[Prix littéraire Léonora Miano] Portraits croisés de Tonia et Laurent, membres du jury
Chaque semaine deux nouveaux portraits à découvrir en lien avec le prix littéraire Frontières Léonora Miano ! Cette semaine, faisons connaissance avec Tonia Raus, enseignante-chercheur à l'Université du Luxembourg et Laurent Thurnherr, de la Direction du Développement Culturel & Artistique, Département de la Moselle.
Factuel : Pourquoi avoir accepté de participer à cette 1ère édition du Prix littéraire-Frontières Léonora Miano lancé par l'Université de Lorraine &
l'Université de la Grande Région ?
Tonia Raus : "La rencontre avec des récits que je n’aurais peut-être pas lus en dehors du Prix littéraire « Frontières Léonora Miano », la confrontation aux différentes formes de frontières - géographiques, culturelles, linguistiques - et aux différents territoires personnels qui y sont reliés, l’échange avec des lectrices et lecteurs tous azimuts étaient autant de promesses qui m’ont donné envie de participer à ce jury - et les promesses ont été largement tenues."
Laurent Thurnherr : "Parce qu’il est important de se plonger dans des lectures pour s’évader et comprendre les différentes interprétations de la notion de frontière. Je pense que nous avons tous un vécu vis-à-vis de ce concept et que, en tant que responsable d’une maison de l’un des Pères de l’Europe, il est nécessaire de se rendre compte que nous avons tous une histoire intime avec elles."
Factuel : Qu'évoque pour vous la thématique de la frontière dans votre quotidien ?
Tonia Raus : La participation à ce jury m’a fait prendre conscience de ma relation paradoxale à la notion de frontière. Alors que je suis de la génération qui a vu tomber les frontières en Europe - j’ai un souvenir très précis de la chute du mur de Berlin, j’avais 10 ans et, adolescente, j’ai suivi le processus de l’accord de Schengen - ces dernières années de nombreuses et nouvelles frontières matérielles et symboliques se sont érigées, y compris au sein de l’UE, dans une espèce de résignation collective. La littérature, souvent, explore ces frontières pour nous les rendre plus visibles, plus sensibles aussi.
Laurent Thurnherr : Pour moi, la frontière est un marqueur de l’histoire et des cultures. Sans histoire, les frontières ne se seraient pas élevées entre des pays et ne seraient pas tombées par la suite dans l’espace Schengen. La question des frontières est également un sujet fort que l’on aborde dans l’Europe actuelle et, plus particulièrement sur le territoire mosellan qui a, par le jeu des mouvements du « liseret vert » (nom donné à la frontière dessinée par Bismarck en 1870). Nous sommes ici sur un territoire qui a été chahuté entre différentes nationalités et pourtant les gens sont ici restés les mêmes et n’ont pas pour autant changé leur culture. Ils ont juste regretté, après 1871 et 1918 notamment que d’autres ont décidé pour eux et les ont empêché de continuer à échanger avec des amis et des familles qui sont alors devenus des voisins.
Factuel : Quel livre a marqué votre vie et pourquoi ?
Tonia Raus : "Différents livres scandent les différentes périodes de ma vie et de ma vie de lectrice. Leur relecture ravive ces époques et les connecte avec mes lectures présentes. Plus récemment, les textes d’Eugène Savitzkaya, Marie Darrieussecq ou Antoine Wauters m’accompagnent."
Laurent Thurnherr : Un Héros très discret de Jean-François Deniau car il montre une nécessité humaine d’apprendre à se connaître pour pouvoir être, que les histoires que l’on s’invente ne sont, au bout du compte, pas les meilleures.
Tonia Raus est professeur adjoint en langue et littératures françaises et leurs didactiques (décharge MENJE). Après avoir soutenu sa thèse sur la mise en abyme chez Georges Perec, elle poursuit ses recherches en narratologie, notamment dans le domaine des métarécits. Par ailleurs, elle s’intéresse à la littérature luxembourgeoise, en particulier d’expression française. Elle enseigne au sein du Bachelor en Cultures Européennes et dirige la filière « Français » du Master en enseignement secondaire. Dans ce contexte, elle mène actuellement des travaux en didactique de la littérature et sur la configuration disciplinaire du français dans l’enseignement secondaire luxembourgeois. Depuis 2018, elle anime le séminaire « Libre Cours » pour une didactique du français au Luxembourg. Plus
Laurent Thurnherr Historien et historien d’art, après avoir géré le Musée Georges de la Tour (Vic-sur-Seille), Laurent Thurnherr assure depuis 2017 la direction de la Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles et celle du musée départemental de la Guerre de 1870 et de l’Annexion à Gravelotte. Complémentaires, ces sites du conseil départemental de la Moselle assurent une fonction pédagogique, scientifique et citoyenne : Maison de Robert Schuman et Musée de la Guerre de 1870.
Les livres sélectionnés pour le prix
RV le samedi 19 juin au Festival "Littérature et Journalisme" de Metz pour la remise du prix aux lauréats !