GFL, « Gardens For Life », c’est le nom d’une graine semée à l’initiative d’une équipe de chercheurs français, allemands, belges et luxembourgeois, pour voir croître et se multiplier des jardins objectivement thérapeutiques. Se basant sur celui du CHRU de Nancy « art, mémoire et vie », unique en son genre par sa conception, sa taille, sa localisation et son antériorité, ces spécialistes se lancent dans la rédaction d’une procédure scientifique complète, de la création jusqu’à l’aménagement, de ces jardins thérapeutiques. Leur rôle est, comme le souligne la définition, « thérapeutique » dans le sens où ils contribuent à stimuler les capacités physiques et intellectuelles, mais aussi, « scientifique » dans la mesure où ils font l’objet de travaux de recherche sur les interactions sociales qu’ils favorisent.
Les jardins thérapeutiques font partie des innovations dont il est désormais admis qu’elles soulagent les malades, améliorent les environnements de travail et contribuent à rationaliser les dépenses de santé* car ils favorisent le « bien être global, physique et psychologique, individuel et collectif ». Ils sont médiateurs de prévention et de soins dans les établissements médicaux, les lieux de résidence et les entreprises. Forts de ces conclusions, des médecins, agronomes, psychologues, sociologues, paysagistes, architectes, artistes, français, luxembourgeois, belges et allemands unissent leurs savoirs, pour élaborer une méthodologie de création personnalisée d’un jardin thérapeutique adapté au donneur d’ordre, au public, à l’environnement naturel, au budget, ainsi qu’aux spécificités socio-culturelles du pays. « Gardens For Live », est le nom de ce consortium transfrontalier, qui défend une meilleure qualité globale de santé, des conditions de travail améliorées, un renforcement du lien social et la préservation de l’environnement. Les partenaires Recherche & Développement des universités et des entreprises ainsi rassemblées veulent écrire ensemble des cahiers des charges « GLF » adaptés à 3 secteurs : les institutions de santé, les campus et les entreprises. Le « fil vert » de cette méthodologie unique, qui devrait, à terme, être mise à disposition sur une plateforme mutualisée, servira d’abord à porter des prototypes pilotes de jardins thérapeutiques, et, dans un deuxième temps, à ouvrir des formations continues
technologiques et un master pluridisciplinaire. Cette dynamique interrégionale permet d’envisager, pour les pays impliqués, un renforcement de la compétitivité des secteurs liés à l’aménagement des jardins, grâce au transfert de connaissances. Sont attendus également, le développement de nouveaux produits et services transfrontaliers dans les domaines du paysager, de la santé et de l’environnement en vue d’une valorisation économique et d’une réduction des dépenses de santé
quantifiables et significatives. En France, le jardin thérapeutique lorrain « art, mémoire et vie » est déjà sujet et objet de plusieurs thèses qui portent des recherches en santé et en sciences humaines. Sous le nom générique de JAZ (Jardin AlZheimer), elles relèvent du laboratoire de psychologie InterPsy – EA 4432 - de l’Université de Lorraine et en particulier du Groupe de Recherche sur les Communications.** Ces thèses de doctorat de 3ecycle, menées avec le CHRU de Nancy, sont organisées en quatre thématiques :
- JAZ ART, pour mesurer les répercussions psychologiques, émotionnelles (plaisir), cognitives (stimulation), interpersonnelles d’un environnement artistique sur des patients victimes de troubles neurodégénératifs.
- JAZ TOP, thèse en cours, menée avec une équipe de Montréal, pour étudier comment stimuler au mieux les fonctions cognitives attachées à la topographie en favorisant la perception de repères.
- JAZ BURN pour objectiver la perception, jusque-là intuitive, de l’impact favorable d’un espace vert sur les personnels soignants des unités Alzheimer, de soins de suite gériatriques, ou de soins palliatifs par la fréquentation d’un environnement de travail dédramatisé et la participation à des animations liées au jardin thérapeutique. Cette thèse fait l’objet d’un contrat CIFRE avec l’entreprise « Retravailler E.G.P. »
- JAZ ENQ pour évaluer les besoins d’une vingtaine d’établissements lorrains, publics et privés, en matière d’expertise pour des projets de jardins thérapeutiques. C’est une enquête de terrain sur une évaluation reposant sur des entretiens semi directifs, menés auprès de focus groups de résidents, de familles et de professionnels de santé et sur une évaluation paysagère.
Ces études sont à l’interface de la santé, de la recherche scientifique et de la société civile. Le jardin thérapeutique du CHRU de Nancy « art, mémoire et vie », dédié aux malades d’Alzheimer, a contribué à maintenir le patient dans son statut de citoyen à part entière. Situé en centre-ville, c’est un lieu unique et original qui favorise le lien avec les personnels de santé, les proches, les autres résidents, les professionnels du jardinage, les artisans locaux, les intervenants culturels qui le traversent. Transdisciplinaire, transversal et exemplaire, ce jardin thérapeutique lorrain porte en germe des enjeux d’avenir fondamentaux à l’heure où le vieillissement de la population interpelle toutes les gouvernances. Sa conception, son aménagement et son utilisation sont des vecteurs de savoirs à faire savoir. Une association a été créée, JAZ PAIR Espective (Jardins Alzheimer, Psychologie Art Interaction Recherche), pour formaliser et transmettre cette expérience unique à des structures qui ont un projet de jardin thérapeutique. « art, mémoire et vie » germe sur le terreau de la vie.
* En Europe, le coût des maladies du cerveau est de 387 milliards d’€. En France, plus d’un million de personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives (Alzheimer et Parkinson) et plus de 10 millions de cas de dépression, représentent plus de 20% des dépenses des branches maladie et professionnelle de la sécurité sociale.
** Les initiateurs du projet JAZ sont :
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Thérèse Rivasseau-Jonveaux: neurologue au CHRU de Nancy, Responsable du Centre Mémoire de Ressources et de Recherche de Lorraine, Chef de service du Centre Paul Spillman où est aménagé le jardin thérapeutique « art, mémoire et vie »
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Alain Trognon: Professeur émérite de psychologie sociale à l'université de Lorraine
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Reinhard Fescharek, médecin /sculpteur qui participe à la conception de jardins thérapeutiques et d’espaces verts uniques, adaptés aux besoins des utilisateurs et insérés dans leur environnement
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Martine Batt, Professeur des Universités en Psychologie (Université de Lorraine), Responsable du Conseil scientifique InterPsy, directrice du GRC (Groupe de Recherche sur les Communications) et des relations internationales pour l’UFR SHS.