L'Université en Lorraine fête cette année son 450ème anniversaire, à sa ville natale, Pont à Mousson. Fondée en 1572, l'université devient un véritable centre de foisonnement culturel participant au rayonnement de la ville, et ce durant 200 ans, jusqu'à son transfert à Nancy au 18ème siècle. Dans une volonté de mettre en avant l'histoire locale, la Mairie de Pont à Mousson s'associe à l'Université de Lorraine pour proposer une série de temps forts destinés à tous.
Le 21octobre, Arnaud Fischer enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine propose la conférence suivante :
L'Esprit de la Renaissance - Paysages et chemins d'un bouleversement scientifique
Dans l’inconscient collectif actuel, la Renaissance représente ce moment privilégié de l’histoire européenne qui, au crépuscule du Moyen Âge, remet au goût du jour l’héritage antique qu’elle va magnifier. On lui associe à juste titre un essor artistique sans précédent dont témoignent encore les réalisations de Michel-Ange ou de Raphaël, nombre de joyaux architecturaux mais aussi les chansons profanes de Janequin ou les messes de Palestrina. La littérature de l’époque bénéficie, elle aussi, d’un élan nouveau qui consacre les humanistes tels Érasme, Ronsard ou Montaigne. Le contexte territorial, en pleine évolution après la chute de Constantinople et la prise de Grenade, voit les navigateurs ouvrir les portes d’un Nouveau Monde qui va faire connaître en Europe d’inédites ressources bientôt étudiées par la botanique naissante. De fortes personnalités telles que Charles Quint, François Ier ou Henri VIII jalonnent cette période écartelée par les luttes liées à la Réforme et durant laquelle religion et politique se mêlent plus que jamais. Moins connu, en revanche, est l’extraordinaire renouveau scientifique qui coïncide avec ce paysage déjà riche et mouvementé. Aux Grandes découvertes répond une cartographie en pleine expansion. Lorsqu’ils lèvent l’ancre, les marins de Magellan s’apprêtent, pour la première fois, à prouver par l’expérience que la Terre, comme l’avaient imaginé certains Grecs, est sphérique – du moins le pense-t-on à l’époque... Bientôt, les disciples de Copernic retireront à notre planète sa position centrale dans l’Univers, provoquant une révolution que l’Église mettra des siècles à pardonner. Utilisant le papier et l’imprimerie qui multiplient les opportunités de diffusion, les anatomistes, passés maîtres dans l’art de disséquer, remettent en question les théories médicales de l’Antiquité tandis que la chirurgie gagne enfin ses lettres de noblesse en soignant les blessures causées par les très récentes armes à feu. Miroirs, loupes et lentilles se perfectionnent, apparaissant sous le pinceau d’artistes fascinés par la science optique à laquelle leurs anamorphoses rendent hommage. Chez Alberti ou Dürer, la perspective fait cause commune avec une géométrie mise à l’honneur par les mathématiciens qui, à la même époque, dotent leur langage de symboles encore en vigueur aujourd’hui. Les individualités hors du commun comptent dans leurs rangs le céramiste Palissy ou le mathématicien Viète, qui conteste la réforme grégorienne du calendrier et s’engage par ailleurs dans le décryptage de messages codés révélant des complots contre différents souverains. Personnage emblématique de l’ouverture d’esprit de la Renaissance, Léonard de Vinci – célèbre pour sa production artistique – est aussi un anatomiste chevronné, un génial concepteur de machines volantes ou d’engins de guerre et un pionnier en matière de paléontologie. En resituant l’essor scientifique et technique des quinzième et seizième siècles dans son contexte politique, littéraire et artistique, cette conférence se propose de lever le voile sur un aspect méconnu d’une Renaissance qui n’a pas concerné que les arts et les lettres mais s’est également révélée cruciale dans la construction de la connaissance actuelle.
Évènement gratuit.