Trésors des BU : les médecins voyageurs au XIXe siècle

 
Publié le 9/12/2020 - Mis à jour le 5/01/2023
Trésors des BU : les médecins voyageurs au XIXe siècle

Les bibliothèques universitaires de Lorraine conservent des trésors patrimoniaux cachés des yeux du public. Ce mois-ci, découvrez une sélection de documents sur les médecins voyageurs au XIXe siècle.

La fièvre d’observation et l’engouement pour le voyage qui marquent la vie savante du XIXe siècle n’a pas épargné les médecins de l’époque. Ces voyages relèvent le plus souvent des missions médicales promues par des institutions de premiers plans, comme l’Institut Pasteur et l’Académie des Sciences de Paris.

Nombre de rapports de ces missions qui ont fait progresser les connaissances médicales sont conservés dans les collections patrimoniales universitaires.

Parmi les plus notables, on relève le rapport de la mission à Gibraltar, en 1828, qui avait comme objectif d’établir les causes de l’épidémie de fièvre jaune. La recrudescence de la maladie soulevait la question des méthodes prophylactiques et de l’efficacité des quarantaines, et une polémique qui enflammait les débats des médecins de l’époque rangés entre « contagionistes » et « anticontagionistes », ceux qui défendaient l’hypothèse des causes physiques et locales dans la propagation de la maladie : le mauvais air, la mauvaise nourriture, le climat, etc.

Le rapport de la mission, Documens [sic] relatifs à l'épidémie de fièvre jaune qui a régné à Gibraltar en 1828 (Paris : Impr. royale, 1830-1831) est constitué de deux volumes accompagnés d’un riche apparat illustratif de plans de Gibraltar et de ses quartiers périphériques, comme celui de la Caleta (fig. 1). Dans ce dernier plan sont indiqués les noms des familles auprès desquelles les médecins avaient mené une enquête détaillée sur les modes de vie, les déplacements, la salubrité de la maison, les rencontres avec des personnes extérieures au foyer, etc.

Les bibliothèques universitaires conservent aussi, à côté de ces rapports officiels, les notes recueillies pendant les expéditions militaires qui fournirent aux médecins un terrain d’observation et d’expérimentation important, dans des territoires très lointains et des conditions extrêmes.

On rappellera, parmi d’autres témoignages, le livre de Joseph-Romain-Louis Kerckhoffs (1789-1867) : Observations médicales faites pendant les campagnes de Russie en 1812 et d'Allemagne en 1813 (Maestricht : Nypels, 1814).

Il importe de signaler les récits d’aventures exploratoires plus personnelles, comme le Voyage médical autour du monde… Rapport sur l’état sanitaire de l’équipage pendant la durée de la campagne, avec quelques renseignements sur des pratiques empiriques locales … (Paris : Roret, 1829) écrit par le chirurgien et naturaliste René Primevère Lesson (1794-1848).

L’auteur décrit l’expédition scientifique de trois ans sur la corvette du roi, la Coquille, qui prit le large à Toulon, le 11 août 1822. L’ouvrage est un précieux témoignage médical et ethnographique qui rapporte, à côté des maladies atteintes par l’équipage ou qui régnaient dans les territoires explorés, les activités autochtones les plus variées, de la pêche des trépangs à Tahiti, au tatouage et à la teinture des étoffes et les parures des peuples d’Océanie, avec des riches informations botaniques.

Dans L’histoire des constitutions épidémiques de Saint Domingue… (Montpellier : Picot, 1821), Jean-Baptiste-René Pouppé Desportes (1704-1748), réunit ses observations médicales tout le long de son expérience comme médecin du roi dans la colonie française de Saint Domingue. Il décrit les maladies et les traitements qu’il utilise, notamment à base de plantes locales.

On aimera rappeler encore la relation d’un grand voyageur qui fut Louis Valentin (1758-1829), médecin de Nancy. Dans son livre Voyage en Italie fait en l'année 1820 (Paris : Gabon et Compie libr., 1826) (fig. 2) il raconte son périple dans la péninsule :

« Je me suis occupé spécialement de l’état présent des sciences médicales, des hôpitaux, des établissements de bienfaisance, des universités, des collections d’histoire naturelle et d’antiquités, des bibliothèques, des jardins botaniques, des eaux minérales, et par occasion, de quelques observatoires ».

Ce récit fait état des préoccupations communes dans le monde de la médecine de l’époque et offre un panorama original de la situation sanitaire et des progrès de la médecine en Italie, au début du XIXe siècle.

 

Figures

Fig. 1. Plans de la Caleta dans N. Chervin, P.C.A. Louis, A. Trousseau, Documens [sic] relatifs à l'épidémie de fièvre jaune qui a régné à Gibraltar en 1828 (Paris : Impr. royale, 1830-1831) [côte : 132036]

Fig. 2. Page de titre de Louis Valentin, Voyage en Italie fait en l'année 1820 (Paris : Gabon et Compie libr., 1826) [côte : 131682]

Documens [sic] relatifs à l'épidémie de fièvre jaune qui a régné à Gibraltar en 1828
Voyage en Italie fait en l'année 1820