Le jardin thérapeutique, un lien entre patients, soignants, chercheurs et société civile

 
Publié le 16/03/2015 - Mis à jour le 19/10/2015

Au cœur de la ville de Nancy, le jardin thérapeutique « art, mémoire et vie » du Centre Paul Spillmann offre un environnement stimulant, aux patients atteints par la maladie d’Alzheimer, mais aussi à tous ceux qui les entourent.

Un lieu de soin unique en France qui attire les chercheurs étrangers

« Ici nous sommes à l’interface de la santé, de la recherche scientifique et de la société civile » affirme d’emblée Martine Batt, professeur au laboratoire de psychologie Interpsy (équipe GRC). Ce jardin est prototypique car il répond à des critères de soins, où, en toute sécurité, les patients bénéficient d’un environnement stimulant

  • sur le plan émotionnel car il apporte du plaisir,
  • sur le pan cognitif car la mémoire y est stimulée à chaque pas,
  • sur le plan social car il stimule les conversations entre patients, patients et soignants, patients, soignants et visiteurs en attirant « les familles et la société civile.

De quoi expliquer l’intérêt de délégations étrangères : certains viennent du Japon ou des Etats-Unis pour visiter le jardin prototypique.

Trois thèses de psychologie en cours

Plusieurs thèses de doctorat de troisième cycle sont en cours autour de ce lieu.

Parmi elles, celle de Manon Yzoard, lauréate lorraine du concours Ma thèse en 180 secondes en 2014 (voir la vidéo Avant-Scène recherche), « qui publiera bientôt dans une revue internationale un article qui montre que les œuvres d’art, non seulement ont un effet contemplatif, mais ont aussi un effet cognitif très intéressant pour les personnes qui présentent des troubles de la mémoire » résume Martine Batt.

Une autre thèse de psychologie est en préparation à l’Université de Lorraine, en collaboration avec une équipe de Montréal, « sur l’évaluation de la ‘carte cognitive’ qui permet à chacun de prendre des décisions d’orientation mais qui est troublée dans certaines pathologies comme Alzheimer ».

Enfin, une troisième thèse de psychologie vient de, elle se penche sur le personnel soignant, « les soignants confrontés aux maladies neurodégénératives sont particulièrement sujets au syndrome de burnout. Notre hypothèse est que l’accès à un jardin thérapeutique est aussi bénéfique pour prévenir l’épuisement professionnel. ».

Tous ces travaux ont en commun l’étude des interactions sociales et en particulier langagières comme méthode d’accès aux processus psychiques, raison pour laquelle elles sont dirigées par les Pr Trognon et Pr Batt en collaboration très étroite avec Dr Jonveaux, médecin chef de service hospitalier et docteur en psychologie de l’université de Lorraine  et membre du GRC-InterPsy.

Le fruit du travail d’artisans lorrains

Aux travaux des psychologues s’ajoutent ceux des médecins, et des  ergothérapeutes, orthophoniste, psychomotriciens et de l’ensemble de l’équipe soignante … « L’Université de Lorraine et le CHRU nous donnent un cadre dans lequel travailler en pluridisciplinarité : tout le monde a bien compris que nous avions besoin les uns des autres, au bénéfice des patients, et des avancées scientifiques les plus fondamentales ».

Mais pas question d’occulter le troisième volet de la collaboration : l’artisanat local. Que ce soit les œuvres d’art, le mobilier ou les créations/aspects horticoles /paysagers , tout est le fruit du travail d’artisans lorrains. Au-delà de l’impact socio-économique, ce choix a démontré sa pertinence clinique : « les patients sont originaires de la région : des éléments familiers tels que les pivoines, un vitrail de Saint-Nicolas ou les formes décoratives de l’école de Nancy sont propices à stimuler leurs fonctions cognitives et à entretenir leur bien-être » constate Martine Batt.

Le jardin AlZheimer en images