Ma thèse en 180 secondes : entretien avec Manon Yzoard

 
Publié le 2/06/2014 - Mis à jour le 24/04/2017
Portrait de Manon Yzoard

Manon Yzoard, lauréate pour la Lorraine du concours Ma thèse en 180 secondes, disputera la finale nationale à Lyon le 10 juin 2014. En contrat doctoral avec l’école Stanislas, elle effectue sa thèse, Maladie d’Alzheimer et jardin thérapeutique : étude des effets cognitifs et psycho-comportementaux d’une dimension artistique au sein du laboratoire Interpsy.

Pourquoi avoir participé à Ma thèse en 180 secondes ?

Les occasions sont rares de pouvoir expliquer sa recherche au grand public en faisant attention à son discours, pour être compris de tous. Je me suis dit que ce serait peut-être la première et la dernière fois que je pourrais le faire.
C’est aussi pour moi une manière de remercier tous ceux qui m’accompagnent, que ce soit le laboratoire Interpsy, l’équipe du CHU de Nancy ou l’école doctorale Stanislas.

Comment avez-vous vécu l’exercice ?

C’est vraiment une belle expérience. Je donne des cours, j’ai donc l’habitude de parler en public, mais ça n’a rien à voir … Il y a une mise en scène que nous n’utilisons pas dans nos enseignements. Heureusement, la préparation est très bien organisée. J’ai participé à un atelier où je me suis produite devant le formateur, des comédiens professionnels, et des collègues doctorants. Ils ont corrigé certains défauts, m’ont donné certains trucs d’acteurs pour installer une connivence avec le public, etc.
Et suite aux présélections, une matinée a été organisée avec le jury afin qu’il nous fasse un retour sur notre prestation.

Vous n’avez pas trop le trac pour la finale nationale ?

J’ai vu les prestations des finalistes de Bretagne et d’Alsace, et ils sont quand même très bons (rires).
J’y vais surtout avec le même esprit que pour ma participation à Nancy : le plaisir de présenter ma recherche et de rencontrer d’autres collègues doctorants.
Je suis aussi assez fière de représenter l’école doctorale Stanislas, l’Université de Lorraine, et d’une certaine manière de montrer la vitalité et l’utilité des sciences humaines et sociales.

Sur quoi porte votre thèse ?

Il existe au CHU de Nancy un jardin thérapeutique : le jardin « art, mémoire et vie » du Centre Paul Spillmann, qui accueille en grand nombre des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer. Ce jardin a été initié par la chef de service, le Dr Thérèse Rivasseau Jonveaux et agencé par le Dr Reinhard Fescharek, qui est médecin, mais aussi sculpteur et designer. Ils en ont fait un jardin peuplé d’œuvres d’art. C’est un lieu de balade et de rencontre pour les malades et leurs proches. C’est aussi un lieu de vie : c’est là que se déroule la fête de Pâques avec les familles, des représentations de danse … Récemment, un pianiste y a donné un concert …
Ma thèse consiste à évaluer son action thérapeutique. Elle est inscrite dans le programme de recherche JAZ (Jardin AlZheimer), qui est un programme en partenariat entre le laboratoire Interpsy de l’Université de Lorraine et le CHU.
Ma recherche est basée sur une méthode développée par Alain Trognon, mon directeur de thèse, pour étudier les communications en interaction, en analysant et en classifiant les propos tenus durant des entretiens.
Je rencontre donc un panel de personnes : des personnes saines, des personnes atteintes d’Alzheimer qui n’ont pas la possibilité d’utiliser le jardin ; n’étant pas hospitalisés sur place, et d’autres qui y ont accès régulièrement. J’essaie dans un premier temps de définir leurs gouts esthétiques en leur montrant des photos d’œuvres d’art exposées dans des musées. On se promène ensuite dans le jardin, après quoi je leur montre d’autres planches de photos. Chaque planche est constituée de quatre photos : une représentant une œuvre d’art du jardin ; les autres, retouchées, qui représentent une œuvre semblable insérée sur un arrière plan du jardin. Avec ces deux outils, je peux ainsi évaluer non seulement la capacité de mémorisation, mais aussi la permanence éventuelle du goût esthétique.
Ce travail que j’accompli est vraiment pour moi un travail d’équipe : sans la volonté du Dr Rivasseau Jonveaux, il n’y aurait pas de jardin ; et le Dr Reinhard Fescharek m’apporte son soutien dans le travail de préparation sur la classification des différentes œuvres.

Quelle est la finalité de votre recherche ?

Il s’agit de créer des méthodes d’évaluation de l’action thérapeutique des jardins et de concevoir des critères d’aménagement. La portée de cette étude est aussi plus largement liée à l’introduction de l’art dans l’environnement de vie des personnes atteintes d’Alzheimer. Ce qui peut déboucher, par exemple, sur la création d’ateliers portant sur la contemplation artistique.

Vous pensez déjà à l’après thèse ?

J’envisage une carrière dans la recherche. Et j’aimerais continuer à travailler sur les thérapies non-médicamenteuses.