Retour sur la conférence "De Turique au Campus Lettres"

 
Publié le 14/03/2025 - Mis à jour le 17/03/2025
Conférence "De Turique au Campus Lettres"

Un public restreint mais très attentif a assisté à la conférence illustrée de documents et photographies dont certaines exclusives du Fonds ANDRÉ.

Elle a été présenté, pour sa première fois, par Monsieur CRÉVISIER dans le cadre des 60 ans du campus.

En voici un petit résumé.

 

Famille RÉMY DE TURIQUE

À partir de 1590, un sieur Joseph GRANDMENGEOT ayant obtenu l’acensement d’une haie au-dessus des vignes de Laxou avait en garantie de ce cens, obligé tous ses biens, notamment la maison dite et appelée Richardmesnil, alias Turique, au pied de la montagne de Buthgnémont, ban de Nancy, consistant tant en maison, enceinte, jardin, commodités, d’espaces entre la chaussée et le bâti, d’aisances et de terres qui peuvent être labourées, des prés et vignes.

Ce Joseph GRANDMENGEOT fut le témoin du mariage le 18 octobre 1611 de Thierry RÉMY, fils présumé illégitime du Duc de Guise, et de Claude du PAYS. Monsieur RÉMY était un gentilhomme attaché au service du Duc Louis-Lorraine de Guise. Il l’anobli le 18 septembre 1611 et lui adresse ses brevets de noblesse le 1er décembre 1611 sous le nom de RÉMY de TURIQUE. De lui descend la lignée des RÉMY de TURIQUE.

Charles IV duc de Lorraine et de Bar érigea le Domaine de Turique, fief nobiliaire immense, clos aux bâtiments bien éclairés en faveur de son écuyer François RÉMY de TURIQUE, fils de Thierry et époux de Françoise de FRESNIÈRES. Georges (1667/1736) un de leurs enfants fut Lieutenant-Colonel pour le service de Son Altesse Royale le Duc de Lorraine. De son union avec Gabrielle de RUTANT naquit François (1698/1788) qui fut lui Capitaine au Régiment des Gardes de Son Altesse Royale le Duc de Lorraine. François épousa Jeanne Ursule POULLETIER le 4 juillet 1731 à Brie-Comte-Robert en Seine-et-Marne. Ils eurent plusieurs enfants dont Jean-François (09/12/1741) qui eut pour marraine Marie-Jeanne de LAMEZAN épouse de François Paul RÉMY de TURIQUE Capitaine au Grand-Duc de Toscane demeurant à Florence.

Et Aimé Chrétien né le 11 septembre 1752 qui fut le dernier chevalier RÉMY de TURIQUE à Nancy.

En effet une partie de la famille avait immigré en Toscane à la suite des Ducs de Lorraine venus récupérer l’héritage des Médicis, et fut donc naturalisée de droit en vertu du décret souverain du 7 mars 1751. La famille apparait d’ailleurs dans l’annuaire de la noblesse italienne avec les titres de baron et noble de Pise sous le nom de RÉMY DE TURICQUE ; l’autre partie de la famille avait quitté le duché pour rejoindre la noblesse parisienne.

Les seigneurs de TURIQUE avaient bien embelli leur résidence nancéienne, quand elle passa entre les mains de la famille de Berr Isaac Berr.

 

BERR ISAAC BERR DE TURIQUE

Le Duc de Lorraine Léopold autorise le 20 octobre 1721 à quatre familles juives de s’établir à Nancy, ville qui était restée officiellement interdite aux juifs depuis leur expulsion en 1477. À la tête d’une de ces familles se trouvait Lion GOUDCHAUX, juif de Metz qui avait acquis la confiance du duc en assurant la remonte de sa cavalerie. Autour de lui se forma un « clan » constitué par ses fils, par ses deux gendres dont Berr Isaac Berr époux de Merlé GOUDCHAUX.

Comme son père, il devient le syndic des Juifs de Nancy et dispose d’une importante fortune. Il devient dans les années 1780 le porte-parole de tous les juifs lorrains, puis à partir de la révolution également de ceux d’Alsace. En 1789, il est élu aux États-Généraux et défend ses coreligionnaires devant l’Assemblée constituante, jouant un rôle majeur jusqu’au vote de l’émancipation de l’ensemble des juifs de France le 27 septembre 1791. Emprisonné pendant la Terreur le 1er Nivôse de l’an II il est libéré 4 jours après, et redevient actif en siégeant à l’Assemblée des Notables réunie par Napoléon en 1806, puis au sein du Grand Sanhédrin convoqué l’année suivante par l’empereur pour entériner la supériorité de la loi civile sur la loi religieuse, fondement de l’organisation en 1808 du culte dit « israélite ».

Devenu un riche notable, propriétaire de terres agricoles et exploitant notamment de la manufacture de tabac de Nancy dès 1792, il devient membre du conseil municipal en 1800. Il prend sa retraite en 1819, pensionné par le roi, dans l’une de ses propriétés appelée « TURIQUE », nom d’un domaine acquis le 21 juin 1791, dans un faubourg de Nancy, dont il a ajouté le nom au sien avec la permission royale de Louis XVIII en 1816. Il décède le 14 novembre 1828 en laissant une grosse fortune. Sa propriété « TURIQUE » était une maison de campagne à un étage avec jardin, vergers, potagers et bosquets.

 

LE BON-PASTEUR :

En l’année 1835, la magnifique propriété fut achetée par la Congrégation des Sœurs du Bon-Pasteur d’Angers afin de poursuivre l’œuvre interrompue de Madame de RANFAING, le refuge assuré aux filles de mauvaise vie qui se repentaient de leurs fautes, et la préservation pour les orphelines ou les enfants pauvres dont les parents ne pouvaient s’occuper.

Le 22 novembre 1854 un décret du gouvernement accordait l’autorisation légale à la nouvelle institution du Bon-Pasteur dont la fondatrice était la Mère Euphrasie PELLETIER aidée par le comte de Neuville et la comtesse d’Andigné.

Mais en 1893 commence « l’affaire du Bon-Pasteur de Nancy », Mademoiselle Maria LECOANET porte plainte le 27 mars 1900, elle accuse le pensionnat de l’avoir exploitée au travail et elle considère que les trop nombreuses heures passées dans les ateliers ont causé la perte de sa vue. Elle est appuyée par l’archevêque de Nancy, Charles-François TURINAZ, qui n’hésite pas à critiquer vivement les méthodes des sœurs. L’affaire fera la Une de plusieurs journaux et la congrégation sera condamnée à 10000 francs de dommage et aux dépends. Le ministre M. Émile COMBES demande par décret du Président de la République, la fermeture de l’établissement le Bon-Pasteur de Nancy le 26 mars 1903 après plusieurs années de scandale.

 

LE PENSIONNAT BIENHEUREUSE JEANNE D’ARC DE SŒUR MÉNESTREL :

Les quelques religieuses du Bon-Pasteur qui, depuis la fermeture administrative de la communauté de Nancy, avaient été autorisées à rester dans le couvent comme gardiennes, ont été invitées par l’autorité préfectorale, il y a quelques semaines, à quitter définitivement les bâtiments de la rue de Toul.

Par suite de ce départ, Mademoiselle MÉNESTREL, dont la réputation n’est plus à faire, transportera à partir du 1er août 1909, son institution de Jeunes Filles, dans les vastes bâtiments des dames de la Charité du Bon-Pasteur, 34 rue de Toul, devenu vacants par le départ des religieuses et qui lui ont été loués par la Congrégation propriétaire, quittant ainsi son établissement trop à l’étroit de son domicile actuel de la rue Mably.

Le domaine est idéal pour une maison d’éducation. Les bâtiments qui ont subi les transformations nécessaires et reçu toutes les améliorations utiles, sont situés au milieu d’un enclos de six hectares, dont une partie ombragée de beaux arbres, est aménagée en parc ; dans le quartier le plus sain, le plus aéré et l’un des mieux habités de Nancy, à cinq minutes de la gare, au point de jonction de deux lignes de tramways (E et F) qui desservent toute la ville. La vue n’est bornée d’aucun côté par le voisinage immédiat de constructions massives ; elle s’étend notamment sur la nouvelle place que la municipalité vient de créer à l’extrémité de la rue Victor-Hugo ; elle se repose, charmée sur le verdoyant côteau de la Foucotte qu’émaillent de jolies villas et que domine un pittoresque chalet (Est Républicain du 14 janvier 1909 et l’Éclair de l’Est du 30 juin 1909).

 

L’INSTITUTION SAINT-JOSEPH :

À partir de 1871, la population de Nancy s’était considérablement augmentée par l’immigration des nombreux Alsaciens Lorrains qui ne voulaient pas subir la domination allemande. La création de nouvelles écoles primaires et secondaires semblait s’imposer.

Pour les enfants qui n’avaient pas de goût ou d’aptitudes pour les études classiques, et pour ceux qui ne pouvaient consacrer que peu d’années à leurs études, Monseigneur FOULON proposa à la congrégation des Frères de la doctrine chrétienne d’ouvrir un établissement où les enfants pourraient faire des études primaires, des études secondaires spéciales et recevoir l’enseignement professionnel. C’est ainsi que fut décidé la création de l’Institution Saint-Joseph.

L’institution Saint-Joseph occupent en compagnie de la congrégation des Sœurs de l’Espérance dans un premier temps des bâtiments de l’Hôtel du Primat dès octobre 1874.

Puis entre 1881 et 1903, elle est scindée en deux établissements le Petit et le Grand Saint-Joseph. Le Petit Saint-Joseph correspond à l’ancien pensionnat (rue du Cloître) qui conserve les classes de primaire. Les classes du secondaire vont dans les nouveaux locaux de l’École Professionnelle de l’Est (architecte Émile André) ancien pensionnat Callot (ou Grand Saint-Joseph).

Le Préfet pour donner suite à la loi du 1er juillet 1901 demande le 31 juillet 1903 la fermeture de l’Institution Saint-Joseph et la dissolution de la congrégation. Mais pour continuer l’œuvre, il est constitué une société anonyme de l’école préparatoire des Arts et Métiers de Nancy.

Le Pensionnat Saint-Joseph s’installe alors dans les anciens locaux du pensionnat des Dames du Sacré-Cœur (Hôpital MARINGER), près du cimetière Sud. La société anonyme de l’école préparatoire des Arts et Métiers signe un bail avec Mme De ANGELLIS propriétaire du domaine. La réouverture se fait le 1er octobre 1903.

Malheureusement en 1906, les locaux loués sont achetés pour créer un hôpital, le directeur trouve alors d’autres locaux appartenant aux Sœurs du Bon Pasteur d’Angers, situés boulevard Godefroy de Bouillon.

De 1906 à 1914, le pensionnat prospère jusqu’à l’arrivée de la guerre. L’institution Saint-Joseph devient un hôpital de la Croix-Rouge. L’institution continue tout de même de fonctionner.

À la suite de l’armistice en 1918, l’institution continue mais il manque de maîtres. Le directeur sollicite le concours d’une congrégation enseignante, les Frères des Écoles chrétiennes, qui acceptent.

L’Institution fait l’acquisition du pensionnat Bienheureuse Jeanne d’Arc de Sœur MÉNESTREL et y effectue des travaux d’aménagement en 1936.

Pendant la seconde guerre mondiale dès 1940 les locaux du boulevard Albert 1er sont transformés en hôpital auxiliaire. Deux unités allemandes occupent une partie de l’Institution.

Les locaux sont occupés par des prisonniers en 1944.

De locataire, l’Institution devient propriétaire après la vente du terrain par les Sœurs du Bon Pasteur en 1950. Monsieur Léon SONGEUR crée la Société Civile Immobilière de TURIQUE.

En 1962 débute les travaux de la Nouvelle Institution Saint-Joseph à Laxou sur les plans des architectes ANDRÉ.

 

L’AGENCE D’ARCHITECTES ANDRÉ ET LEURS PARTENAIRES :

Antoine Charles ANDRÉ reprend l’affaire familiale au tournant des années 1870, succède à son père (François ANDRÉ) en tant que conseiller municipal en 1877, puis conquiert le poste d’architecte départemental en 1886. Il participe également au rayonnement de l’Art nouveau à travers la fondation, en 1901, de l’École de Nancy, Alliance provinciale des industries d’art, dont son fils François Émile ANDRÉ, architecte, sera l’un des plus grands représentants.

Lui-même père de deux enfants, François Émile ANDRÉ assure la pérennité de l’entreprise familiale en diversifiant les compétences de ses fils après leur scolarité au Lycée Poincaré de Nancy : l’aîné, Jacques ANDRÉ, né le 17 janvier 1904 à Nancy, se forme comme architecte à l’École des Beaux-Arts de Paris de 1922 à 1932, tandis que le cadet, Michel ANDRÉ, né le 1er octobre 1905, intègre l’École Centrale des Arts et Manufactures de 1925 à 1928.

Les deux frères commencent leur activité aux côtés de leur père avant de reprendre l’agence familiale à leurs deux noms en 1933.

Ils acquièrent une reconnaissance internationale avec l’une de leur première réalisation, l’Institut et musée de zoologie construit entre 1932 et 1933. Il est devenu l'actuel Muséum-Aquarium de Nancy.

Mais c’est un projet culturel qui deviendra le symbole de la relation forte qui unit l’agence ANDRÉ au monde industriel lorrain. La création du musée de l’Histoire du fer est due à l’initiative de deux ingénieurs de formation et passionnés d’archéologie, Édouard SALIN et Albert FRANCE-LANORD. Très proche d’Albert FRANCE-LANORD, Jacques ANDRÉ est sollicité pour la construction du musée. Les frères ANDRÉ réalisent un édifice composé de deux corps de bâtiment parallèles, scandés par des portiques métalliques placés à l’avant des façades totalement vitrées.

L’acier inoxydable est largement utilisé, aussi bien pour l’ossature, la couverture, les profilés et les bandeaux de façade que pour la façade pignon du hall d’entrée. Pour mettre au point plusieurs de ces éléments, Jacques ANDRÉ sollicite Jean PROUVÉ, qui intervient ponctuellement en tant qu’ingénieur-conseil, et le fils de celui-ci – qui est aussi son gendre –, Claude PROUVÉ, qui réalise quant à lui plusieurs éléments de l’aménagement intérieur. Jacques, Michel et Claude remporteront le Prix national d’architecture de l’Équerre d’argent pour cette œuvre en 1969.

 

JEAN SCHNEIDER ET LA CONSTRUCTION DU CAMPUS LETTRES :

La construction du Campus Lettres et Sciences Humaines doit beaucoup à la ténacité de Jean SCHNEIDER, doyen de la Faculté des Lettres de Nancy à Carnot, il s’est particulièrement impliqué dans la réalisation de ce projet. Appuyé par les préfets Pierre DAMELON puis Jean GERVAIS, il prend une option sur les terrains de l’ancien domaine de Turique, que l’État achète en 1960, puis lance le chantier de construction avec le concours des architectes Jacques et Michel ANDRÉ et de l'entreprise de construction d'Albert FRANCE LANORD. Un accord passé entre les deux parties permet à l’Institution St-Joseph d’occuper ses anciens locaux jusqu’à l’inauguration de la Faculté des Lettres, période pendant laquelle un nouvel établissement scolaire est construit sur les hauteurs de Laxou.

Jean SCHNEIDER souhaite déménager la faculté des lettres pour la rentrée d'octobre 1964.

L’implantation en cœur de ville n’est pas chose commune dans les années 1960, face à l’augmentation généralisée du nombre d’étudiants, les nouveaux équipements universitaires s’installent majoritairement en périphérie urbaine.

La nouvelle Faculté des Lettres n’a pas pris ce parti, mais c’est sans doute pour rester à proximité des implantations universitaires précédentes. Elle a en effet bénéficié de l’un des tous derniers emplacements disponibles de cette taille sur le territoire nancéien. Le choix de cette implantation est également dû à la préexistence de la Cité Universitaire Monbois inaugurée en 1932 et œuvre de l’architecte Jean Bourgon qui était restée pendant de longues années isolée bien qu’à proximité des autres facultés.

Le bureau d’études des ateliers Jean PROUVÉ avait réalisé des esquisses pour étoffer le quartier au début des années 50 mais les projets ne se sont pas concrétisés ; il s’agissait d’une nouvelle cité universitaire dans le parc de Monbois avec immeuble de logements et un bâtiment bas avec restaurant et salles de réunions et également un autre projet d’un immeuble de logements pour professeurs rue Joseph Mougin.

Ces premiers projets d’implantation avaient déjà préparé les habitants de ce quartier aux changements qui allaient s’opérer avec l’implantation de la Faculté des Lettres, et l’arrivée de milliers d’étudiants et de professeurs.

C’est le 21 novembre 1961 que le préfet Pierre DAMELON donne à Jacques et Michel ANDRÉ un accord préalable sur le projet de construction du nouveau Campus Lettres et Sciences Humaines.

Il semblerait que Jacques et Michel ANDRÉ tout au long de la phase de conception du projet, et avec la perspective de construire un ensemble architectural parfaitement unitaire, aient eu l’intention de détruire l’intégralité des bâtiments de l’ancienne Institution Saint-Joseph.

Ce ne fut pas le cas totalement, en effet le pavillon d’entrée de l’institution et l’un de ses corps de bâtiment ont été finalement conservés, tandis que les autres édifices, furent entièrement démolis pour permettre la construction du nouvel ensemble universitaire.

L’enseignement dans les bâtiments de l’Institution St Joseph continue lors des travaux, en effet ils sont restés en service jusqu’à l’inauguration de la faculté en octobre 1964. Les deux frères ANDRÉ ont donc été contraints d’en tenir compte et ont dû se résoudre à construire le bâtiment principal au Nord du terrain, dans la partie la plus inclinée.

Le bâtiment principal de la Faculté des Lettres a été conçu selon un plan en H dont les bras les plus courts encadrent l’amphithéâtre majeur et les bras les plus longs encadrent une cour ouverte sur tout le cœur du campus. Les façades sont constituées par des piles verticales de béton associées à un remplissage en panneaux de pierre à dominante blanche courant jusqu’à des tons plus ocres.

Le principe constructif est repris pour l’ensemble des constructions du site, avec quelques variantes, créant une réelle unité.

La bibliothèque, bien que reprenant certains principes constructifs, est ordonnancée différemment. En façade, les panneaux de pierre, placés verticalement, sont continus sur plusieurs étages. Pourtant cinq ans après sa construction, la bibliothèque approche de la saturation et les frères ANDRÉ proposent un projet d’extension en 1968 qui n’aboutira malheureusement pas.

Le Centre de recherche pour un Trésor de la Langue Française vient également prendre place au sein du nouveau campus de la Faculté des Lettres derrière les bâtiments historiques de Turique, il était installé jusqu’alors place Carnot, dans les combles du Rectorat. Il s’implante ainsi dès 1964 dans un bâtiment neuf, conçu selon les mêmes principes constructifs que le reste du campus.

La même année, le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) dote le laboratoire d’un ordinateur puissant, qui nécessite la construction d’un second bâtiment. Ce deuxième édifice est lui aussi construit sur le même modèle de préfabrication que la Faculté des Lettres et se situe en face de l’ancienne entrée de l’Institution Saint-Joseph.

Le bâtiment principal, la bibliothèque, le bâtiment des ordinateurs et la maison du Trésor de la Langue Française entrent alors en service en 1964. Après un peu plus d’un siècle de présence place Carnot, la Faculté des Lettres entame ainsi une nouvelle partie de son histoire, entre le boulevard Albert Ier et l’avenue de la Libération.

Le campus est inauguré le 1 octobre 1964 par le premier ministre, Georges POMPIDOU, qui se félicite de la naissance de ce nouvel outil universitaire : « C’est un effort considérable mais légitime : en effet, si la grandeur d’un pays est une chose, la nécessité de former les jeunes en est une autre : c’est même notre objectif final, la base de toute notre action. » Durant cette inauguration, le doyen SCHNEIDER met quant à lui en avant le « nouvel humanisme dans lequel de jeunes esprits pourront trouver leur équilibre dans un monde en évolution accélérée. » Il note enfin que « s’il n’est pas recommandé de verser du vin nouveau dans de vieilles outres, rien n’empêche de transvaser un bon nectar dans des vaisseaux neufs ».

À son inauguration, la construction de la nouvelle Faculté des Lettres n’est pas encore achevée. Cette dernière va encore connaître des évolutions, sous la maîtrise d’œuvre des frères ANDRÉ dans un premier temps, puis suivant les plans d’autres architectes.

La salle de compétition et les salles d’éducation physique sont construites par l’agence ANDRÉ en 1966 au sein même du campus. Cet ensemble sportif se compose d’une salle principale, autour de laquelle le reste de l’équipement vient s’insérer dans un volume en L.

La piscine naît quant à elle sous le crayon de Claude PROUVÉ (1929-2012), qui a intégré l’agence ANDRÉ en tant que salarié en 1963 et est devenu associé en 1966. Jacques ANDRÉ lui donne en effet à concevoir toute une partie des équipements sportifs de l’agence. Ceux qu’il conçoit sont d’ailleurs inspirés par son père, Jean PROUVÉ. C’est le cas de cette piscine, édifiée en 1968. Elle se situe au nord du campus Lettres et Sciences Humaines, de l’autre côté de la rue de Verdun.

En 1968, un projet d’agrandissement de la Faculté des Lettres est mis à l’étude. Mais il n’aboutira pas. Il faudra attendre les années 1993 à 1995 pour que des opérations architecturales d’envergure viennent à nouveau modifier la physionomie du campus.

Déjà maître d’œuvre de la première tranche, l’agence ANDRÉ se voit confier l’extension de la bibliothèque en 1994. Mais trente ans plus tard, c’est désormais Éric ANDRÉ qui dessine cet édifice, pour son premier chantier. Le nouveau bâtiment présente une conception de la bibliothèque très différente de celle proposée par ses prédécesseurs, avec des espaces de travail différenciés et un volume intérieur plus ouvert.

Le bâtiment J, conçu par Hervé GRAILLE (mandataire) associé à Daniel PIERRON, s’implante sur l’emplacement d’une extension envisagée dès la création du campus par les frères ANDRÉ.

En 2008 / 2009, la construction de la Maison De l’Étudiant et de la Santé Universitaire est réalisée par la société EIFFAGE sur les plans du Groupe Acanthe Architectes.

D’autres travaux vont être réalisés dès cet été, mais ceci est une toute autre histoire …

 

Conférence " De Turique au Campus Lettres "
Conférence " De Turique au Campus Lettres "
Conférence " De Turique au Campus Lettres "
Conférence " De Turique au Campus Lettres "
Plan d'ensemble et de nivellement avec les deux phases d'aménagement
Vue aérienne de l'Institution Saint-Joseph en 1961
Vue aérienne du Campus Lettres et Sciences Humaines en 2011