Chercheurs contre le cancer, témoins de la crise des migrants, ils plaident contre la peur de l’autre

 
Publié le 5/11/2015
Photo de groupe de la PDTeam.

Céline Frochot est directrice de recherche CNRS au Laboratoire Réactions et Génie des Procédés (LRGP) ;  avec Régis Vanderesse, chargé de recherche au Laboratoire de Chimie Physique Macromoléculaire (LCPM), elle a monté une équipe interdisciplinaire (la PDTeam) autour de la thérapie photodynamique (PDT) pour le traitement du cancer. L’équipe PDTeam compte également des collègues du Centre de Recherche en Automatique de Nancy (CRAN).

Interdisciplinaire, la PDTeam est également interculturelle puisqu’elle compte des membres venus de différents pays : Algérie, Cameroun, Espagne, Liban, Malaisie, Thaïlande, Turquie et Tunisie. Interpelés par les évènements en Syrie et la crise des migrants, les chercheurs de la PDTeam ont souhaité intervenir pour condamner la peur de l’autre et rappeler l’importance de s’ouvrir aux cultures étrangères.

Certaines personnes ont peur d’accueillir des étrangers, alors que pour nous cela fait partie du quotidien

constate Céline Frochot.

Régis Vanderesse rappelle l’accueil au LRGP et au LCPM de nombreux doctorants venus du Kazakhstan, de Chine, du Brésil. Philippe Arnoux, ingénieur d’études au LRGP, cite également la présence sur le site ENSIC d’élèves venus de  Russie, de Colombie et de bien d’autres pays. Pour échanger avec ces collaborateurs non francophones, l’anglais est de rigueur dans un premier temps, mais souvent, les étudiants ont à cœur de s’exprimer en Français et profitent des cours dispensés à cet effet. Lorsque les lacunes linguistiques des uns ou des autres empêchent de se comprendre, il y a toujours une solution : « le langage scientifique est assez simple à partager lorsqu’on est poussé par l’envie de progresser » observe Philippe Arnoux. Pour Laetitia Canabady-Rochelle, chargée de recherche CNRS et responsable communication au LRGP, « la science est un catalyseur ».

Gagnant-gagnant

Accueillir des étrangers, « ce n’est pas du bénévolat » souligne Régis Vanderesse. Il ne s’agit pas non plus d’exploiter une main d’œuvre facile. « Les relations que nous nouons facilitent les échanges avec des laboratoires dans le monde entier » explique Philippe Arnoux qui a effectué plusieurs séjours à l’étranger pour former des équipes à l’utilisation de matériels. Quant aux docteurs formés en Lorraine, ils repartent souvent enseigner auprès des étudiants de leurs pays d’origine, partageant de surcroît un souvenir positif et valorisant la culture francophone.

Plus on est nombreux, mieux c’est

L’équipe PDTeam est unanime : il s’agit d’entretenir des synergies en travaillant dans un esprit de coopération plutôt que de compétition. Tant mieux si d’autres dans le monde travaillent sur les mêmes questions, l’union fait la force. « Plus on est nombreux, mieux c’est » résume Céline Frochot. Si la synergie des cultures et des savoirs permet de telles avancées, l’équipe PDTeam y voit la preuve de la nécessité, au quotidien, de dépasser la peur de l’inconnu.

Riche de sa diversité, l’équipe organisera dans un an un congrès international concernant la PDT http://www.pdt2016.com). Dans le cadre de celui-ci, une conférence grand public réunira plusieurs médecins et spécialistes nancéiens qui mettent en œuvre cette technique pour soigner le cancer ou la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge). Il s’agira de sensibiliser les non spécialistes à cette technique encore peu connue. A titre d’exemple, La PDT a déjà multiplié par 5 l’espérance de vie face à certains cancers causés par l’exposition à l’amiante.