Des étudiants de l'EEIGM au musée de l'Histoire du fer

 
Publié le 5/10/2016 - Mis à jour le 6/10/2016
Les étudiants de l'EEIGM

C'est sur la restauration d’un escalier de la Tour Eiffel, exposé au musée de l'Histoire du fer, que des étudiants de l'Ecole européenne d’ingénieurs en génie des matériaux (EEIGM) vont se pencher. Réalisée dans le cadre d’un Atelier Transfert Innovation (ATI), cette collaboration entre l'école et le musée n'est pas un coup d'essai : l'année dernière, quatre étudiants s'étaient penchés sur la conservation de trois œuvres imaginées par Jean Prouvé : un portique de l’aéroport de Paris Orly, le shed d'une imprimerie et une poutre transversale du Pavillon du centenaire de l’aluminium.

Encadrés par Delphine Veys-Renaux et Emmanuel Rocca dans le cadre d'un ATI, ainsi que par l’équipe de conservation du musée de l’Histoire du fer, quatre étudiants de l'EEIGM, Sami Aouraghe, Juan Jose A.Bernet, Valentin Daujat et Hannah Nilsson Ahman, se sont intéressés à la bonne conservation de trois œuvres du musée, toutes imaginées par Jean Prouvé : un portique qui se situait à l’entrée de l’aéroport de Paris Orly en 1993 ; le fac-similé d’un shed de l’imprimerie MAME à Tours, reconstruite par Prouvé après-guerre ; une poutre transversale du Pavillon du centenaire de l’aluminium construit à Paris en 1954, dépôt du Musée des Beaux-Arts. Principalement constituées d’aluminium, duquel JeanProuvé appréciait la légèreté, ces pièces auraient dû résister à la corrosion. Leur exposition en extérieur a cependant été la cause de différents types d’altérations (piqûration, corrosion galvanique dans le cas d’un contact avec un autre métal) et d'un encrassement important.

Le protocole d’étude excluant tout prélèvement et toute intervention directe sur des collections appartenant à des établissements dont l’activité doit respecter la loi de 2002 sur les musées de France, les étudiants ont commencé par formuler des hypothèses sur la nature exacte des alliages en aluminium utilisés par Prouvé, en se fondant sur des documents techniques d’archives et les sources historiques. En effet, les collections des musées de France sont inaliénables, et seuls des restaurateurs habilités sont autorisés à intervenir, en suivant des protocoles et des règles déontologiques précises : toute restauration doit théoriquement être réversible, ne doit pas comporter de risque pour l’objet … elle doit aussi être bien visible, et documentée. Une commission scientifique composée de conservateurs et de restaurateurs doit également donner son aval.

Les étudiants ont ensuite procédé à un examen détaillé des trois pièces concernées, établi un diagnostic des différents types de corrosion rencontrés et fait des préconisations pour limiter leur dégradation. Par exemple, en modélisant l’installation de la poutre, ils ont proposé de l’implanter penchée, de façon à limiter les déformations structurelles et les dégradations chimiques que pourrait causer la rétention d’eau. Les problèmes de corrosion galvanique, quant à eux, peuvent être résolus en remplaçant certaines pièces d’assemblage inadaptées (visserie en acier par de l'aluminium) ou en isolant les éléments de support en acier du corps de la pièce en aluminium par des manchons polymère. Enfin, concernant l’encrassement, après nettoyage des tâches, il est recommandé d’enduire les surfaces concernées par un vernis acrylique pour éviter la corrosion sous dépôt.

Il appartient désormais au musée de l’Histoire du fer de se saisir de ces propositions, avec l’appui scientifique des restaurateurs du Laboratoire d’archéologie des métaux, basés au musée.

Ces projets sont organisés dans le cadre des études à l'EEIGM. Les étudiants de 3e année travaillent par groupes, tous les vendredis matin d'octobre à juin. Trois catégories de projets leur sont proposées : la première concerne le développement de l'école, la seconde offre un partenariat avec les autres écoles du site Meurthe-Canal, et la troisième des collaborations avec des entreprises ou des structures extérieures. C'est dans ce cadre qu'a été réalisé ce projet en relation avec le Musée de l'histoire du Fer. Le travail consiste à mener des études bibliographiques et/ou expérimentales, ou encore à effectuer une modélisation en vue d'atteindre les objectifs fixés dans le sujet.  La collaboration entre l’EEIGM et le musée de l’Histoire du Fer se poursuit cette année avec un projet ATI concernant la restauration d’un escalier de la Tour Eiffel, exposé à l’extérieur du musée.

Pour en savoir plus : www.museehistoiredufer.fr

Portique de l’aéroport de Paris Orly en 1993 - crédit photo : musée de l'Histoire du fer, Jarville-la-Malgrange / Olivier Dancy
Fac-similé d’un shed de l’imprimerie MAME à Tours - crédit photo :  musée de l'Histoire du fer, Jarville-la-malgrange/Bertrand Jamot
Poutre transversale du Pavillon du centenaire de l’aluminium - Crédit photo : Nancy, Musée des Beaux-Arts, cliché Bernard Prud'homme.