Chaque année, un financement suite à l'appel à Projets "Manifestations scientifiques d'envergure intermédiaire" (MIMoy) est octroyé aux chercheurs organisant des événements scientifiques. Rencontre avec Philippe Perrin, directeur du laboratoire DevAH (Développement, Adaptation et Handicap) qui a obtenu un financement en 2021 pour l'organisation d'un colloque international autour de la posturographie, l'ESCEBD.
Factuel : pouvez-vous vous présenter ?
Philippe Perrin : "Je suis Professeur en Physiologie et équilibration, enseignant à l'UFR STAPS et directeur du laboratoire DevAH (Développement, Adaptation et Handicap) à l’Université de Lorraine et praticien hospitalier ORL, directeur du laboratoire d’Analyse de la Posture, de l’Equilibration et de la Motricité au CHRU de Nancy.
Mes domaines de recherche sont l’évaluation :
- des modifications des stratégies de contrôle de l'équilibre en fonction de l’âge, des activités physiques et sportives pratiquées, des pathologies (oreille interne, système nerveux central, musculo-squelettiques…),
- de la susceptibilité au mal des transports,
- de la gestion des situations de doubles tâches,
- des programmes de rééducation (en particulier en lien avec le développement de Nancy Thermal).
Factuel : Quel est l'événement pour lequel vous avez eu un financement suite à l'appel à Projets "Manifestations scientifiques d'envergure intermédiaire" (MIMoy) 2021 et à qui s'adresse-t-il ?
Philippe Perrin : "Notre équipe organise, habituellement à Nancy, tous les ans depuis 2005, un colloque international : European Society for Clinical Evaluation of Balance Disorders (ESCEBD, Président Ph. Perrin) visant en particulier à déterminer les paramètres les plus pertinents dans l’analyse de la posture pour apprécier les spécificités sensori-motrices du sujet sain, selon l’âge, les pratiques sportives, les dysfonctionnements pathologiques et les effets dépendants du contexte environnemental. Le thème principal du 17ème Congrès de l’ESCEBD a été la physiopathologie du mal des transports et du mal de débarquement, leur prise en charge thérapeutique, en particulier, l’intérêt de la posturographie et de la réalité virtuelle. La théorie la plus communément admise pour expliquer le mal des transports est celle d’un conflit entre les entrées vestibulaires (oreille interne), visuelles et proprioceptives – en particulier d’un conflit vision-oreille interne –, stimulées par le mouvement en cours. Ces discordances par rapport à ce qui serait attendu peut générer une symptomatologie invalidante.
Les participants sont ORL, neurologues, rééducateurs, pédiatres, gériatres, neurochirurgiens, ophtalmologistes, psychologues, chercheurs en biomécanique et en neurosciences, kinésithérapeutes, spécialistes en activités physiques et sportives…) et sont non seulement européens (Belgique, Danemark, France, Islande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Suède, Suisse), mais également d’Amérique du Nord (Canada : Vancouver, USA : Chicago, Philadelphie), d’Afrique du Nord (Maroc, Tunisie) et d’Asie (Liban…).
Factuel : quels sont les enjeux scientifiques liés à votre événement ?
Philippe Perrin : "Le mal des transports et la dépendance visuelle excessive peuvent être à l’origine d’un handicap dans de nombreuses professions (chauffeurs routiers, salariés du BTP, personnel dans les ambulances et les véhicules de pompiers, hôtesses de l’air, sportifs…). Les études présentées s’attachent, par une meilleure compréhension de la physiopathologie, à sélectionner des actions thérapeutiques, dont l’usage de la réalité virtuelle, visant à limiter ou à réduire l’intensité du handicap généré : «mieux comprendre pour mieux traiter». Un des objectifs est le développement d’outils d’investigation à intérêt clinique et en entreprise dans le monde du travail.