Maxime Granier reçoit le prix du Sportif Lorrain de l'Académie de Stanislas

 
Publié le 7/02/2023 - Mis à jour le 14/04/2023

Le 15 janvier 2023, l’Académie de Stanislas a remis son prix du Sportif Lorrain à Maxime Granier, ancien étudiant en troisième année de licence de Management du Sport (MS) à la Faculté des Sciences du Sport de Nancy. 

C’est la première fois, depuis la création de ce prix, qu’un athlète handisport est récompensé. Portrait de cet étudiant et athlète au parcours extraordinaire.

 

Bonjour Maxime, pouvez-vous, s’il vous plait, vous présenter en quelques mots ?

Maxime : Je m'appelle Maxime Granier, et je viens de terminer une licence STAPS en Management du Sport à Nancy. Je suis handicapé moteur, à la suite d'un accident de naissance. J'ai une Infirmité motrice cérébrale donc je coordonne mal mes mouvements, je suis souvent fatigué et j'ai des mouvements parasites, problèmes de déglutition et d'élocution. J'ai donc réalisé mes années d'études en licence en deux années pour une, ce qui m'a permis de gérer mes études et les soins dont j'ai besoin (kiné etc).

Je suis un passionné de sports, même avec mon handicap j'ai toujours pratiqué un sport, avec quelques adaptations bien sûr. Notamment l'escalade que j'ai commencée dès la primaire, mais aussi l'équitation, le pilotage d'avions, le ski, etc. Aujourd'hui mon sport passion est le parachutisme, sur le versant outdoor d'abord, c'est à dire le saut d'un avion en tandem, mais aussi en complément la pratique en soufflerie (indoor). En 2018 j'ai créé l'association Handi'skydive, une association a but non lucratif dont le but est de favoriser la découverte et la pratique du parachutisme handifly pour les personnes en situation de handicap moteur. Parallèlement, je suis membre depuis plusieurs années de la commission handicap de la Fédération Française de Parachutisme.

Lors de notre dernier entretien, vous évoquiez la première édition de Handiboogie qui fut un franc succès (https://factuel.univ-lorraine.fr/node/15178). Que s'est-il passé depuis ?

Maxime : C'était en 2020 à Nancy Azelot. Cela s'était très bien passé mais cela devait rester un évènement ponctuel. Le ponctuel est devenu régulier puisque depuis nous avons organisé plusieurs journées de ce type, avec un peu plus de bénéficiaires, sur d'autres régions de France :

  • en 2021 à LENS (62) ;
  • en 2022 à LENS (62) et à PUJAUT (30)

En avril et mai prochains, deux nouvelles éditions auront lieu toujours sur Lens et Pujaut, ce qui nous permet de desservir le "nord" et le "sud" de la France. Devant le succès de ces journées, la Fédération de Parachutisme a décidé de co-organiser ces journées avec Handi'skydive. Nous allons aussi organiser une session de découverte de la soufflerie, au printemps, à Lille et des week ends de saut pour nos adhérents. Par ailleurs notre association a réussi à financer 5 combinaisons de saut pour tandem "handifly", c'est à dire des combinaisons munies d'un harnais spécifique permettant au moniteur de relever les jambes du "porté" au moment de l'atterrissage. Cela permet de faire également sauter des personnes qui n'ont pas la possibilité de relever elles-mêmes spontanément leurs jambes sur demande. Ces combinaisons ont été remises en prêt longue durée à des clubs/moniteurs et à la fédération pour les sauts handifly, les compétitions et stages. 

Aujourd'hui, où en êtes-vous sportivement parlant ? De nouveaux titres à votre actif ? Des compétitions à venir ?

Maxime : J'ai été champion de France de voltige handifly en 2019, 2021, 2022 ; et j'avais gagné le Handifly International Challenge en Russie puis au Portugal en 2018 et 2019 mais ce championnat n'a pas été renouvelé donc j'espère une autre édition internationale dans les années qui viennent. Je continue de m'entraîner, à Nancy, à Lens, en stage d'entrainement, globalement je saute une vingtaine de fois par an. J'aimerais sauter plus souvent mais hélas la distance et la météo freinent parfois mon envie !

Le prochain championnat de France aura lieu à Orleans, en septembre, je remets une fois de plus mon titre en jeu, avec des concurrents bien décidés à me battre, ils améliorent régulièrement leurs performances à un moment où il devient plus difficile pour moi d'améliorer les miennes (ceci dit sans aucune prétention, c'est juste logique : il est difficile de réaliser les 4 tours demandés en un temps plus court et mon handicap reste le même quoi qu'il arrive.). Mais j'essaie ! Je ne lâche rien ! C'est challengeant en tout cas.

Vous avez brillamment obtenu votre licence en management du sport (Maxime a terminé l’année major de promotion, avec l'une des meilleures moyennes obtenues, toutes promotions de MS confondues), quels sont vos projets professionnels ?

Maxime : Dans tout ce que j'entreprends je me donne à fonds et plus encore. Cela parait peut-être peu compréhensible à un valide, mais chaque geste est un effort dans mon cas. Un simple écrit de quelques lignes me prend du temps sur mon ordinateur, tout demande une organisation au cordeau et chronophage. Cela induit de la fatigue, des contractions musculaires. J'avais envie d'aller plus loin mais force a été de constater que la dernière année de licence m'a demandé beaucoup au plan physique. Alors j'ai décidé de ne pas entamer un Master, qui devait à l'origine se dérouler sur Nancy mais qui finalement devait se passer en semi-présentiel à Strasbourg, ce qui changeait beaucoup de choses pour mon organisation. 

Pour ce qui est de mon avenir professionnel, je souhaite bien sûr travailler dans le management du sport. J'ai a priori un service civique en vue dans le secteur du parachutisme mais rien n'est encore fait. C'est un peu compliqué.  Clairement, mon handicap, mes difficultés d'élocution, aux yeux d'un recruteur, sont un obstacle. Mais j'espère que ma volonté et mes réalisations notamment au sein de mon association feront un jour la différence. Par exemple les recruteurs dans le sport ne savent que trop peu que l'Agence Nationale du Sport alloue une aide non négligeable pour l'emploi d'une personne handicapée.  En tout cas, j'avoue que la situation actuelle : je ne suis plus étudiant mais pas encore embauché, ne me met pas vraiment à l'aise. L'inactivité ce n'est pas mon truc.

Donc je profite de cet article pour lancer un appel :  Jeune licencié handi sportif motivé cherche un job dans le management du sport !

Vous avez reçu le prix de l'Académie de Stanislas, quelle a été votre réaction à l'annonce de cette récompense ?

Maxime : J'étais un peu scotché. Je me suis retrouvé dans les salons de l'Hôtel de Ville, face aux membres de l'Académie de Stanislas, entouré de personnes qui en toute franchise ont pour la plupart réalisé des choses vraiment très remarquables, moi le gars en fauteuil, tout juste sorti de STAPS...  C'est quand même impressionnant cette cérémonie, je n'y suis pas habitué. En tout cas cela a été comme une clôture de mes études, avec ma famille et amis, professeurs, autour de moi. Un beau moment, je m'en souviendrai longtemps. 

Qu'est-ce qu'implique ce prix ?

Maxime : C'est une reconnaissance, un encouragement, et puis bien sûr un honneur qui donne envie de continuer à faire le mieux possible, ce pour quoi on a été reconnu. Cela implique une forme d'obligation morale pour moi à ne pas baisser les bras. 

L’année 2023 a débuté, que pouvons-nous vous souhaiter ?

Maxime : Alors ce que je voudrais avant tout c'est trouver un job intéressant dans un délai pas trop long ! Que les gens ne se disent pas : " trop handicapé", " ça va être compliqué" mais plutôt, "ok, qu'est-ce qu'il peut nous apporter au-delà des quelques contraintes induites". Oui, on peut rêver. Moi je continue de penser que c'est possible.