Un job-dating à la Faculté de pharmacie de l'Université de Lorraine

 
Publié le 29/11/2023
Les pharmacies d’officine traversent depuis plusieurs années une crise de ressources humaines sans précédent. Preuve s’il en faut, « pharmacien » figure sur la 2e marche du podium des métiers les plus difficiles à recruter, selon la dernière enquête annuelle (2023) de Pôle Emploi sur le besoin en main d’œuvre. Malgré des disparités régionales, les origines de ce phénomène bel et bien national sont multifactorielles, parmi lesquelles figurent en bonne place les notions d’exercice éloigné des « zones métropolitaines ou universitaires » voire en zone dites « sous-denses », ou encore une perception dégradée de la profession par les étudiants ou jeunes diplômés.
 
C’est dans ce contexte que la Faculté de pharmacie de l’Université de Lorraine, consciente, et surtout soucieuse, des difficultés que traverse la pharmacie officinale a expérimenté en novembre 2023 l’organisation d’un forum de recrutement sous la forme de job-dating. L’objectif est simple : mettre en relation directe des pharmaciens-titulaires à la recherche de collaborateurs avec les étudiants de la Faculté en 6e et dernière année de la filière « officine » des études pharmaceutiques. 
Reprenant globalement les codes classiques du job-dating, chaque participant pharmacien/étudiant avait un échange individuel avec une rotation toutes les 15 minutes.
 
L’expérimentation, volontairement restreinte dans un premier temps, a rencontré un franc succès au vu des commentaires enthousiastes de l’ensemble des participants, pharmaciens-titulaires comme étudiants.
Pour Alexandre, titulaire dans le Pays-Haut lorrain, « Passer une petite annonce peut être frustrant car ne permet pas de rendre compte de toutes les spécificités du poste et de la particularité de l’officine, et souvent seul le critère géographique est pris en compte » ; l’exercice est « très enrichissant » car, selon Éric, titulaire dans le Lunévillois « contrairement à d’autres métiers, ni les pharmaciens-titulaires ni les étudiants ne sont coutumiers de ce type d'échange ». En effet, ces pharmaciens souhaitaient aller à la rencontre des étudiants pour « connaitre ou préciser les attentes » de ceux-ci ; cela a permis de « discuter à bâtons rompus », dans une « ambiance plus détendue qu’un entretien d’embauche formel ». 
Au final, tous ont été ravis de rencontrer des étudiants aux « profils différents », mais tous très « motivés », ce qui est « rassurant pour notre métier » - « ça m’a réconcilié avec la jeunesse » ose même ce titulaire en Meuse !
 

Enthousiasme manifestement partagé du côté des étudiant·es !

Amélie souhaitait « mieux se représenter les différents types d'officines dans lesquelles elle pourrait être amenée à travailler ».  Laura, elle, était plutôt curieuse « d’échanger avec des titulaires d'officines vers lesquelles elle ne se serait pas tournée spontanément ».
 
Le format leur a visiblement plu également : à l'inverse d’« une simple recherche géographique comme c'est souvent le cas quand on cherche du travail, le job dating permet de rencontrer des personnes et des projets différents et d'interagir autour de conceptions communes ou non de la pharmacie, et donne donc des perspectives différentes de son futur travail » ; cela constitue aussi « un bon entrainement pour préparer les entretiens d'embauche, on peut voir le genre de questions qu'on peut nous poser ! ».
Les étudiantes soulignent enfin le côté « très agréable et rassurant de rencontrer des titulaires motivés par leur métier et capables de présenter leur vision de la pharmacie ». Ce fut un « moment enrichissant à plusieurs niveaux » confirme Maëla qui permet de « découvrir une pharmacie intéressante sur plusieurs plans au-delà de sa situation géographique » ! 
Amélie, qui « ne pensait pas trouver un poste qui lui conviendrait », a même repris contact avec un pharmacien après le job dating, « car le poste qu'il proposait correspondait exactement à ce que je recherchais en termes de typologie d'officine ».
 
Au bout du compte, comme le souligne Émilie, titulaire en Meuse, ce moment a permis de « montrer aux étudiants qu’en s’éloignant un peu de Nancy, on peut aussi trouver un lieu de travail qui ‘‘coche toutes les cases’’ visiblement attractives aux yeux des futurs diplômés (exercice coordonné, nouvelles missions du pharmacien, environnement et horaires de travail agréables, robotisation, …) ».
 
Fort du succès de cette session-test réservée aux pharmaciens maitres de stage, la faculté espère miser sur le bouche-à-oreille pour pérenniser et étendre la manifestation à l’ensemble des pharmaciens de la région Lorraine. 
A suivre… !