Lee Fou Messica revient sur la politique de relations publiques notamment vers les scolaires et les étudiants, mise en place avec son équipe, depuis son arrivée à l'espace Bernard-Marie Koltès.
Quel constat avez-vous fait sur les liens entre public étudiant et scolaire et public du théâtre ?
Quand je suis arrivée (ndlr en 2018), j’ai assisté à la fin de saison et j’ai remarqué qu’il y avait un public jeune présent, mais relié exclusivement à des projets. Il n’y avait pas vraiment de politique orientée vers eux, le théâtre ne sortait pas vraiment de ses murs. La première chose que nous avons mis en place a été d’aller vers les gens et non pas d’attendre qu’ils viennent vers nous, en faisant des présentations de saison. Ça a été beaucoup plus facile avec l’arrivée d’Edith Maggipinto, chargée des relations avec les publics, et Louise Dupouy, chargée de mission médiation et communication. Le but était de rendre le public conscient de cette proposition culturelle sur le campus.
Quelles décisions ont été prises suite à ce constat ?
Nous avons pris contact avec le maximum d’enseignants et de responsables d’UFR, pour qu’ils acceptent que l’équipe du théâtre intervienne dans leur cours. Et dès la rentrée, nous avons présenté aux étudiants la programmation des spectacles et des ateliers.
Nous avons organisé des présentations de saisons, des interventions en amphi avec diffusion de supports (brochure de saison, programme des ateliers), avec l’appui d’un étudiant vacataire qui a contribué à la diffusion des informations sur le campus.
Nous avons aussi contacté directement les écoles pour leur proposer une rencontre afin de leur présenter notre programmation et nos actions en matière d’Éducation Artistique et Culturelle (EAC).
Quels ont été les résultats du développement de cette politique de relations publiques ?
Sur le nombre de spectateurs, les chiffres ont réellement bondi ! On passe d’environ 400 scolaires (collégiens, lycéens et étudiants) par an à 1146 en 2019 et 1283 au premier semestre 2020 (plus d'informations ici). Le renforcement de l’équipe a contribué à améliorer l’accès des scolaires au théâtre. On a bien vu que la rencontre avec les personnes concernées, leur implication, c’est ce qui a fonctionné.
On peut d’autant plus impliquer enseignants et étudiants qu’on peut inclure des projets tutorés dans notre programme. Et ça peut recouvrir des domaines très variés. Par exemple, des élèves de l’IUT Gestion des Entreprises et Administration (avec leurs enseignants et notamment Céline Dupuis-Sintoni, Béatrice Aubrion, Pierre Pino…) ont pris en charge l’entre-acte d’un spectacle, avec une petite restauration, et ils aussi fait venir des étudiants de leur réseau.
L’espace Bernard-Marie Koltès a reçu un grand soutien d’Yves Moulin, directeur adjoint de l’IAE qui partage notre vision des choses sur l’implication des enseignants et a fait venir des étudiants de Metz et de Nancy.
On a aussi reçu des étudiants de Sarreguemines, ce qui devrait créer du bouche-à-oreille pour les enseignants des sites délocalisés. On constate donc aussi une amélioration de l’accessibilité géographique au théâtre.
Ces actions permettent à ce type de public de mettre en pratique leurs acquis théoriques en se confrontant à la culture, et même s’ils n’aiment pas plus que ça le théâtre, ils ne peuvent plus se dire : « ce n’est pas pour moi ». Notre but c’est de montrer que c’est réellement accessible à tous.
Cela se reflète aussi dans notre programmation, qui propose des spectacles porteurs de sens, qui ne sont pas du divertissement, mais qui ne sont pas tous « intellos » ou sérieux.
Le but est d’être incitatif et non pas d’obliger les gens à venir !