Cartorik : une carte numérique de 63 lieux d'histoire franco-allemande

 
Publié le 4/06/2024 - Mis à jour le 5/06/2024

Le projet Cartorik présente la mémoire de lieux d'histoire franco-allemands depuis 1870. Lancé par l'Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ), la direction scientifique a été confiée à Corine Defrance, directrice de recherche au CNRS et Ulrich Pfeil, professeur de civilisation allemande au CEGIL.

La gare de Metz, la bataille de Gravelotte, le camp du Ban Saint-Jean, trois lieux d’histoire franco-allemande en Lorraine – trois parmi 63 autres, emblématiques et retenus pour la carte numérique d'histoire franco-allemande depuis 1870. Certains sont associés à une histoire traumatique : des batailles s’y sont déroulées, des massacres y ont été perpétrés ou bien ils sont liés à la Shoah : citons Leipzig, Buchenwald, Oradour-sur-Glane ou le Vel d’hiv. Pour d’autres, il s’agit de rapprochement, de réconciliation, de coopération et d’amitié : ainsi le Palais de l’Élysée, Aix-la-Chapelle, la ville de Charlemagne et du traité de 2019, le rocher de la Loreley sur les bords du Rhin avec la rencontre européenne de la jeunesse de 1951, ou Cottbus, alors en RDA, jumelé avec Montreuil depuis 65 ans. Cartorik présente à chaque fois l’histoire et la mémoire des lieux.

Ceux-ci se trouvent en France et en Allemagne, ou ailleurs : en Europe comme Séville – le fameux match de foot de 1982 – et parfois au-delà, au Bénin et au Togo par exemple, pour saisir leur double histoire coloniale. Certains sont très connus comme Versailles ou Weimar, d’autres non, suscitant la curiosité des internautes comme la librairie française de Françoise Frenkel, Juive polonaise, dans le Berlin de l’entre-deux-guerres.

Le projet « Cartorik » a été lancé par l'Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ), qui en a confié la direction scientifique à Corine Defrance, directrice de recherche au CNRS, SIRICE Paris, et Ulrich Pfeil, professeur de civilisation allemande à l'Université de Lorraine, Metz (CEGIL). Ça a été l'occasion d'associer des collègues, post-doctorants et doctorants du CEGIL à ce projet.

Cartorik s'adresse aux adolescents et aux jeunes adultes, mais aussi aux enseignants et aux animateurs de projets éducatifs et de jeunesse. Au départ, il y a une question : comment transmettre aux jeunes d'aujourd'hui, à la génération Instagram, le travail d’histoire et de mémoire qui s'est développé pendant des décennies ? Aujourd'hui, les jeunes ne peuvent plus guère interroger les témoins de l’histoire ou les survivants de la Shoah. Et l'avenir de la mémoire est toujours plus influencé par les réseaux sociaux. Sur Internet, c'est-à-dire en plein quotidien des jeunes, prospèrent la désinformation et la négation de l'histoire : un risque pour la démocratie et pour la paix en Europe.

Dans le cadre de la visite d'État d'Emmanuel Macron en Allemagne, Cartorik a été présenté le 27 mai 2024 au Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe (Berlin) en présence des présidents français et allemand ainsi que de Serge Klarsfeld et de son épouse Beate. Le récit par Serge Klarsfeld de la persécution de sa famille à Nice et des rafles de la Gestapo à l'automne 1943, dont les victimes ont été internées à l'Hôtel Excelsior avant leur transfert vers Drancy et la déportation à Auschwitz, a été particulièrement émouvante. Emmanuel Macron et son homologue Frank-Walter Steinmeier ont souligné l'importance particulière d'un tel projet : en effet, il offre aux jeunes, à l'école et dans des lieux d'apprentissage extrascolaires, la possibilité en Lorraine et ailleurs de s'approprier l'histoire à leur manière, avec de nouvelles questions et d'autres enjeux actuels.

Cartorik sera complété et développé au cours des prochaines semaines afin d'être disponible au grand public dans toute son ampleur et sa profondeur pour la rentrée 2024.


Photos : copyright Ulrich Pfeil

copyright Ulrich Pfeil
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