plantes dotées de facultés particulières. Dites hyperaccumulatrices, certaines plantes comme le Leptoplax emarginata et l’Alyssum murale sont capables d’accumuler spécifiquement certains métaux dans leurs feuilles et leurs tiges sans montrer d’effets de toxicité.  Le potentiel de cette filière est important car il existe, au sein de cette "famille" botanique plus de 1000 espèces connues à ce jour à différents endroits du globe…

Cette technologie est rendue possible grâce à la convergence de plusieurs disciplines scientifiques au sein de l’Université de Lorraine : la science du sol, l’agronomie, l’énergétique et le génie chimique. Un partenariat de recherche exemplaire mis en avant et félicité par Jean-Michel Crompin, directeur opérationnel de l’Institut Carnot ICÉEL qui soutient le projet depuis le début aux côtés d’autres partenaires : LabEx Ressources 21 et Lorraine Université d’Excellence, le Groupement d’Intérêt Scientifique pour les Friches Industrielles (GISFI), etc.

Ce projet a fait naître en Lorraine deux Start-Up : Econick et Microhumus. Ensemble, elles apportent une expertise complémentaire au développement de la filière agromine.

  • La société Econick (issue du LSE et du LRGP) - https://www.econick.fr. Basée à Nancy, cette Start-Up est partie prenante dans le projet Life-Agromine ainsi que dans le projet « Des hommes et des arbres » lauréat 2019 de l’appel à projets « Territoires d’innovation ». Elle a en charge la production et la valorisation du minerai « bio-sourcés ». Econick est une société de biotechnologies végétales produisant des métaux écoresponsables à partir de plantes. Elle s’adresse à tout client souhaitant s’engager dans une démarche éthique d’approvisionnement en métaux.

    Le premier produit commercialisé à base de nickel issue de l’agromine est une tortue-luth, un objet d’art créé en 2019 par la cristallerie DAUM. Mélangé à d’autres oxydes et aux ingrédients du cristal, le nickel bio permet d’obtenir une couleur grise avec une nuance bleutée. Un cristal teinté par du « nickel naturel » et écologique devient un argument commercial dans le secteur de la décoration de luxe.

     
  • La société Microhumus (issue du LSE) - https://www.microhumus.eu. Basée à Jarville, cette Start-Up arrive en appui au projet Life-agromine. Elle constitue un bureau d’étude spécialiste des sols et de l’environnement qui propose son expertise en restauration et dépollution des sols (agricoles, urbains, industriels, désertiques). Microhumus est spécialisé dans la formulation et la mise en place de sols construits. C’est également le leadeur français de la gestion des sites et sols pollués par la phytoremédiation (technique qui consiste à utiliser des plantes pour dépolluer ou stabiliser des polluants dans un sol) couplée à la reformulation de sols en préalable.

Fondée sur la nature, l’agromine est une technologie innovante pour le développement de l’Economie Circulaire des Métaux.

« Pour développer l’activité économique de l’agromine chez les entreprises partenaires et à une échelle plus importante, il est indispensable de penser et définir un cadre réglementaire à cette filière » nous explique Guillaume Echeverria, professeur au LSE, à l’occasion des échanges avec la salle.

Au nom des élus présents, Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle a répondu « l’Université de Lorraine et ses partenaires Start-Up peuvent compter sur notre appui pour relayer cette demande lors de la discussion en cours à l’Assemblée Nationale du texte de loi sur l’Economie Circulaire. Je viens de déposer un amendement visant à prendre en compte l’agromine et ses besoins en réglementation nécessaires à son développement. » La discussion technique pour rédiger les modifications proposées dans l’amendement est en cours avec les parlementaires présents et invités.

L’agromine pourrait être mise en œuvre pour la récupération d’autres métaux tels que l’aluminium, le cadmium, le cobalt, le zinc, lithium…ces métaux nécessaires aujourd’hui aux technologies numériques et aux véhicules électriques (batteries). Ce procédé écologique permet de récupérer les métaux impossibles à extraire de façon classique sans endommager le milieu naturel. Mais l’agromine peut aussi redonner une nouvelle vie aux sols dévastés par l’exploitation minière et une solution de dépollution/recyclage des déchets pour les industriels.