Retour sur la visite de Robert Aumann, mathématicien et prix Nobel d'économie

 
Publié le 7/07/2014
Robert Aumann

Né à Francfort en 1930, sa famille fuit l'Allemagne nazie pour s'installer aux Etats Unis. C'est là que Robert Aumann soutient sa thèse de mathématiques consacrée à la théorie des jeux. La rencontre de John Nash a été déterminante dans le choix de poursuivre ses travaux dans le champ des sciences économiques. Robert Aumann reçoit le prix Nobel d'économie en 2005, 11 ans après John Nash.

Le 23 juin 2014 - après son intervention au forum "Economic Ideas" - Robert Aumann était l'invité de la Faculté de Droit de Nancy, du pôle de sciences juridiques politiques, économiques et de gestion (SJPEG) et du Bureau d'économie théorique et appliquée (BETA)Une centaine de personnes ont pu assister à cette rencontre : des économistes bien sûr, mais aussi des enseignants du secondaire, des mathématiciens et des philosophes. Le public a pu échanger durant près d'une heure et demie avec Robert Aumann. Ce dernier est revenu sur ses contributions à ce que l’on appelle aujourd’hui la théorie des jeux à savoir la modélisation mathématiques et économiques des interactions entre individus rationnels.

Je pense que tu penses, que ...

Dans une négociation, chacun agit en anticipant l'action d'autrui. L'hypothèse de common knowledge postule que les anticipations réciproques présentent un degré infini de spécularité. Autrement dit : nous anticipons ce que l'autre anticipera, sachant que lui-même anticipera notre anticipation, et ainsi de suite. Plus largement, c’est le versant normatif de la théorie des jeux que Robert Aumann a très largement développé lors de la conférence afin de savoir quels principes pouvaient présider à des décisions normatives, qu’elles soient légales, religieuses ou morales.

Cet échange a été également l’occasion pour Robert Aumann de revenir sur l’articulation entre les travaux de sciences pures – qui ne présentent pas immédiatement d’application concrète – et ses travaux appliqués : lorsqu’il faisait ses études, il a mené des travaux de théorie mathématique pure. 50 ans plus tard, des chercheurs en biologie ont recouru à certains de ses résultats dans le cadre de l'étude de la structure de l'ADN. Au-delà du débat philosophique, c'est la preuve que toute recherche scientifique - même la plus fondamentale - peut un jour se révéler nécessaire pour comprendre et expliquer le monde. Un exemple qui doit faire réfléchir !