Le forum Les jeunes dys et l’emploi, organisé par la mission handicap de l'Université de Lorraine avec le soutien financier du fonds de dotation de la Caisse d’Epargne Lorraine Champagne-Ardenne le 20 novembre 2014, a proposé des échanges autour de l’accès à l’emploi des personnes atteintes de troubles cognitifs de type dys. L’occasion d’échanger plus largement sur l’emploi des personnes en situation de handicap avec Jean-Pierre Barbot, chargé de mission mécénat d‘intérêt général au sein du fonds de dotation de la Caisse d’Epargne Lorraine Champagne-Ardenne, Francine Pariset, gestionnaire de carrière et référente handicap à la Caisse d’Epargne, Amar Sahki, chargé de clientèle à la Caisse d’Epargne, et Yves Cardellini, référent handicap à l’Université de Lorraine.
Le forum Les jeunes dys et l’emploi a été financé par le fonds de dotation de la Caisse d’Epargne Lorraine Champagne-Ardenne, à qui il a été présenté par l’intermédiaire de la Fondation NIT …
Jean-Pierre Barbot : Oui. Le fonds de dotation de la Caisse d’Epargne Lorraine Champagne-Ardenne a comme objectif principal la lutte contre l’exclusion, avec trois pans principaux : l’insertion par l’emploi, l’autonomie des personnes et la satisfaction des besoins fondamentaux. Nous soutenions donc déjà plusieurs d’actions dans le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche, comme par exemple la Fête de la Sciences ou l’épicerie solidaire Agoraé, créée l’année dernière à Nancy.
Yves Cardellini : Il y avait aussi des liens avec le Service d’intégration scolaire et universitaire (SISU) pour le placement des étudiants en situation de handicap.
Jean-Pierre Barbot : Oui, effectivement. Nous avons aussi financé un logiciel et un écran pour le SISU, par exemple. La création de la Fondation NIT a permis de rassembler nos différentes démarches, et aussi d’élargir notre activité, avec comme point de convergence le souci d’apporter une aide aux étudiants précaires, ce qui passe par un soutien financier à la fondation. C’est dans cet esprit que nous avons apporté notre soutien au forum handicap d’aujourd’hui sur l’emploi des personnes atteintes de troubles cognitifs comme les « dys », dyslexie, dysphasie, dysgraphie, etc.
Quelle est l’action de la Caisse d’Epargne pour l’accueil des personnes en situation de handicap ?
Francine Pariset : Nous recevons des étudiants en alternance, avec l’objectif de réussir le passage au CDI. Ceci, quel que soit la situation de la personne, qu’elle soit handicapée ou non. Notre philosophie principale est que nous recrutons des compétences, pas un handicap ! On ne peut pas avoir un métier sans qualification, notre exigence est la même envers tous nos personnels, surtout lors du recrutement.
Amar Saki : C’est tout à fait ce que j’ai ressenti en débutant en alternance pour une reconversion. J’étais dans l’hôtellerie, et suite à un accident j’ai perdu l’usage de la jambe gauche : difficile de continuer dans cette voie … Et je suis dyslexique … Et malgré cela, je suis aujourd’hui gestionnaire de clientèle particulier en CDI !
Yves Cardellini : La formation en alternance est vraiment intéressante pour les étudiants handicapés, car elle permet de résorber les craintes qu’ils peuvent concevoir sur leur accueil en entreprise. Beaucoup ont peur de ne pas être acceptés par leurs collègues, d’être automatiquement refusés lors de l’entretien d’embauche, ou ne se sentent pas assez sûrs d’eux. L’alternance leur permet de se rendre compte qu’ils ont leur place en entreprise et que l’employeur peut mettre des dispositifs en place pour leur accueil.
Francine Pariset : C’est aussi intéressant pour l’entreprise elle-même. Car si ça permet à l’étudiant de mieux comprendre l’entreprise, et d’avoir moins peur de se présenter avec son handicap, c’est aussi une ouverture pour les personnels de l’entreprise, qui sont parfois, de manière plus ou moins consciente, soumis à certains a priori. A priori qui disparaissent rapidement. J’ai en tête l’exemple touchant d’une jeune fille sourde que nous avons accueilli pour un job d’été. Plutôt réservé, 18 ans, pas très sure d’elle, elle était accompagnée au départ d’une interprète, puis, petit à petit, le sérieux de son travail a complètement fait disparaître les barrières avec l’équipe. Jusqu’à ce qu’ils trouvent ensemble leur mode de communication, en passant notamment par l’écrit, avec les mails et les sms.
Amar Sahki : L’environnement compte énormément. Pour ma part, j’ai été soutenu par tous mes directeurs d’agence, qui ont vraiment cru en moi.
Francine Pariset : C’est le premier facteur de réussite : l’humain. Il y a certes les dispositifs, mais le premier levier, c’est l’humain.
Amar Sahki : Oui, je crois que ce qui m’a le plus porté, c’est que jamais on ne m’a renvoyé une image de personne handicapée, mais qu’on m’a toujours poussé à accomplir le maximum de mes capacités. D’accord, on ne me demande pas de faire des travaux de force, mais sur mon cœur de métier, on ne me demande pas moins que les autres.
Yves Cardellini : C’est le message qu’on essaie de faire passer à l’université auprès des étudiants : ne minimisez pas vos compétences au profit de votre handicap. C’est pour ça que notre accompagnement est essentiel auprès des jeunes. Mais ce message doit aussi passer auprès des entreprises : expliquer les pathologies, sensibiliser les équipes, adapter les postes de travail, etc.
Francine Pariset : Ça, c’est mon travail, celui du référent handicap. Notre cheval de bataille, c’est aussi de transmettre cette culture aux équipes dirigeantes. Comme nous tous, elles ne sont pas à l’abri des a priori sur les handicaps, et pas toujours au courant des bonnes pratiques. En les sensibilisant, de nouvelles procédures et dispositifs sont mis en place, voire intégrés à la culture d’entreprise, ce qui rend naturel l’accueil des personnes handicapées.