Le 20 octobre 2021, Pierre Toussenot post-doctorant au CRULH (Centre de recherche universitaire lorrain d'histoire), a reçu le Prix de la Recherche CFDT lors du Conseil national de la confédération.
Ce prix, qui est une aide à la publication, récompense les recherches scientifiques sur l'histoire des syndicats et des mouvements sociaux, sur l'histoire sociale et économique du travail et des travailleurs, sur l'histoire et l'évolution de la pensée politique et économique ou sur l'histoire du droit du travail. Pour Factuel, il revient sur son parcours.
Quel est l'objet de votre recherche ?
Globalement, mes travaux sont axés autour de l’histoire industrielle et sociale et concernent l’industrie lorraine. Dans le cadre de ma thèse, j’ai souhaité étudier la place syndicale de la CFDT dans les conversions de la sidérurgie lorraine, en prenant l’exemple de deux sites industriels : un qui a disparu, les Aciéries de Pompey, un qui est encore en activité, le site de Pont-à-Mousson de Saint-Gobain Canalisations.
L’enjeu était de rendre compte d’une certaine position syndicale originale en faveur de la mutation industrielle de la sidérurgie, de la conversion des sites sidérurgiques et des hommes. J’ai pu ainsi mettre en avant la construction d’une politique industrielle mise en avant par les militants sidérurgistes de la Fédération de la métallurgie de la CFDT. J’ai pu également mettre en exergue les hommes qui ont œuvré pour la conversion industrielle, qu’ils soient militants syndicaux, hommes politiques locaux ou nationaux, à l’image de Jacques Chérèque, qui fut l’artisan de la conversion industrielle en Lorraine tout en l’envisageant du point de vue de l’aménagement du territoire.
Pourquoi avez-vous choisi cette thématique ?
Venant d’un milieu ouvrier, il était important pour moi d’étudier les mondes du travail. Durant mes jeunes années, j’ai travaillé dans l’industrie, à l’usine de Pont-à-Mousson. Je voulais donc connaître cette histoire industrielle régionale. Je pense que c’est une de mes forces, connaître le concret et la théorie autour de l’histoire industrielle. Etant Lorrain, j’ai souhaité rendre compte de cette histoire régionale, d’autant plus que paradoxalement, nous sommes peu à y consacrer nos recherches. Il y avait donc une opportunité scientifique que j’ai saisie, motivé par mon encadrement scientifique.
En ce qui concerne la CFDT, en travaillant le sujet, je me suis rendu compte que peu d’études ont été consacrées à cette organisation dans la région et encore moins au sujet de sa position syndicale dans les conflits de la désindustrialisation à partir des années 1960-1970. Ayant reçu un très bon accueil au sein de la structure syndicale, tant au niveau de la région, qu’au niveau national, j’ai trouvé un bon terrain de travail de recherche.
Que représente ce prix de recherche de la CFDT pour vous ?
C’est une fierté et un accomplissement. J’ai réalisé ma thèse en autofinancement, j’avais tout de même obtenu une bourse de recherche de la part de la Fondation de Wendel, mais j’ai quand même dû travailler dans une entreprise de la grande distribution pour financer mes recherches.
Obtenir ce prix fut une grande joie et une reconnaissance de la part de la CFDT au sujet de mon travail. Lors de ma soutenance de thèse, j’ai été évalué par mes pairs, c’est un passage obligé et cela fait partie du jeu. Mais obtenir ce prix montre que j’ai bien saisi les enjeux de la position de l’organisation syndicale et que je n’ai pas inventé ou mal interprété les sources.
J’ai réalisé cette thèse de façon indépendante, mais ce prix renforce les liens tissés avec la CFDT et permet d’apporter une expertise historique qui peut lui servir à saisir les enjeux d’aujourd’hui ou de demain. Il couronne plusieurs années de travail menées en collaboration avec les archivistes de la CFDT, avec les militants et anciens militants et avec les responsables syndicaux. J’espère que cette collaboration se poursuivra et j’espère également que la publication de ma thèse fera naître de nouvelles recherches ou de nouvelles thèses.
Quels sont vos projets pour la suite ?
Actuellement, je suis en post-doctorat dans le projet Regalor porté par le laboratoire GeoRessources. Je conduis une étude qui compare les expériences de réindustrialisation entre la Lorraine du charbon et la Lorraine du fer des années 1960 aux années 2010. Je souhaite mener à bien cette recherche, pourquoi pas la publier, après avoir publié ma thèse. J’aimerais vraiment poursuivre mes recherches sur l’industrie lorraine, il reste tant de choses à faire !