A l’occasion de la semaine de la biodiversité de l’Université de Lorraine, nous sommes allés à la rencontre de Fanny Marchant, chargée de projet Biodiversité à la direction du patrimoine immobilier.
Quel est votre parcours ?
Passionnée par le vivant sous toutes ses formes, j’ai débuté mes études dans le supérieur avec une licence en biologie cellulaire et physiologie des organismes à l’Université de Strasbourg. En parallèle de ma licence, je préparais mon concours d’entrée aux écoles d’ingénieur agronome. Cela m’a ouvert les portes de l’école Bordeaux Sciences Agro (BSA) au sein de laquelle j’ai étudié pendant 4 ans les sciences agronomiques incluant la gestion de l’environnement. Durant ces 4 années, j’ai également eu l’opportunité d’étudier chez un partenaire, la Nowegian University of Life Sciences où j’ai appris de façon plus approfondie l’écologie générale et la pollution des sols.
Durant ces années à BSA, j’ai aussi pu faire l’expérience d’une année de césure durant laquelle j’ai voyagé à la rencontre d’agricultrices et de leurs pratiques raisonnées dans diverses filières (maraîchages, viticulture, élevage).
Grâce à ces premières expériences, j’ai finalement pu affiner ce vers quoi je souhaitais me spécialiser : la gestion des ressources et de l’environnement.
J’ai obtenu mon diplôme en septembre 2023, à la suite d’un stage passionnant concernant des actions de renforcement des réservoirs de biodiversité et des corridors écologiques au sein de l’Agglomération de Pau dans les Pyrénées Atlantiques.
Quelles sont vos missions ?
J’ai intégré l’Université de Lorraine en décembre 2023 en tant que chargée de projet Biodiversité au sein de la sous-direction prospective et stratégie immobilière de la direction du patrimoine immobilier. C’est une création de poste témoignant à la fois de la volonté naissante de l’Université de Lorraine et d’une certaine nécessité de se saisir des enjeux de la biodiversité. Mes missions s’inscrivent dans une démarche de transition écologique, qui s’articulent autour de trois axes : le développement de la biodiversité, l’adaptation au changement climatique et la sensibilisation aux enjeux de la biodiversité.
Depuis mon arrivée, ma mission principale consiste dans un premier temps à établir l’état des lieux de la biodiversité présente sur nos campus. Cela permettra de mieux connaître le vivant, de mieux gérer et surtout de mieux protéger cette richesse ! Ensuite, il s’agira sur cette base, de proposer une gestion raisonnée et adaptée à chaque campus, à travers des actions de renaturation.
Dans ce cadre, je travaille en lien avec les différents acteurs techniques du territoire (collectivités territoriales et associations naturalistes). Il est en effet essentiel de travailler à l’échelle du territoire pour intégrer nos campus dans les continuités écologiques.
Lors de cet état des lieux, il s’agit également de mettre en place une base de données précise du foncier de l’université grâce au Système d’Information Géographique. Cette cartographie complétera le système d’information patrimonial (ABYLA) dédié aux bâtiments.
À l'instar de l'adaptation des bâtiments au changement climatique, il est nécessaire de transformer les extérieurs qui participent également à cette adaptation. Des actions de renaturation permettent par exemple d'apporter de l'ombrage et de la fraîcheur aux extérieurs mais également aux bâtiments, et donc à améliorer le bien-être des usagers !
Pour atteindre cet objectif, une grande part de mon travail consiste à sensibiliser et informer partout, tout le temps. Moi-même je ne cesse d’en apprendre tous les jours sur la complexité des écosystèmes qui nous entourent. La vulgarisation et la sensibilisation à ces enjeux sont essentielles car c’est la mise en récit de ces expériences qui permet d’éveiller aux causes actuelles d’érosion de la biodiversité.
Pourquoi la sensibilisation à la biodiversité est-elle importante ?
Si la crise de la biodiversité ne bénéficie pas du même niveau d’attention médiatique et politique que le changement climatique, elle n’en est pas moins importante.
Dans son rapport datant de 2019, l’IPBES, plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, estime qu’environ 1 million d'espèces animales et végétales sont menacées d'extinction et alerte sur un taux d’extinction d’espèces sans précédent : « La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier. »
L’image d’une biodiversité à préserver ne se situe pas uniquement dans les parcs naturels régionaux ou autres zones réglementées. La nature est partout, même en ville ! Les milieux urbains offrent une grande diversité de milieux. Chacun d’eux constitue un habitat favorable à certaines espèces végétales ou animales. Aujourd’hui, l’urbanisation gagne sans cesse du terrain, participant à la raréfaction des sols non imperméabilisés. Or, ce sont les lieux de vie d’un quart des espèces vivantes de la planète. La ville doit donc préserver des espaces pour la nature. Par souci éthique, pour permettre à la biodiversité d’exister, mais aussi parce que ces éléments naturels fournissent des services écosystémiques grâce auxquels les villes restent vivables, comme la régulation thermique, des barrières anti-pollution, des bénéfices sanitaires et culturels, etc.
Avec ce constat, quelques petits gestes peuvent permettre de freiner cette érosion. Balcon, terrasse, jardin, chacun peut se saisir, à la hauteur de ses moyens, de ces petits coups de pouces pour la nature !
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