Ma Thèse en 2 planches : Rencontre avec Peb

 
Publié le 28/09/2018 - Mis à jour le 5/12/2018
couverture ma thèse en 2 planches

Rencontre avec Peb, la moitié de Peb&Fox qui nous explique comment traduire un sujet de recherche pointu en images et avec humour.

 

Peb & Fox est déjà présent en BD scientifique - Comment vous êtes venus à la vulgarisation scientifique ?

Peb : A la base, on ne fait pas de la BD scientifique mais plutôt du gag et du dessin de presse, mais on aime bien varier les projets. Un jour nous avons été contactés pour faire des dessins en direct pour l’Université de Lorraine, pour Science&You. On a échangé avec Nicolas Beck autour du concours Ma Thèse en 180 secondes et l’envie de l’adapter en BD qu’on partageait, puis finalement on a réussi à concrétiser l’idée pour la première fois en 2016.

En presse on faisait déjà des choses avec une approche vaguement scientifique parce qu’on travaillait pour des magazines chez Milan, on avait déjà le nez dans l’illustration d’articles pour le grand public.

Et qu’est-ce qui vous a donné envie d’aller vers cette démarche d’expliquer de la science en images ?

D’abord le concours, parce qu’il y avait déjà des prestations, des adaptations de thèses un peu scénarisées. Et on voyait bien comment mettre ça en images. On est curieux et comme on n’a pas de formation scientifique, c’était aussi un peu une manière de compenser ça. On avait un intérêt pour la science mais pas de formation dans le domaine, pas en science dure disons.  Comme on a un cursus universitaire, on a toujours été sensibles à l’exercice de comprendre par nous-mêmes des sujets un peu plus complexes que la façon dont ils peuvent être présentés dans les médias (notamment en économie et sociologie).

Ça vous a permis de mieux comprendre le sujet, de le transformer en BD ?

Oui parce qu’il a fallu se renseigner : on voulait expliquer des choses que les doctorants n’avaient pas forcément le temps d’expliquer sur scène notamment parce qu’ils n’avaient pas un support image riche, donc c’était intéressant pour nous de creuser la question et de re-digérer ça pour l’expliquer ensuite. On s’est intéressé à pas mal de sujet différents.  Et surtout ce qui était assez excitant, c’est qu’on était au contact direct de la science qui s’écrit, c’était très stimulant !

Comme vous avez plus approfondi les sujets, est ce qu’on peut dire qu’il y a un parallèle entre réduire la thèse en 3 minutes, qui est déjà un exercice compliqué,  et la mettre en BD ? On est sur le même registre de simplification ?

Je trouve qu’on n’est pas tout à fait sur le même registre car nous travaillons avec l’image. De plus, comme nous ne sommes pas scientifiques, nous voyons certains travers que ceux-ci peuvent avoir en s’attardant sur des détails qui sont peut-être un peu facultatifs pour le grand public. Et en éludant aussi quelque fois des notions fondamentales que le grand public n’a jamais assimilées.

Au contraire des doctorants, on se positionne du point de vue du grand public, finalement. On connaît ses lacunes.

Aussi, un doctorant mène sa recherche et sait quelle est la partie la plus importante de son travail. Nous, dans sa recherche, on voit peut-être d’autres points intéressants, qui passent au second plan pour lui mais qui nous paraissait nécessaire d’expliquer au grand public.

Vous avez décidé de  sortir Ma Thèse en BD sous la forme d’un album, Ma Thèse en 2 planches. Comment s’est fait ce projet ?

EDP Sciences voulait ouvrir une collection de BD et avait été intéressé par le projet de livres réalisés par L’université de Lorraine. C’était l’occasion pour ces planches d’avoir une diffusion nationale, et EDP Sciences, qui a beaucoup de titres un peu « raides » à lire, peut ainsi proposer quelque chose d’un peu plus « fun » à lire.

Ça efface l’image du scientifique isolé avec ses grosses lunettes …

Oui, la couverture est un contre –pied du contenu. Le livre montre la variété de personnalité des doctorants, loin du cliché du premier de la classe pas drôle.

On est aussi contents car les Sciences Humaines sont bien représentées. Les sujets nous parlent forcément, en raison du cursus que nous avons suivi (AES), mais c’est surtout important de montrer qu’il n’y a pas forcément de bec Bunsen dans un labo de recherche.

L’expo à la MDE

Peb : On a été invité par la MDE et on s’est dit assez logiquement qu’on devait faire quelque chose autour de l’album, dans le contexte de la Fête de la Science.

Il y aura aussi un atelier ?

Il y aura une rencontre en fin de journée le 10 octobre, les doctorants parleront de leur expérience avec nous et dans leur labo, et il y aura un petit atelier pour expliquer comment on travaille et transmettre quelques bases de dessins.

On expliquera la fabrication de nos BD, le détail des étapes, et on donnera aussi des conseils de dessin pour réaliser une case.

L’expo répond à l’album

Oui, nous présenterons des planches qu’avait imprimées l’Université de Lorraine sur des panneaux d’exposition à partir des premières éditions (NDLR 11 Thèses en BD 2016 – 2017 – 2018). Et on va en profiter pour exposer des dessins originaux et aussi des étapes de travail,  pour montrer comment ça s’est passé avec les doctorants parce qu’il y a eu beaucoup d’échanges.

Que peut-on dire sur ces échanges  avec les doctorants ?

Ils étaient disponibles et contents qu’on s’intéresse autant à leur travail. Ça m’a même permis de tisser des liens d’amitié avec certains. J’ai pu visiter des labos, c’était très intéressant de voir les coulisses de leur recherche, et leur environnement.

Au vu de la variété des sujets, ça montre aussi qu’on peut toujours en comprendre quelque chose et y trouver un intérêt

Oui, ils travaillent déjà de cette façon pour le concours. Parfois il y avait des textes qui fonctionnaient bien sur scène, notamment grâce à la personnalité du candidat, mais pour de la BD ça manquait d’images. Il a pu m’arriver de devoir entrer plus dans une thèse prenant plus de temps pour discuter avec le doctorant pour proposer une nouvelle adaptation, en collaboration avec lui.

Ce qui m’amusait aussi, c’est qu’à force de les interroger, les doctorants eux-mêmes pouvaient parfois se poser des questions qu’ils ne se posaient plus, sur leur matériel ou l’origine du nom de certaines choses, etc, des éléments qui font partie de leur quotidien. Et le fait d’avoir un regard vierge sur cela leur faisaient prendre un peu de recul, eux qui ont toujours la tête dans le guidon.

 

La BD est parue le 20 septembre 2018 et disponible en libraire.

Expo du 08/10 au 31/10 octobre – atelier le 10/10 sur inscription auprès de philippe.crevisier@univ-lorraine.fr