[Changement de sujet : Les Contes d’Hoffmann ou le Reflet retrouvé de Jacques Offenbach]
Dès le Prologue des Contes, J.Offenbach et son librettiste, Jules Barbier évoquent les amours d’Hoffmann, un poète, buveur, séducteur proche du Don Giovanni de Mozart dont l’opéra se déroule parallèlement aux Contes.
L’œuvre est créée le 10 février 1881, il y a presque 140 ans exactement à l’Opéra-Comique. Mais le jour de la création, le compositeur repose au cimetière du Montparnasse depuis 4 mois. L’opéra est un triomphe mais, ironie du sort, c’est un triomphe posthume. Pied de nez de l’histoire à un musicien qui rêvait de trouver sa place comme compositeur d’opéras parmi ses illustres aînés dont Mozart est le paradigme.
Mais à la faveur de cette évocation des amours d’Hoffmann, se révèlent aussi, deux hommes dans le même homme : le compositeur Jacques Offenbach qui met en musique la pièce écrite « Les contes fantastique d’Hoffmann » et l’homme Offenbach dont l’histoire complexe va se fondre avec celle de son personnage Hoffmann. Là se trouve le fantastique.
Derrière l’homme à la baguette légère composant à la chaine des opéras-bouffes où la satire le dispute au rire apparaît un homme plus secret, blessé d’avoir comme il l’écrit « été coupé des siens très tôt – son père l’amène à Paris et l’y confie à 14 ans à la communauté juive - obligé de travailler à un âge où les enfants vont à l’école, privé de l’amour de ceux qui sont restés de l’autre côté de la frontière ». Abandon, coupure, désespoir.
Hoffmann le poète de l’opéra devient un double d’Offenbach le compositeur qui raconte son enfance et sa jeunesse (Olympia), sa passion dévorante pour la musique (Antonia) et le désabusement morbide (Gulietta).
C’est précisément cette dualité entre fiction et souvenirs que nous évoquerons en commentant l’œuvre de Jacques Offenbach.
Jean-Pierre Vidit
Président du Cercle Lyrique de Metz