Le Dipterosodomia latangulopilosa, la plante du mois sélectionnée par les jardins botaniques

 
Publié le 2/04/2015 - Mis à jour le 5/05/2023

Amérique Centrale : Sud du Mexique (forêt Lacandone, au Chiapas) pour la première, Vénézuela (près de Caracas) pour la seconde.

Ces deux somptueuses orchidées ont été très récemment nommées. Autrefois classées dans le genre Oncidium, proches d’O. sphacelatum, une étude génétique précise a pu déterminer qu’il s’agissait d’un genre distinct, riches de plusieurs dizaines d’espèces dont beaucoup restent à décrire. Adolphe Roublard vient de rédiger un article très complet sur ce genre, qu’il décrit comme nouveau pour la science.

L’espèce type, celle utilisée pour donner le nom de genre, n’est autre qu’O. sphacelatum lui-même, qui devient donc Dipterosodomia sphacelata (Lindl.) A. Roub. Son article voit la publication de pas moins de 69 nouvelles espèces, toutes issues du désormais désuet O. sphacelatum. Ce qui était jusqu’alors considéré comme une espèce variable avec une large répartition en Amérique centrale est maintenant un groupe riche de plusieurs micro-espèces à répartition très réduite.

C’est l’analyse de l’ADN mitochondrial qui a permis de distinguer toutes ces espèces. Même si cette technique est particulièrement contestée en botanique, des critères morphologiques fiables et visibles au Microscope Electronique à Balayage ont pu confirmer toutes ces descriptions. En l’occurrence pour nos deux espèces, c’est l’angle entre les lignes de poils des dents supérieures du callus (zone située sous la colonne, au centre de la fleur) qui permet sans se tromper de discriminer les deux espèces. En effet, chez Dipterosodomia latangulopilosa, l’angle est particulièrement large, alors qu’il est vraiment ténu chez D. stenangulopilosa. Des critères pertinents de ce type sont employés pour déterminer chaque espèce, ainsi qu’A. Roublard le signale dans sa publication, avec un tableau comparatif de 27 colonnes.

Ces travaux font suite au travail remarquable de grands taxonomistes (tel Jacques Narbu, récent auteur d’une flore mondiale), qui ont révolutionné la taxonomie et notamment la notion d’espèce sans points ni virgules.

La publication de ce genre n’est pas encore officielle, l’article de 272 pages étant encore en presse. Mais les contacts récurrents entre les taxonomistes et les CJBN ont permis d’appliquer d’ores et déjà ces changements taxonomiques en avant-première !