Détection de Covid-19 dans les eaux usées : publication des données de certaines villes françaises

 
Publié le 27/01/2021 - Mis à jour le 14/04/2023

Le réseau Obépine annonce la libération et la publication des données relatives à la détection de Covid-19 dans les eaux usées de certaines villes françaises. Christophe Gantzer, nouveau directeur du LCPME (CNRS-Université de Lorraine) et membre de ce réseau répond à nos questions.

Factuel : Pouvez-vous nous rappeler les missions du réseau national Obépine ?

Christophe Gantzer : "Le Groupement d’Intérêt Scientifique Obépine (Observatoire épidémiologique dans les eaux usées) a pour objectif de mettre en place une surveillance nationale de la circulation des pathogènes dans la population via les eaux usées. Dans le contexte de la pandémie actuelle liée au SARS-CoV-2, les membres fondateurs d’Obépine dont fait partie le LCPME (UMR 7564 CNRS – Université de Lorraine), ont développé dès mars 2020 des méthodes pour quantifier le SARS-CoV-2 dans les eaux usées, validé ces méthodes par des essais inter-laboratoires et démontré l’intérêt de suivre la concentration du virus dans les eaux usées pour évaluer le niveau de circulation virale dans la population. Grâce au soutien financier initial du CNRS et au déblocage d’urgence de 3,5 M€ du MESRI, Obépine a pu développer une surveillance sur plus de 70 stations d’épuration au niveau national avec pour objectif à court terme d’en avoir 150. Les modèles mathématiques développés par les chercheurs de Sorbonne Université et l’Institut Carnot Smile permet de dégager des tendances sur l’évolution de la concentration dans les eaux usées. Actuellement ces tendances sont publiées pour le grand public pour 34 villes françaises".
 

Factuel : Pourquoi les eaux usées comme indicateur de la charge virale du Covid-19 ?

Christophe Gantzer : "Un pourcentage important des individus infectés excrète du génome de SARS-CoV-2 dans les selles. La concentration virale des eaux usées est donc représentative du niveau de circulation du virus dans la population rattachée au réseau de collecte. Une seule analyse permet d’avoir une information globale de l’ensemble de la population. Il faut néanmoins tempérer cela par le fait que la concentration en virus dans les eaux ne permet pas encore de déterminer le nombre de personnes infectées car l’excrétion virale est variable dans le temps mais aussi pour des personnes asymptomatiques, pré-symptomatiques ou symptomatiques. En revanche, il a été observé que l’augmentation de la concentration en virus dans les eaux usées anticipe l’augmentation du taux d’incidence ou des hospitalisations surtout lorsque ces deux paramètres sont bas. Ce caractère prédictif devient alors très intéressant pour mettre en place des tests individuels sur la population. L’augmentation dans les eaux usées est ensuite clairement en lien avec celle du taux l’incidence."     
 

Factuel : Que va permettre la publication de ces données ?

Christophe Gantzer : "La publication des données va permettre d’avoir un indicateur de surveillance supplémentaire en plus des autres indicateurs épidémiologiques déjà utilisés. Sur les villes surveillées de manière bi-hebdomadaire, cela va permettre de définir si la circulation du virus est élevée ou non par rapport aux données historiques de la ville mais aussi de donner la tendance à la hausse ou à la baisse de la circulation du virus dans la population. Cela va aussi permettre d’identifier rapidement des territoires où le virus circulerait différemment par rapport au reste du territoire national."