La mixité est un sujet complexe en entreprise. Alors que certains hommes peuvent se sentir exclus ou culpabilisés, certaines femmes peuvent refuser une approche de « rattrapage » qui les stigmatise. Et comment évoluer au diapason des évolutions sociétales ? Ce sont ces questions et bien d'autres qui parcourent Remixer la mixité - Femmes + Hommes : parler et agir autrement, co-dirigé par Armelle Carminati-Rabasse,Marie-Christine Mahéas, Patrick Scharnitzky. Pour en savoir plus sur la genèse et la portée de cet ouvrage, nous avons posé 3 questions à Marie-Christine Mahéas, qui a sollicité Viviane de Beaufort (ESSEC) et Pascal Tisserant (Université de Lorraine) pour un chapitre consacré aux étudiant.e.s.
Pourquoi un livre sur la mixité et à qui s'adresse-t-il ?
Nous avons le sentiment que les dernières années ont été riches en événements et mutations qui ont eu un impact majeur sur la question de la mixité en entreprise. Nous avons eu envie de décoder ce nouveau monde « mixité » dont nous héritons pour ensuite essayer de définir ce qui, en conséquence, doit être modifié dans l’approche, dans les programmes, dans les initiatives mixité. L’exemple le plus emblématique est probablement #MeToo : qu’est-ce que #MeToo a changé dans la société, et que doit-on faire en entreprise pour en tenir compte ?
Comment a-t-il été conçu ? (démarche, auteur.e.s, ..)
Patrick et moi avons déjeuné avant le premier confinement et cette idée est apparue qu’il fallait tenter d’aider notre écosystème « mixité » en faisant cette analyse du nouveau monde, pour apporter de nouveaux outils. Nous sommes vite partis sur l’idée d’un collectif afin de réunir un maximum d’expertise terrain, concrète. Nous avons proposé à Armelle de se joindre à la coordination du projet afin de bénéficier de son expérience très longue !
Nous avons ensemble défini la table des matières : quelles sont ces mutations que nous avons identifiées, sur quel terrain se situent-elles (société, entreprise ?) et quelles solutions mettre en place pour embrasser cette nouvelle donne, auprès de quel public ? nous avons constaté que la question des mots que l’on utilise est primordiale, c’est pourquoi nous y avons dédié une partie entière.
S’en est suivi le choix des co auteurs et autrices, une passionnante plongée dans le monde des experts, un travail d’exploration qui nous a amenés à appeler des personnes que nous connaissions, ou dont nous avions seulement lu des travaux et qui nous semblaient les plus à même de traiter le sujet. Nous avons souhaité constituer un binôme d’auteurs ou autrices pour chaque chapitre, dispositif garant d’une remise en question ou challenge réciproque ! ce fût évidemment complexe à constituer mais cela a été l’occasion pour quasiment tous d’une expérience unique !
Quelle place l'université joue-t-elle dans ce discours sur la mixité adressé au monde de l'entreprise ?
Il nous a semblé primordial de traiter du sujet des étudiants et grâce à Viviane de Beaufort (ESSEC) et Pascal Tisserant (Université de Lorraine), nous bénéficions d’un chapitre exhaustif sur cette problématique : on l’entend beaucoup, la non mixité de beaucoup de filières entraîne des difficultés de recrutement pour beaucoup d’entreprises puisqu’elle n’ont accès parfois qu’à la moitié (filles ou garçons) des talents pour les métiers très genrés. Cette non mixité est également responsable d’énormément de vocations « ratées » : en caricaturant, une fille peut passer à côté d’une carrière d’ingénieure où elle aurait pu s’épanouir, un garçon peut passer à côté d’une carrière passionnante d’avocat… l’université a évidemment un rôle à jouer pour décloisonner les filières, pour donner à tous l’accès à l’ensemble des possibles. Par ailleurs, la formation de la ou du futur(e) manager responsable est également du rôle de l’université : un(e) étudiant(e) sensibilisé(e) aux violences sexistes et sexuelles, à la discrimination, aux stéréotypes et biais de genre, est un(e) manager qui saura en parler dans ses équipes. Voilà le rôle de l’université. Pour pouvoir faire cela, une étape nécessaire est celle d’atteindre une gouvernance « équilibrée » des établissements d’enseignement supérieur, cette mixité au sommet permettant d’accélérer la mise en place de ces programmes de sensibilisation et d’assurer leur pertinence.
>> Pour en savoir plus sur le site du livre Remixer la mixité