Club Hydrogène Grand-Est, une filière d'avenir qui se déploie dès aujourd'hui

 
Publié le 26/03/2019 - Mis à jour le 27/03/2019
Les porteurs de DYNAMHySE, Heathcliff DEMAIE (ULHyS), Julien CHAUVET (ENGIE), Bruno JAMET ( PVF)

Vendredi 22 mars a été lancé dans les locaux de l'Université de Lorraine le Club Hydrogène Grand Est. Ce club a pour finalité de réunir tous les acteurs intéressés par le développement de la filière hydrogène-énergie en Grand Est. Il favorisera l'échange d'informations, le montage de projets de déploiements et de développements ainsi que la recherche de financement. Le Club H2 GE est ouvert à tout type de structures allant de la start-up au grand groupe, en passant par l’organisme de recherche et la collectivité territoriale. Les acteurs ciblés sont localisés en Grand Est mais le club reste ouvert à des acteurs d'autres régions sous réserve de l'approbation du Comité Technique. Heathcliff DEMAIE, project manager d'Université de Lorraine Hydrogène Sciences et Technologies (ULHyS) répond à nos questions.

 

Qui sont les acteurs de ce club ?

Le consortium DINAMHySE formé en réponse à l'appel à projet Be-Est Filière d'avenir de la Région Grand Est (volet régionalisé du PIA3) a été initié par le Pôle Véhicule du Futur, ENGIE Grand Est et l'Université de Lorraine. Il s'est renforcé regroupant actuellement 6 entreprises, 3 pôles de compétitivité, une agglomération ainsi que le CEA Tech (et l’UL) pour les organismes de recherche.

Doté d'un financement d'environ 500 k€ DINAMHySE sera l'animateur, la force motrice de ce club aligné avec les stratégies de transition énergétique à l'échelle nationale telles que le « Plan Hydrogène pour la Transition Énergétique » lancé par Nicolas Hulot en juin dernier. À l'échelle Européenne, plusieurs membres sont présents au « Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking » (FCH JU) un partenariat public et privé de la filière hydrogène adressant les actions de déploiement et de Recherche & Développement - ce qui va alimenter les activités du Club en termes d'orientations et de moyens de financement.

D'autres régions voisines se sont également organisées pour structurer le déploiement de ces technologies comme les régions Bourgogne-Franche-Comté, Normandie, Occitanie ou Auvergne-Rhône-Alpes. Les formes choisies diffèrent en fonction des acteurs en place et des projets en cours. Par exemple en Normandie, les activités Hydrogène se concentrent sur le déploiement d'un réseau de stations de remplissage et de flottes de véhicules électriques hydrogène. Le Club H2 GE quant à lui se distingue par le fait d'adresser le déploiement (mise en œuvre de technologies matures) et le développement (matériaux, procédés, composants, systèmes) avec des entreprises de la région.

 

Pourquoi l’Hydrogène ?

L'hydrogène est un moyen des stocker et transporter l'énergie sans carbone. Actuellement il est produit essentiellement à partir de gaz naturel, un procédé pour le moment peu rentable qui génère beaucoup des émissions de CO2. Il faut cependant préciser que tout gain d'efficacité en la matière permettrait une réduction des émissions des CO2 dans la production d'hydrogène pour l'industrie et que l'utilisation de cet hydrogène dit « gris » pour le transport résoudrait en grande partie le problème des microparticules en ville (des recherches sur ce sujet sont actuellement menées au sein de PiGAZ, laboratoire commun entre Air Liquide et le LRGP).

L'hydrogène « vert », ciblé par le Club H2 GE, peut être produit à partir d'électricité renouvelable et d'eau (électrolyse de l'eau), par gazéification de la biomasse et par d'autres procédés (photolyse, thermolyse, etc.). Cet hydrogène renouvelable et décarboné peut ensuite être utilisé dans des piles à combustible qui produisent de l'électricité et de la chaleur (valorisée dans les applications stationnaires - chauffage, eau chaude sanitaire - et dans une moindre mesure dans les applications transport). Ce n'est donc pas une alternative absolue aux énergies actuelles mais une brique technologique de stockage nécessaire à l'intégration massives des énergies renouvelables (notamment solaire et photovoltaïque car intermittentes).

 

Quels sont les freins à l’implantation massive de l’hydrogène en Grand-Est ?

Lors d'échanges avec le grand public, les références au Zeppelin Hindenbourg en flamme voire à la bombe H font systématiquement partie des sujets abordés mais ne résistent pas à quelques minutes d'explication. L'acceptabilité ou l'adoption de cette technologie souffre plutôt actuellement :

  • d'un manque de notoriété : le grand public pense le plus souvent que ce ne sont que des prototypes de laboratoire alors que ces technologies sont déjà une réalité dans les territoires sur tout type d'application (voir le document réalisé par l'AFHYPAC « L'hydrogène une réalité dans les territoires ».
  • de coûts encore élevés et donc moins compétitifs que les solutions carbonées (notamment faute de volume de production suffisant).

On pourrait croire que le poids d’une industrie historiquement très polluante dans la région pourrait poser quelques problèmes mais c’est au contraire un vivier propice au transfert de technologies déjà matures, car les grands groupes et, par effet de cascade, leurs prestataires et autres PME locales sont demandeurs d’outils pour accélérer leur transition vers des sources d’énergies qui leur permettront non seulement d’être plus écologiques mais également plus résilientes économiquement.

 

Quel bilan pour cette journée de lancement ?

Le succès de cette journée, sponsorisée par ENGIE, est incontestable : plus d’une centaine de personnes présentes venant de l’ensemble du Grand Est et des régions voisines.

La matinée, une séance plénière s’est tenue avec des présentations sur l’intérêt de l’hydrogène pour différentes applications (mobilité, stationnaire, industrie, valorisation des énergies renouvelables), un zoom sur les projets ULHyS* de Lorraine Université d’Excellence (LUE) et MHyRABEL porté par la SODEGER dans le Pays Audunois. Cela a permis de rappeler les enjeux et de prouver que le territoire est mûr pour déployer l’hydrogène dès l’année prochaine.

L’après-midi, tandis qu’avait lieu une visite (à guichet fermé) des équipes travaillant sur l’hydrogène au LRGP et pendant les échanges avec des enseignants-chercheurs et doctorants du projet ULHyS*, quatre projets (confidentiels) ont été auditionnés par les membres de DINAMHySE. Ils portent sur la mise en place d’infrastructures et le développement de technologies. Des appels à projets sur la mobilité et sur l'hydrogène pour décarboner l'industrie paraissent et sont bien évidemment au cœur des motivations du Club.

 

* Le projet IMPACT ULHyS de Lorraine Université d'Excellence (LUE), fédère 11 laboratoires (BETA, PErSEUs, LORIAN CRAN, GREEN, LEMTA, IJL, LRGP, ERPI, LERMAB, LCPME), plus de 40 chercheurs autour de ces technologies, de la production d'hydrogène et  sa conversion dans les piles à combustible à l'exploitation de composants électrochimiques au sein de micro-réseaux intelligents, en passant par les aspects économiques du développement d'une telle filière ou encore l'anticipation des besoins et usages futurs.

 

Fabrice LEMOINE (ULHyS)
Jacques HAENN (PVF)
Julien CHAUVET (ENGIE)
un amphi plein