[Rencontre] Ryad Asnoun, étudiant en licence de physique, nous fait découvrir la lecture rapide

 
Publié le 16/12/2019
personne ouvrant un livre

Factuel est allé à la rencontre de Ryad Asnoun, étudiant en 3ème année de licence de Physique à la Faculté des Sciences et Technologies et participant assidu à des compétitions de lecture rapide. Il nous présente la discipline et nous donne des pistes pour la pratiquer.

Factuel :  Vous participez à plusieurs compétitions de lecture rapide ?

Ryad Asnoun : C’est ça, il y a quelques compétitions officielles – des championnats, 1 ou 2 par an. J’ai pris l’habitude de participer à ces compétitions à plus ou moins grande échelle, parfois à un niveau régional et parfois via des organismes de manière plus officieuse. Il y a des championnats à l’échelle nationale et mondiale.

F : C’est une discipline peu commune, comment avez-vous appris son existence et décidé de vous y consacrer ?

R.A : C’est via une formation qu’un membre de ma famille suivait, et cette personne m’en a parlé dans le cadre de mes études. Pouvoir me renseigner dans la littérature  et lire sans perdre de temps, j’ai considéré ça comme un atout, même sur le long terme. C’est comme ça que je me suis investi dans la discipline.

F : Qu’est-ce qui vous motive dans la pratique de la lecture rapide ? C’est pour le challenge, c’est comme la pratique d’un sport ?

R.A : C’est comme un sport parce que ça ne vient pas comme ça, il faut s’entraîner. Mais ça reste avant tout amusant. Personnellement, je prends plaisir à lire rapidement ça donne le sentiment d’être efficace. En compétition il y a plus de stress et des poussées d’adrénaline. Il y a des prix mais ce n’est pas vraiment pour ça qu’on y va, même si l’esprit de compétition est là.

F : On se représente difficilement la pratique de la lecture rapide. Est-ce qu’il y a des techniques particulières ? Est-ce qu’on arrive à retenir beaucoup d’information ?

R.A : Il y a tout un processus à mettre en place pour pouvoir mémoriser un livre. Si je m’y préparais maintenant, je pourrai lire n’importe quel livre rapidement. Ce qui semble contre-intuitif, c’est qu’on se dit a priori que plus on lit vite, et moins on retient d’information. En réalité c’est l’inverse, c’est ce que je constate.

Une des techniques qui fonctionne, c’est de se questionner sur les informations qu’on va chercher dans le livre. De là, notre cerveau va faire un tri et focaliser sur l’information recherchée.

F : C’est une sorte de conditionnement ?

R.A : C’est ça.

F : Ça s’applique à tout type de lecture, que ce soit des ouvrages scientifiques et techniques ou artistiques ?

R.A :Oui, à tout type de lecture. Les compétitions se font en général sur des romans, du fantastique, de la Science-Fiction, des revues scientifiques, des thèses …

F : Et dans la vie quotidienne c’est aussi un bon atout ?

R.A :Clairement, c’est un vrai plus. Mais on se sert de ces techniques à certains moments seulement. Aujourd’hui j’aurais du mal à revenir à une lecture conventionnelle. Il y a différents degrés dans le conditionnement. Pour les compétitions je me prépare la veille. Pour lire un livre sans autre objectif, je vais moins me préparer, me questionner. C’est plaisant de pouvoir jongler entre ces différents degrés.

F : Et pour de la poésie, des romans, on lit plus lentement, on s’attarde sur le style …

R.A :Oui, en lecture rapide on peut faire une lecture filtrée. Je prends un exemple : dans L’alchimiste de Paolo Coelho, certains passages sont plus intéressants que d’autres de par leur angle philosophique. La lecture rapide ça permet aussi de se focaliser sur ce qui nous plait le plus.

F : Vous avez participé aux championnats de France à Paris.

R.A :Oui, en août 2019, je suis arrivé 19e sur 500 participants. Il y a eu 2 phases : d’abord un texte court de 8 pages sur un sujet abstrait. Ensuite on a eu un questionnaire dessus, 50 finalistes ont été sélectionnés. Pour le classement, un rapport est calculé entre le temps de lecture et le taux de bonne réponses. On note notre temps et un arbitre le vérifie, et ensuite on répond aux questions.

Pour la deuxième phase, j’ai lu « zone bleue » un texte tiré d’un documentaire qui parlait des zones où il y a des pics de vitalité, avec un nombre important de centenaires ; au Japon, en Italie et au Pérou. Il faisait 250 pages et je l’ai lu en 1 heure 10.

F : La lecture rapide est-elle une discipline accessible à tout le monde ?

R.A :C’est vraiment accessible à tous, dans la majorité des cas, notre cerveau a cette capacité. La lecture rapide, c’est une méthode à exploiter dont peu de gens ont connaissance. Ça paraît insurmontable pour le grand public mais finalement, la technique est abordable. Quand j’ai participé à mon premier championnat, je suis aussi arrivé en phase finale et je ne m’étais pas énormément entrainé. C’est surtout une question d’investissement, de mental.