Rencontre avec Stéphanie Matt, doctorante LUE : « étudier les mécanismes de reconnaissance des visages »

 
Publié le 8/12/2017 - Mis à jour le 5/05/2023

Factuel part à la rencontre des premiers doctorants recrutés dans le cadre de l’initiative « Lorraine Université d’Excellence ». Rencontre avec Stéphanie Matt qui effectue sa thèse au laboratoire Interpsy (et au sein de l’école doctorale Stanislas) sous la direction de Joëlle Lighezzolo-Alnot et Stéphanie Caharel.

Quel a été votre parcours avant de démarrer ce doctorat au sein de Lorraine Université d’Excellence ?

A la suite de l’obtention de mon baccalauréat, j’ai poursuivi mes études par une licence de psychologie à l’Université de Strasbourg. L’étude du cerveau m’ayant toujours attiré, je me suis naturellement orientée vers un master de psychologie mention Neuropsychologie cognitive et clinique à l’Université de Strasbourg. Durant ces années d’études, j’ai réalisé des stages dans différentes institutions, tels que des services hospitaliers mais aussi au sein d’une équipe de recherche du CNRS à Strasbourg.

Pouvez-vous résumer en quelques mots le sujet de votre thèse pour des non spécialistes du domaine ?

La reconnaissance des visages est l’une des fonctions les plus étonnantes et les plus complexes du cerveau humain. En effet, les visages véhiculent une multitude d’informations concernant une personne, que ce soit sur son identité ou bien encore sur ses états émotionnels, ses intentions, ses désirs. Ainsi, être capable d’extraire efficacement et rapidement ces informations est critique dans le cadre des interactions sociales. L’importance que représente l’identification des visages et des expressions émotionnelles dans la vie quotidienne se mesure par la gravité des conséquences sur le plan psychique et social de l’atteinte de cette fonction, observée par exemple dans la prosopagnosie (perte d’identification des visages consécutive à une lésion cérébrale) ou bien encore dans certaines maladies psychiatriques telles que la schizophrénie ou l’autisme.

L’objet de ma thèse porte sur l’étude des mécanismes cognitifs et neuropsychologiques impliqués dans la reconnaissance des visages et de leurs expressions émotionnelles au moyen d’une approche électrophysiologique (ElectroEncephaloGramme : EEG). Cette méthode consiste à recueillir le signal électrique du cerveau grâce à des électrodes disposées sur la tête des participants au cours d’une tâche expérimentale donnée. Par la suite, lors de l’analyse du signal, je vais pouvoir comparer les zones cérébrales activées par différents stimuli faciaux, par exemple les zones activées lors de la présentation de visages exprimant différents types d’expressions émotionnelles (la peur, la joie, etc), et suivre le décours temporel du traitement des visages et de leurs expressions.

Concrètement, par quoi avez-vous commencé votre travail de recherche à votre arrivée ?

Le champ de recherche sur les visages étant très large, j’ai tout d’abord débuté mon travail de recherche par une revue de la littérature sur les modèles de perception des visages.

Par la suite, j’ai centré mes recherches sur la reconnaissance faciale des expressions émotionnelles afin de cibler les questions qui sont encore débattues à l’heure actuelle et ainsi pouvoir construire la méthodologie de ma première expérience.

Une fois ce travail effectué, j’ai mis en place ma première expérience sur des sujets sains portant sur l’influence d’un contexte émotionnel (images de scènes visuelles qui sont soient positives par exemple un beau paysage ou négatives par exemple un accident de voiture) sur la perception des expressions émotionnelles. Après avoir recueilli les données EEG auprès de 17 participants, j’ai analysé ces premières données.   

Comment cette thèse s’inscrit-elle dans un défi sociétal de Lorraine Université d’Excellence ?

Ce travail de recherche est situé dans le cadre d’un contrat doctoral ‘Hors Impact LUE’ porté par Stéphanie Caharel (Maître de conférences, membre de l’Institut Universitaire de France, laboratoire INTERPSY projet 2LPN) en collaboration avec le Professeur Joëlle Lighezzolo-Alnot (co-directrice de la thèse, directrice du laboratoire Interpsy), ainsi que Louis Maillard (PU-PH au sein du service de Neurologie du CHRU de Nancy, laboratoire CRAN- UMR 7039, CNRS). Ce travail s’inscrit dans la continuité des travaux entrepris par Stéphanie Caharel sur l’étude des mécanismes de reconnaissance des visages en adoptant une nouvelle approche de stimulation visuelle et d’analyse en EEG qui a été développée par le Professeur Bruno Rossion (Université Catholique de Louvain, Belgique) et avec qui ce travail se réalise en collaboration. Cette approche prometteuse permet une exploration hautement innovante des mécanismes en œuvre dans le traitement des expressions.

Comment pourriez-vous qualifier l’accueil qui vous a été réservé en Lorraine ?

L’accueil qui m’a été réservé à l’Université de Lorraine a été chaleureux et agréable. Dans un premier temps j’ai rencontré les différents membres des laboratoires d’accueil interpsy, 2LPN ainsi que du CRAN. De nombreux dispositifs sont mis en place par les écoles doctorales ainsi que par l’université, telles que des journées d’accueil, afin de favoriser un échange entre les doctorants de différentes disciplines.