Nous avons rencontré Jean-Michel Djian à l’occasion du week-end d’ouverture de l’espace Bernard-Marie Koltès, lors de la projection de son documentaire La Fabrique du citoyen. Il est membre du groupe d’experts qui apportent leur regard aiguisé sur le monde et enrichissent la réflexion de la directrice artistique, Lee Fou Messica. Ce journaliste et universitaire auteur de plusieurs ouvrages et films engagés, partage avec nous sa vision de l’espace BMK.
Votre documentaire « La Fabrique du citoyen », projeté à l’occasion du week-end d’ouverture de l’espace Bernard-Marie Koltès, signifie bien l’importance de l’éducation populaire et de la nécessité pour tous les citoyens d’avancer d’un pas éclairé.
Avec l’arrivée de la directrice artistique Lee Fou Messica, on peut dire que votre film correspond bien au projet de faire de l’Espace BMK un « hub citoyen ». Pouvez-vous nous en dire plus sur votre perception de ce projet ?
« La Fabrique du citoyen » tente de renouer avec une dimension oubliée de la vie en société, celle qui consiste à rappeler que la communauté des vivants est faite pour se parler, rêver d’un avenir meilleur, dépasser les égoïsmes. En ce sens, c’est ce que tente Lee Fou Messica car remettre le citoyen au centre d’une communauté universitaire constitue un projet. Il faut définitivement en finir avec l’idée que chacun vient chercher ce qu’il veut et repars comme si de rien n’était. La nature humaine a besoin de mettre en commun, et c’est la vocation d’un lieu comme l’espace BMK de faire en sorte de créer les conditions de ce partage.
Vous faites partie du groupe d’experts qui a souhaité répondre positivement à l’appel de Lee Fou Messica. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous investir dans le projet de l’Espace BMK ?
La personnalité de Lee Fou Messica d’abord, son ouverture d’esprit, sa jeunesse. Son attachement à la création, à l’idée de sortir des sentiers battus du théâtre. Ce qui est impératif c’est d’ouvrir le jeu, permettre des interactions entre toutes les formes d’art et c’est ce qu’affiche clairement son projet.
Comment aller vous installer des liens avec le public dans votre position d’expert ?
J’apporte une expérience et un regard ni plus ni moins. Celui d’un journaliste qui fait des films, des livres et de la radio. D’un universitaire aussi puisque j’ai enseigné la politique culturelle plus de 20 ans.
Je crois au « compagnonnage » entre les gens. Au « donner » et au « recevoir » comme disait Léopold Sédar Senghor. C’est ce que nous faisons avec Lee Fou Messica.
Quelles sont vos souhaits pour l’avenir du lieu ?
Qu’il marque les esprits par l’audace de sa programmation. Et qu’il permette à des gens très différents de se rencontrer. Un lieu culturel doit aujourd’hui étonner, provoquer aussi. Il faut sortir des conformismes, quitte à échouer parfois. Mais je crois en la capacité de la directrice artistique de prendre ces risques-là pour le plus grand bénéfice de la communauté universitaire dans son ensemble.
L’espace BMK prépare la seconde partie de sa programmation qui sera dévoilée fin décembre, patience d’ici là et rendez-vous sur ebmk.fr
La saison 2018/19 se poursuit interrogeant tour à tour la Famille puis la Mémoire à travers des spectacles, des projections-débat, des rencontres, une exposition.Susciter votre curiosité, transporter votre imaginaire à travers des spectacles aux formes différentes, innovantes, immersives parfois mais qui toujours placent le texte au cœur de la démarche des artistes invités. Toutes les représentations sont suivies d’une rencontre avec les artistes.Etonnez-vous. Découvrez-vous.
Crédit photo : Vincent Delerm