Le 100e anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale offre non seulement aux historiens, mais également aux spécialistes de la littérature, de l’histoire des idées et de l’histoire culturelle, l’occasion de réfléchir sur la notion de patriotisme.
Cette notion peut apparaître comme problématique dans la mesure où le patriotisme a souvent été regardé comme légitime chez soi et comme synonyme de nationalisme chez les autres. La relation entre patriotisme et nationalisme sera envisagée et il s’agira, dans ce cadre, de dégager les objectifs propres aux deux attitudes. Est-il légitime d’opposer un sentiment positif (le patriotisme) à un sentiment négatif (le nationalisme) ?
Le colloque organisé par le CEGIL (Nancy) propose de s’interroger sur cette notion dans la pensée et l’histoire allemandes ainsi que sur certaines figures remarquables dont l’action a été considérée comme une illustration du patriotisme. Il se placera dans la continuité d’un colloque de 2009, organisé également par le CEGIL, et qui était consacré à l’Allemagne en 1913.
La délimitation géographique indiquée dans le titre de ce colloque : l’Allemagne, n’empêchera pas une ouverture de la perspective, notamment vers la genèse de la notion de patrie dans les cultures antiques. Une approche diachronique pourra se traduire par l’étude des mutations du concept et des relectures auxquels il a donné lieu.
Le concept de patriotisme peut renvoyer à différentes dimensions de la nation, entre autres à ses dimensions ethnique, culturelle, politique et historique. En tant que sentiment national, il a pu exprimer une volonté d’œuvrer pour le bien de la patrie, pour la réalisation de l’État national, pour la grandeur de celui-ci, il a pu aussi être entre autres une revendication de puissance, une affirmation de la supériorité de la nation, d’une mission.
On s’intéressera particulièrement, ici, à la problématique allemande, c’est-à-dire aux spécificités d’un patriotisme résultant de la division religieuse et de la situation politique que connut l’Allemagne jusqu’en 1871 : la relation entre des patriotismes locaux, référés par exemple à la Bavière ou à la Prusse, et le patriotisme allemand. La concurrence ou la complémentarité de ces patriotismes pourront entrer dans le cadre de nos réflexions, tout comme aussi la relation entre l’attachement à une patrie spécifique et le cosmopolitisme, la référence à l’universel.
À cet égard, la notion de Verfassungspatriotismus telle qu’elle a été proposée par Dolf Sternberger et théorisée par Jürgen Habermas semble devoir être intégrée aux réflexions de ce colloque, de même que les modes d’incarnation d’un patriotisme européen en Allemagne qui se sont manifestés en Allemagne avant 1945 et dont la confrontation avec les réalités de la guerre a pu mener à des dilemmes.
La pensée politique est sans doute le domaine auquel on pense automatiquement dès lors qu’il s’agit de patriotisme. L’un des buts du colloque proposé ici est de diversifier les approches en montrant comment le patriotisme s’est manifesté dans des domaines tels que la culture, la science, l’économie ou le sport. Cette liste ne prétend pas à l’exhaustivité.
