A l’occasion de la présentation de son dernier film, Voyage à travers le cinéma français à Nancy, Bertrand Tavernier a fait un détour par l’IECA (Institut européen du cinéma et de l’audiovisuel) pour y rencontrer des étudiants. Devant une salle comble, il a évoqué la création de sa dernière œuvre, ses engagements et ses rencontres avec les mythes du cinéma.
Si Bertrand Tavernier ne se veut pas historien du cinéma, il est rare de rencontrer un personnage disposant d’une telle culture cinématographique. Car les grands, il ne les connaît pas seulement à travers leurs films, il les a côtoyés. Renoir, Melville, Gabin, Aurenche et Bost, les anecdotes ne manquent pas pour évoquer ceux avec qui il s’est construit son univers.
Cette passion du cinéma, elle s’est assouvie dans la création d’un ciné-club et la fréquentation assidue des salles de cinéma :
On voyait tout ce qui passait, on ne se limitait à aucun genre. Il n’y a rien de pire dans la cinéphilie que la spécialisation.
Le cinéma, ce n‘est pas que de la création, c’est aussi de l’économie et de la politique. L’homme est engagé. Son implication dans (ou contre) les structures qui organisent l’économie du cinéma est orientée vers la défense de la création, notamment au sein de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques).
Lettres à un jeune poète
Pour conclure la séance d’échange avec la salle, Vincent Lowy, directeur de l’IECA, a demandé à Bertrand Tavernier quels conseils il pouvait donner aux étudiants, à la manière de Rilke dans ses Lettres à un jeune poète.
Soyez curieux. On se nourrit de la curiosité. La connaissance est une aide et permet de ne pas réinventer la roue.
Soyez en prise avec la vie. Aurenche avait coutume de dire que c’est un très bon scénariste.
Gardez un sens de l’humour à toute épreuve, car il vous en faudra pour surmonter les difficultés qui encombreront votre route vers la réalisation d’un film.
Et enfin, n’hésitez pas à prendre la parole et battez-vous pour vos idées.